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Japon: le parti au pouvoir élit un nouveau chef, futur Premier ministre

Le modéré Fumio Kishida était en tête d’une voix à l’issue du premier tour de l’élection du nouveau dirigeant du parti au pouvoir au Japon mercredi, un deuxième tour dans la foulée devant déterminer le vainqueur, qui deviendra de fait Premier ministre.

M. Kishida, ancien ministre des Affaires étrangères âgé de 64 ans, a obtenu 256 voix sur 762 au premier tour et sera opposé lors de ce duel final à Taro Kono, 58 ans, le “Monsieur vaccination” du gouvernement sortant et l’une des figures politiques les plus connues de l’archipel, arrivé juste derrière avec 255 voix.

L’actuel Premier ministre Yoshihide Suga, impopulaire dans l’opinion après un an à la tête du pays, avait décidé de ne pas se présenter à ce scrutin du Parti libéral-démocrate (PLD, droite conservatrice), qui domine la vie politique japonaise depuis 1955.

Le candidat qui s’imposera mercredi sera désigné Premier ministre à l’issue d’un vote le 4 octobre au Parlement, dominé par le PLD, et mènera son parti à la bataille des élections législatives devant avoir lieu d’ici novembre et pour laquelle il part favori.

L’élection interne du PLD est cette fois exceptionnellement serrée, notamment car la plupart des puissantes factions du parti n’ont pas donné de consigne de vote à leurs membres.

Deux femmes figuraient parmi les quatre personnalités en lice au départ, fait inhabituel dans un pays qui n’a jamais eu de femme Premier ministre et qui compte peu de personnalités politiques féminines de premier plan.

L’ultra-nationaliste Sanae Takaichi, 60 ans, a terminé troisième à l’issue du premier tour avec 188 voix, et l’ancienne ministre Seiko Noda, 61 ans et connue pour ses positions féministes, en dernière position avec 63 voix.

Si le premier tour accordait le même nombre de voix aux parlementaires du PLD et à la base du parti, les élus à la Diète nippone disposeront au second tour de 382 voix, contre seulement une voix pour chacune des antennes du PLD dans les 47 départements du Japon.

Ce mode de scrutin favorise largement M. Kishida, qui a obtenu nettement plus de voix des parlementaires que M. Kono au premier tour.

– Kishida ou Kono: deux styles différents –

Fumio Kishida, ministre des Affaires étrangères de 2012 à 2017, a promis de renforcer les mesures de relance économique liées à la pandémie s’il est élu. M. Kishida a cherché à tirer parti du mécontentement de l’opinion publique à l’égard de la gestion de la crise sanitaire qui a fait chuter la cote de popularité du gouvernement Suga.

Il a mis en avant ses qualités d’écoute et a invité les Japonais à lui faire part de leurs demandes et de leurs idées.

M. Kono, ancien ministre de la Défense et des Affaires étrangères, est plus populaire dans l’opinion publique, et considéré depuis des années comme un candidat probable au poste suprême.

Actif sur les réseaux sociaux, il privilégie un style de communication direct en rupture avec l’approche prudente souvent privilégiée par les politiciens japonais. Mais il a également été critiqué pour sa tendance à bloquer les voix trop critiques via son compte Twitter (où il a plus de deux millions d’abonnés) et pour avoir intimidé des fonctionnaires, selon des tabloïds.

Récemment, il a occupé le poste de ministre de la Réforme administrative et s’est démené pour mettre au rebut les télécopieurs et les tampons (“hanko”) qui sont toujours au cœur de la bureaucratie japonaise. Il a promis d’accélérer la numérisation et de faire avancer les engagements du Japon en matière de changement climatique.

Quel que soit le vainqueur, il devra faire face à une pléthore de défis, de la conduite d’une reprise économique post-pandémique aux menaces que représentent la Corée du Nord et la Chine.

Ni M. Kishida ni M. Kono ne devraient modifier radicalement la politique étrangère, économique ou militaire du Japon, bien que les deux hommes aient des points de vue différents sur des questions de société.

M. Kono est favorable à l’autorisation pour les couples mariés de porter des noms de famille différents, ainsi qu’à la légalisation du mariage homosexuel. M. Kishida s’est montré plus prudent sur ces deux sujets.