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Joe Biden, le vieux lion démocrate

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Joe Biden, le vieux lion démocrate

La troisième tentative fut la bonne: Joe Biden, vieux routier de la politique américaine, portera en novembre les couleurs démocrates dans la course à la Maison Blanche.

Connu pour son large sourire, ses lunettes Aviator, une dignité dans l’adversité qui force l’admiration, mais aussi ses innombrables gaffes et ses trous de mémoire, Joe Biden marque les esprits par sa ténacité.

Après avoir échoué en 1988 et 2008, puis hésité en 2016, l’ancien vice-président de Barack Obama décroche enfin, à 77 ans, le droit de participer à un scrutin présidentiel.

Celui qui a débuté sa carrière politique au Sénat il y a près d’un demi-siècle s’apprête à affronter Donald Trump, catapulté au pouvoir il y a trois ans sans jamais avoir été élu auparavant.

Les drames personnels qu’il a traversés ont façonné cet homme au ton chaleureux, rassurant selon ses partisans. Ses douleurs et ses doutes, qu’il n’hésite pas à partager en public sur le ton de la confidence, font partie intégrante de son parcours politique.

Se présentant en rassembleur, ce “lion de l’histoire américaine”, selon les termes de Barack Obama, martèle sans relâche depuis son entrée en lice, en avril 2019, qu’il battra Donald Trump “à plate couture”.

Sauf que ses deux premières cuisantes défaites dans les primaires avaient fissuré cette image de vainqueur qu’il espérait projeter.

Le retrait du sénateur du Vermont Bernie Sanders, qui l’avait — un temps — doublé sur sa gauche, lui permet de signer l’un des retours les plus spectaculaires de l’histoire politique américaine.

Fort du ralliement de nombreux ex-candidats modérés, il a démontré qu’il pouvait aussi bien convaincre les électeurs démocrates noirs que des ouvriers et des femmes.

Trois groupes d’Américains ayant joué un rôle clé dans la victoire de Donald Trump en 2016, certains en s’abstenant, d’autres en décidant de tourner le dos aux démocrates.

Après plus de 35 ans comme sénateur et huit ans comme bras droit de Barack Obama, Joe Biden devra encore s’expliquer sur de nombreux chapitres de son bilan et faire taire les interrogations sur son état de santé.

Il sera à n’en pas douter la cible des piques des républicains, qui dénoncent son manque de discernement. L’entrée de son fils Hunter au conseil d’administration d’une compagnie gazière ukrainienne lorsqu’il était vice-président devrait resurgir avec force pendant la campagne.

Le septuagénaire pourrait aussi être confronté à des interrogations sur son approche “tactile”. S’il a assuré être “désolé d’avoir envahi” l’espace de femmes gênées par ses marques d’affection, il a aussi fermement défendu sa proximité avec les électeurs.

– “Le mari de Jill Biden” –

Fier de ses origines, Joseph Robinette Biden est né le 20 novembre 1942 dans la ville ouvrière de Scranton, en Pennsylvanie. Son père était vendeur de voitures.

Un mois seulement après avoir décroché son premier mandat de sénateur dans l’Etat du Delaware, en 1972, à tout juste 30 ans, il perd sa femme Neilia et leur petite fille Naomi dans un accident de voiture.

Joe Biden décide de prendre quand même ses fonctions à Washington, tout en s’occupant de ses deux fils blessés, Beau et Hunter.

Il se remarie en 1977 à Jill. Cette enseignante est depuis des décennies un visage familier dans le paysage politique, rendu célèbre par ses huit ans passées aux côtés des Obama à la Maison Blanche.

“Je m’appelle Joe Biden et je suis le mari de Jill Biden”, aime à plaisanter le candidat en prenant place au pupitre sur les estrades de campagne.

Jill Biden avait interrompu sa carrière après avoir accouché de leur fille, Ashley, en 1981, mais a ensuite repris les études pour décrocher un doctorat en éducation. Elle enseigne toujours dans une université.

Un nouveau drame a frappé l’ancien sénateur en 2015, quand son aîné Beau, devenu procureur général du Delaware, fut emporté par un cancer au cerveau.

Affublé par Donald Trump du surnom moqueur de “Joe l’endormi”, Biden devra démontrer dans les mois qui viennent sa combativité, mais pourra s’appuyer sur une image solidement ancrée, reflétée dans les sondages, d’homme “digne de confiance”.

En prononçant, en juin 2015, l’éloge funèbre de son fils Beau Biden, Barack Obama, exprimait, à sa manière, ce sentiment.

Après avoir évoqué, la voix brisée, la fin tragique de ce fils, il avait rendu un hommage appuyé, dans une tonalité rare chez lui, à son vice-président.

“Joe, tu es mon frère. Chaque jour, je suis admiratif de ton grand coeur, de ta grandeur d’âme et de tes épaules si larges”.

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