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Honduras: prise de fonction de “JOH”, l’opposition dans la rue

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Honduras: prise de fonction de “JOH”, l’opposition dans la rue

Le président hondurien Juan Orlando Hernandez, dit “JOH”, doit prêter serment samedi matin au milieu des protestations de l’opposition qui conteste sa réélection et dénonce des “fraudes”.

Des centaines de personnes défilaient vendredi dans la capitale, dans une ambiance tendue: les forces de l’ordre ont lancé des gaz lacrymogènes contre les manifestants.

“Nous nous dirigeons vers une insurrection dans ce pays”, a déclaré Manuel Zelaya, l’ancien président renversé en 2009, coordinateur de l’opposition. “Nous sommes disposés à lutter pour faire respecter la volonté populaire”, a-t-il ajouté.

Dans un grand concert de klaxons et de “vuvuzelas”, les manifestants, à bord de centaines de voitures, scandaient “JOH Dehors”.

De son côté le président réélu Hernandez, 49 ans, membre du Parti national (PN, droite), a répondu à ces manifestations par un appel à l’unité du pays. “Aujourd’hui plus que jamais, nous devons travailler pour tous les Honduriens, sous un seul drapeau”, a-t-il déclaré.

“JOH” doit entamer son second mandat à la tête du pays dans un climat de confrontation avec l’Alliance d’opposition à la dictature, une coalition de gauche, qui l’accuse d’instaurer une “dictature militaire”.

La cérémonie d’investiture, où aucun président étranger n’est attendu, doit débuter vers 9H00 locales (15H00 GMT).

L’opposition, dirigée par l’ex-chef de l’Etat Manuel Zelaya, chassé du pouvoir en 2009 par un coup d’Etat, entend empêcher la prise de fonction du président Hernandez, un proche allié de Washington. Elle clame la victoire à la présidentielle de son candidat Salvador Nasralla, un populaire animateur de télévision sans expérience politique âgé de 64 ans.

Le Tribunal suprême électoral (TSE), accusé par l’opposition de recevoir ses ordres du pouvoir, a validé le 22 décembre la victoire de M. Hernandez avec 42,95% des voix, contre 41,42% pour M. Nasralla, près d’un mois après le scrutin du 26 décembre et au milieu d’une campagne de manifestations et de troubles parfois violents.

Quelques heures après le scrutin, lors de la publication de résultats partiels portant sur 57% des bulletins, M. Nasralla était apparu avec une nette avance sur son adversaire. Mais M. Hernandez avait repris l’avantage après une série d’interruptions dans le système de comptage du TSE.

Ce revirement de situation avait déclenché une vague de manifestations des adversaires du président à travers le pays, un des plus pauvres du continent. Plus de 60% des 8,7 millions de Honduriens vivent dans la pauvreté.

– Ville quadrillée –

Durant plusieurs semaines, les opposants ont bloqué les rues, incendié des barricades de détritus et de pneus et affronté les forces de l’ordre. Selon des organisations de défense des droits de l’homme, plus de 30 personnes ont été tuées et plus de 800 arrêtées au cours de la répression des manifestations par la police et par l’armée.

Samedi pour la cérémonie, la capitale du Honduras, Tegucigalpa, sera quadrillée par des hommes en uniforme.

Vendredi, une commission du gouvernement a annoncé l’ouverture d’une enquête contre le chef de la police, récemment nommé par le président, après des révélations de l’agence AP assurant que José David Aguilar Moran avait collaboré avec des cartels de la drogue en 2013 pour transporter des stupéfiants aux Etats-Unis.

La crise au Honduras est vue avec inquiétude par les pays du “triangle nord” d’Amérique centrale (Salvador, Honduras, Guatemala), frappé par la violence des gangs et le trafic de drogue, selon des analystes.

Le politologue guatémaltèque Renso Rosal estime que le détonateur de la crise “a été l’action inconstitutionnelle en vue de la réélection d’Hernandez”. M. Hernandez s’était représenté en vertu d’une décision controversée du Tribunal constitutionnel, alors que la Constitution ne prévoit pas cette possibilité.

“Le Honduras traverse une crise politique qui n’est pas perçue, par l’Organisation des Etats américains (OEA) et Washington, de la même manière que la crise vénézuélienne. Le gouvernement hondurien présente des signes de dictature”, assure le politologue et professeur salvadorien Juan Ramon Medrano.

Washington avait félicité en décembre M. Hernandez pour sa victoire, conduisant Salvador Nasralla à annoncer dans un premier temps son retrait de la politique et la fin de la coalition d’opposition, avant de repartir à l’offensive en demandant, avec Manuel Zelaya, l’annulation de l’élection.

M. Medrano a mis en garde sur le fait qu'”il y a une opposition forte et assez organisée qui continue à occuper la rue”, et que cela pouvait “conduire le Honduras à une sorte de guerre civile”.

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