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Hong Kong : échauffourées et récession pour Halloween

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Hong Kong : échauffourées et récession pour Halloween

Des échauffourées ont opposé jeudi soir à Hong Kong policiers et manifestants pro-démocratie défilant pour Halloween avec des masques tournant en dérision l’exécutif local, qui vient d’annoncer que le territoire est entré en récession.

Les forums en ligne coordonnant le mouvement de protestation sans véritable leader ont encouragé les manifestants à porter des masques sur le thème de Halloween, une fête très populaire dans l’ex-colonie britannique, malgré les avertissements de la police annonçant qu’elle les forcerait à les retirer au nom de l’interdiction qui leur est faite de se dissimuler le visage.

Une multitude de petits rassemblements se sont donc déroulés alors que l’ex-colonie britannique traverse depuis juin sa pire crise politique depuis sa rétrocession à Pékin en 1997 avec des manifestations et actions quasi quotidiennes pour dénoncer le recul des libertés et les ingérences grandissantes de la Chine dans les affaires de la région semi-autonome.

Hong Kong est entré en récession au troisième trimestre, pour la première fois depuis la crise financière de 2008. Le PIB de la région semi-autonome a reculé de 3,2% au troisième trimestre, dans la foulée d’un repli de 0,4% lors des trois mois précédents.

Au parc Victoria, une centaine de manifestants, pour beaucoup masqués, se sont rassemblés pour défiler en direction d’un quartier populaire de boîtes de nuit.

– Joker –

Yan Lee, une comptable quinquagénaire, portait ainsi un masque combinant le visage de la secrétaire à la Justice Theresa Cheng et celui de Maléfique, la méchante du film éponyme de Disney. “Depuis des mois, elle ne fait rien pour Hong Kong à part défendre les autorités”, explique-t-elle à l’AFP.

Une autre manifestante, se présentant sous le nom de Loo, avait maquillé son visage à l’image du Joker, l’ennemi de Batman.

De l’autre côté du port, dans le quartier de Prince Edward, l’ambiance était plus tendue avec des tirs de gaz lacrymogène par la police, qui prenait en chasse les manifestants marquant les deux mois depuis que la police avait été filmée en train de tabasser des leurs à la station de métro Prince Edward.

Voilà cinq mois que les manifestants ont pris l’habitude de défiler le visage masqué, notamment pour ne pas être reconnus et se prémunir de future poursuites judiciaires. Mais début octobre, la cheffe de l’exécutif Carrie Lam, qui est désignée par un comité acquis à Pékin, a décidé d’interdire les masques.

– Fantômes –

Loin d’être respectée, la mesure a mis le feu aux poudres en provoquant des manifestations encore plus violentes, avec notamment des actes de vandalisme contre les entreprises accusées de faire le jeu de l’exécutif hongkongais et de Pékin.

Les manifestants ont fait circuler sur les réseaux sociaux des masques à imprimer pour Halloween. L’un présentait le visage de Mme Lam sous les traits du Joker. Un autre mêlait les visages de Xi Jinping et Winnie l’ourson, personnage de dessin animé banni en Chine depuis que des internautes ont pointé une ressemblance avec l’homme fort de Pékin.

Apple Daily, le journal le plus proche des manifestants, a imprimé en une un masque à découper représentant un policier sous un titre expliquant que les agents étaient “plus effrayants que les fantômes”.

Une source policière a indiqué à l’AFP que les effectifs de la police seraient renforcés dans le quartier de Lan Kwai Fong, très prisé des noctambules et où se déroule traditionnellement la plus grande fête de Halloween.

– “Autoritarisme” –

Cette source a précisé que les policiers demanderaient aux personnes portant des masques ou du maquillage de le retirer s’ils sont soupçonnés être des manifestants.

Hasard du calendrier, c’est également jeudi que la Haute cour commence à examiner deux recours contre l’interdiction du port du masque.

Le premier, formé par des étudiants, met en cause sa constitutionnalité. Mais le second, déposé par des députés de l’opposition parlementaire proche des manifestants, est beaucoup plus large.

Il dénonce la loi d’urgence que Mme Lam avait invoquée début octobre, qui date de 1922, une époque où Hong Kong était une colonie britannique, et dont les dispositions n’avaient plus été utilisées depuis les émeutes de 1967.

“C’est un duel entre l’Etat de droit et l’autoritarisme”, a déclaré jeudi aux journalistes le député Dennis Kwok.

La loi d’urgence autorise l’exécutif à prendre “n’importe quelle mesure”, sans feu vert du corps législatif, dans l’éventualité d’une situation d’urgence ou d’un danger pour la population.

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