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Inculpée d’escroquerie, une ex-étoile montante de la Silicon Valley risque 20 ans de prison

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Inculpée d’escroquerie, une ex-étoile montante de la Silicon Valley risque 20 ans de prison

Elle prétendait révolutionner les analyses sanguines avec sa start-up Theranos: Elizabeth Holmes, ex-étoile montante de la Silicon Valley, risque aujourd’hui vingt ans de prison pour escroquerie, une affaire qui sonne comme une leçon pour le secteur américain des hautes technologies.

Mme Holmes, 34 ans, ainsi que son ancien bras droit Ramesh Balwani, 53 ans, ont été inculpés par un grand jury pour une vaste escroquerie organisée et sophistiquée, aux dépens d’investisseurs, de médecins et de patients, ont annoncé vendredi les services du procureur fédéral pour la Californie du Nord, Alex Tse.

En lançant Theranos en 2003, à 19 ans, Elizabeth Holmes, combative et charismatique, promettait des diagnostics plus rapides et moins chers que ceux des laboratoires traditionnels, grâce à des méthodes présentées comme révolutionnaires, permettant jusqu’à 200 analyses avec une toute petite quantité de sang.

– Poches pleines –

Mais une série d’articles fin 2015 dans le Wall Street Journal avait commencé à semer le doute.

Le ministère de la Santé s’était ensuite saisi de l’affaire, vue par beaucoup aujourd’hui comme une leçon pour la Silicon Valley, qui fourmille de start-ups cherchant des financements et d’investisseurs aux poches pleines, avides de parier sur des entreprises qui se présentent toutes comme révolutionnaires.

En réalité, a affirmé la justice américaine vendredi, les deux protagonistes savaient que leur système “avait des problèmes de fiabilité, ne permettait de faire qu’un nombre limité de tests et était plus lent que d’autres systèmes” sur le marché.

L’escroquerie est évaluée à “plusieurs millions de dollars”. Mme Holmes et M. Balwani risquent jusqu’à 20 ans de prison et de très lourdes amendes.

Selon l’acte d’accusation, des centaines de patients ou leurs assurances ont payé des tests sanguins, parfois après que des médecins, trompés eux aussi, leur eurent recommandé Theranos, basée à Palo Alto, en plein c?ur de la Silicon Valley.

“De plus, (ils) ont délivré aux médecins et aux patients des résultats de tests qui étaient inexacts”, poursuivent les autorités fédérales, qui ajoutent qu’une grande partie des tests était réalisée grâce à d’autres systèmes disponibles dans le commerce.

“Petits comme gros investisseurs du monde entier sont attirés par la Silicon Valley grâce à son histoire, ses talents et ses promesses. Ils sont aussi attirés par le fait que derrière l’innovation et l’esprit d’entreprise, il y a des règles qui exigent l’honnêteté, le fair-play et la transparence”, pointe Alex Tse, qui promet de poursuivre tous “ceux qui ne respectent pas les règles qui font marcher la Silicon Valley”.

Un peu plus tôt vendredi, Theranos avait annoncé qu’Elizabeth Holmes quittait ses fonctions de directrice générale (CEO), tout en restant à la tête du conseil d’administration.

Cette inculpation est le dernier épisode en date de la descente aux enfers de Mme Holmes, que certains comparaient à Steve Jobs, le défunt patron-fondateur d’Apple, avec lequel elle partage le goût des pulls noirs à col roulé.

– “Mensonge pathologique” –

Mi-mars, le gendarme de la Bourse américain, la SEC, avait déjà accusé Mme Holmes et M. Balwani d’escroquerie. Selon la SEC, ils avaient réussi à lever 700 millions de dollars, en exagérant ou en mentant sur leur produit et leurs prévisions financières.

Aux termes d’un accord à l’amiable, Mme Holmes s’engageait notamment à payer une amende de 500.000 dollars et à céder le contrôle financier de l’entreprise.

Elle soldait ainsi le volet purement financier du dossier mais pas les poursuites pénales.

La chute d’Elizabeth Holmes, jeune femme blonde à l’esprit brillant, est d’autant plus marquante qu’elle figura en 2015 sur la liste des 100 personnalités les plus influentes du magazine Time.

Sa fortune était en 2014 évaluée à 3,6 milliards de dollars par Forbes, faisant d’elle la plus jeune milliardaire n’ayant pas hérité de sa fortune.

La start-up était encore valorisée à près de 10 milliards de dollars en 2014.

Sur la sellette depuis plus de deux ans, Theranos a fermé progressivement plusieurs laboratoires et licencié des centaines de salariés.

Malgré ce scandale, Elizabeth Holmes tenterait de nouveau de séduire des investisseurs pour monter une nouvelle société, selon le journaliste John Carreyrou, qui avait mis au jour le scandale dans le Wall Street Journal et sorti en mai un livre sur cette affaire.

“Je pense qu’elle a des tendances sociopathes. Parmi ces tendances, il y a le mensonge pathologique”, disait-il dans une interview récente à Vanity Fair.

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