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Japon: les législatives anticipées se joueront entre Abe et Koike

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Japon: les législatives anticipées se joueront entre Abe et Koike

La chambre basse du Parlement japonais a officiellement été dissoute jeudi sur décision du Premier ministre de droite Shinzo Abe qui provoque ainsi des élections anticipées dans lesquelles son parti va devoir affronter celui de la gouverneure de Tokyo, Yuriko Koike.

“En vertu de l’article sept de la Constitution, la Chambre basse est dissoute”, a déclaré le président de cette assemblée en session plénière.

“Banzaï, banzaï, banzaï” (longue vie à l’empereur), ont hurlé les députés en levant les bras au ciel, puis ils ont déserté l’hémicycle où devait s’ouvrir le même jour une session parlementaire extraordinaire.

Le scrutin aura lieu le 22 octobre, la campagne débutant officiellement le 10.

“Un difficile combat commence aujourd’hui”, a déclamé devant ses troupes M. Abe. “Nous devons résoudre le problème des missiles et du programme nucléaire nord-coréen et avons la responsabilité d’embellir la vie des citoyens”.

Le Premier ministre a accéléré le calendrier électoral dans le but de couper l’herbe sous le pied de Mme Koike, mais, rompue aux tactiques du monde politique, cette dernière avait déjà fourbi ses armes.

Elle a annoncé lundi la création du Parti de l’Espoir et en a pris la direction. Elle fait aussi voler en éclats le Parti Démocrate, formation de centre gauche qui, bien que très affaiblie, était jusqu’à présent la figure de proue de l’opposition.

Le président de ce parti, Seiji Maehara, a expliqué jeudi que la formation n’investirait pas de candidats en son nom et les laissait de ce fait libres de concourir pour le Parti de l’Espoir.

“C’est une décision politique lourde de M. Maehara”, a commenté Mme Koike.

“Même s’il ne s’agit pas d’une fusion entre le Parti Démocrate et le Parti de l’Espoir, on peut imaginer que les membres du premier qui, individuellement, partagent la politique du Parti de l’Espoir, particulièrement en matière de sécurité et de défense, se présentent sous ses couleurs”, a commenté Mineyuki Fukuda, ex-député du Parti libéral-démocrate (PLD) de M. Abe et cofondateur du Parti de l’Espoir.

La gouverneure de Tokyo avait déjà réussi à infliger une sévère défaite au PLD au moment du récent renouvellement de l’assemblée de Tokyo.

– TVA, nucléaire et Constitution –

“Dissolution égoïste”, “dissolution de camouflage de scandales”, divers surnoms sont donnés par l’opposition à cette décision prise soudainement par M. Abe.

L’intéressé la justifie par la nécessité de faire approuver ses orientations économiques, notamment sur l’emploi de l’argent issu d’une hausse programmée de TVA ou encore sur la fermeté à l’égard de la Corée du Nord menaçante.

M. Abe avait déjà agi de la sorte en décembre 2014, pour obtenir le plébiscite sur sa politique de relance, “abenomics”, profitant alors de la déliquescence de l’opposition.

“M. Abe a réussi depuis à conserver son soutien en raison de conditions économiques relativement favorables, d’un manque de rivaux crédibles et, plus récemment, grâce à sa position envers la Corée du Nord. Le principal risque aujourd’hui est celui d’un fort mouvement en faveur du nouveau Parti de l’Espoir, qui pourrait canaliser les électeurs mécontents et amoindrir les chances d’Abe de rester en place au-delà de 2018”, échéance de son mandat à la tête du PLD, explique dans une note BMI Research.

“Il est fort possible que la coalition formée par le PLD et son allié centriste Komeito perde la majorité des deux tiers” qu’elle détenait dans l’assemblée dissoute, estime BMI.

Mme Koike est en tout cas bien décidée à établir une différence nette sur plusieurs points érigés par M. Abe comme thèmes de campagne.

“Quand on prend part à une élection, ce n’est pas dans le but de rester dans l’opposition”, a-t-elle insisté jeudi lors d’une conférence de presse.

Elle voudrait geler la hausse de la taxe sur la consommation que M. Abe a juré de réaliser en octobre 2019, après un “dernier report”. Elle veut en finir avec l’énergie nucléaire, alors que M. Abe est déterminé à relancer les tranches jugées sûres. Un point les rapproche cependant: la volonté de discuter d’une réforme de la Constitution écrite par les Américains après la guerre et qui, depuis son entrée en vigueur il y a 70 ans, n’a pas été retouchée une seule fois.

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