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Jérusalem mobilise la rue et la diplomatie

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Jérusalem mobilise la rue et la diplomatie

Des manifestations ont eu lieu lundi au Moyen-Orient pour la cinquième journée consécutive contre la reconnaissance américaine de Jérusalem comme capitale d’Israël, un sujet qui continuait à occuper l’agenda diplomatique.

Le président russe Vladimir Poutine a critiqué le caractère “déstabilisateur” de la décision de son homologue Donald Trump, lors d’une visite au Caire, où le président palestinien Mahmoud Abbas, furieux de l’initiative américaine, était reçu en fin d’après-midi par le président Abdel Fattah Al-Sissi.

A Beyrouth, plusieurs milliers de partisans du Hezbollah ont défilé dans le sud de la capitale libanaise, bastion du puissant mouvement chiite, allié de l’Iran et ennemi d’Israël et qui se veut l’un des champions de la cause palestinienne. “Jérusalem est à nous”, proclamaient de nombreuses pancartes.

A Téhéran, quelques centaines de conservateurs ont brûlé des portraits de Donald Trump et des drapeaux américain et israélien.

Dans les Territoires palestiniens, des dizaines de jeunes, le visage ceint du foulard traditionnel pour beaucoup, ont incendié des pneus et lancé des pierres sur les soldats israéliens à la sortie de Ramallah, en Cisjordanie occupée.

Les soldats israéliens ont riposté à coups de gaz lacrymogènes, de projectiles en caoutchouc et, sporadiquement, à balles réelles. Plusieurs jeunes ont été blessés, selon des photographes de l’AFP.

“Nous sommes ici pour protester contre la décision de Trump et pour dire que Jérusalem est, et restera, notre capitale, et que nous y resterons pour la défendre”, a déclaré un homme portant une cagoule.

– Mesures ‘déstabilisatrices’ –

Les heurts avec les soldats israéliens ont fait 27 blessés, atteints par des projectiles en caoutchouc ou des balles réelles en Cisjordanie et dans la bande de Gaza, a rapporté le Croissant-Rouge.

Mais la protestation, qui a coûté la vie à quatre Palestiniens et fait des centaines de blessés depuis jeudi, donnait des signes d’essoufflement.

En reconnaissant unilatéralement le 6 décembre Jérusalem comme la capitale d’Israël, M. Trump a déclenché des manifestations quotidiennes dans le monde musulman, la colère des dirigeants palestiniens et une réprobation quasiment unanime de la communauté internationale, toujours préoccupée lundi des retombées dans une région en plein tumulte.

“Nous considérons que ces mesures sont déstabilisatrices, elles n’aident pas la résolution de la situation mais au contraire, elles provoquent le conflit”, a dit le président russe au Caire.

“La pire chose qui puisse se produire maintenant, c’est une escalade des tensions, de la violence”, avait dit plus tôt la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Federica Mogherini, en recevant à Bruxelles le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.

Elle a répété la position européenne selon laquelle la solution dite à deux Etats, c’est-à-dire la création d’un Etat palestinien coexistant avec Israël, chacun ayant Jérusalem pour capitale, restait la seule valable pour résoudre le conflit israélo-palestinien.

Depuis la création d’Israël en 1948, la communauté internationale s’est gardée de reconnaître Jérusalem comme capitale. Elle considère que son statut doit être négocié.

La décision de M. Trump fait redouter des réactions incontrôlables tant Jérusalem, avec ses lieux saints pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, est un sujet passionnel.

Les Palestiniens représentent environ un tiers d’une population de 882.000 personnes, mais demeurent majoritaires à Jérusalem-Est, annexée par Israël. L’ONU n’a jamais reconnu cette annexion.

M. Netanyahu a répété que M. Trump n’avait fait qu’acter une réalité.

“Jérusalem est la capitale d’Israël, personne ne peut le nier”, a-t-il dit. Ce qu’a fait le président Trump “traduit carrément les faits”, et tous les pays européens emboîteront le pas, a-t-il assuré.

– Rencontre Erdogan-Poutine –

“Il peut garder ses attentes pour d’autres, parce que du côté des Etats membres de l’Union européenne, ce geste ne viendra pas”, a vertement répliqué Mme Mogherini.

Les dirigeants palestiniens cherchent, eux, à rallier la communauté internationale et le monde arabe.

Pour eux, M. Trump, affichant un parti pris outrancièrement pro-israélien, préempte ce qui devrait relever de la négociation.

Les Palestiniens revendiquent Jérusalem-Est comme la capitale de l’Etat auquel ils aspirent.

“Ce qu’il faut maintenant, ce sont des décisions palestiniennes et arabes audacieuses”, a dit Nabil Abou Roudeina, le porte-parole du président palestinien avant la rencontre de ce dernier avec le président égyptien.

L’Egypte est le premier – et l’un des deux seuls à ce jour – pays arabe à avoir fait la paix avec Israël.

La décision de M. Trump a aussi glacé les relations entre Israël et la Turquie. Le président turc Recep Tayyip Erdogan, qui tente de s’imposer comme le héraut de la cause palestinienne, devait recevoir ce lundi le président russe, deux jours avant la tenue en Turquie d’un sommet de l’Organisation de la coopération islamique au sujet de Jérusalem.

M. Erdogan a poursuivi ses diatribes contre Israël qui ne pourra jamais laver ses “mains du sang dont elles sont trempées”. En reconnaissant Jérusalem comme la capitale d’Israël, les Etats-Unis “sont devenus complices dans l’effusion de sang”, a-t-il dit.

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