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Indonésie: pressions pour interdire l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage

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Indonésie: pressions pour interdire l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage

Les pressions sont fortes en Indonésie pour interdire l’homosexualité et les relations sexuelles hors mariage dans le cadre d’un durcissement du code pénal, influencé par une vague de fondamentalisme religieux dans le pays musulman le plus peuplé au monde.

Les changements proposés, qui limitent aussi l’usage de préservatifs et criminalisent l’adultère, bénéficient d’un soutien sans précédent à un peu plus d’un an de l’élection présidentielle dans l’archipel d’Asie du Sud-Est, alors que d’autres tentatives en ce sens avaient auparavant échoué.

Le Parlement examine actuellement les derniers articles du nouveau code soutenu par les principaux partis politiques, qui devrait être soumis au vote dans les prochains mois.

Si elles sont adoptées, ces modifications impacteront de nombreux Indonésiens, parmi lesquels la petite communauté LGBT (lesbien, gay, bisexuel, transsexuel) déjà victime de discriminations.

“Pour certains hommes politiques, il s’agit d’une opportunité pour satisfaire aux exigences de la base attachée à la religion”, explique l’analyste politique Yuventius Nicky.

“Il y a une supposée menace sur la moralité qui est étrange” dans ce pays dont près de 90% des habitants sont musulmans, ajoute-t-il.

Depuis quelque temps, des ministres, des conservateurs et des groupes islamistes se livrent publiquement à des propos homophobes, tandis que la police a fréquemment recours aux strictes lois anti-pornographie pour réprimer des membres de la communauté LGBT.

En janvier, le géant américain du numérique Google a retiré de ses boutiques en ligne en Indonésie l’une des applications de rencontres pour homosexuels les plus utilisées au monde, à la demande des autorités locales.

Cette semaine, le président du Parlement, Bambang Soesatyo, a appelé à prendre des mesures sévères contre les “excès” de la communauté LGBT. Le ministre de la Santé a récemment annoncé la publication d’un guide médical classant l’homosexualité comme un “trouble mental”.

L’homosexualité est légale en Indonésie, sauf dans la province semi-autonome d’Aceh, qui applique la loi islamique (charia).

– “Discours haineux” –

Le haut commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, Zeid Ra’ad Al Hussein, a critiqué cette semaine certains changements préconisés par le nouveau code pénal et l’offensive contre la communauté LGBT lors d’une rencontre avec le président indonésien, Joko Widodo.

“Le discours haineux contre cette communauté, qui est semble-t-il utilisé cyniquement à des fins politiques, ne va qu’aggraver ses souffrances et créer des divisions inutiles. Toute mesure discriminatoire (dans le nouveau code, ndlr) doit être retirée”, a déclaré M. Hussein.

La dernière mouture du nouveau code pénal prévoit une peine de cinq ans de prison pour des rapports sexuels hors mariage, faisant naître des craintes pour les homosexuels interdits de mariage dans le pays et redoutant les mêmes sanctions.

Parmi les autres dispositions figurent des peines réprimant “la présentation ou l’offre de contraceptifs sans autorisation”.

Fin janvier, la police d’Aceh a interpellé des femmes transgenres, leur a coupé les cheveux de force et les a contraintes à mettre des habits d’hommes.

Nombre d’articles du nouveau code pénal en préparation inquiètent les défenseurs des droits humains.

Un récent sondage indique que près de 90% des Indonésiens se sentent “menacés” par la communauté LBGT.

“Si ces lois sont adoptées, cela donnerait (à la police) des raisons légitimes ou une base pour mener ce genre d’opérations”, a indiqué l’avocat et défenseur des droits de l’homme, Ricky Gunawan, en référence aux initiatives humiliantes à Aceh.

Selon des observateurs, l’objectif ultime de ces mesures est d’étendre au pays entier les loi déjà en vigueur à Aceh, où l’homosexualité est interdite de même que les jeux d’argent, et où la consommation d’alcool et les relations sexuelles hors mariage sont sanctionnées par des coups de bâton en public.

Alors que les travaux des parlementaires sur le nouveau code pénal touchent à leur fin, des défenseurs des droits de l’homme ont lancé une pétition qui a recueilli jusqu’ici 57.000 signatures contre les nouvelles dispositions controversées.

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