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Jordanie: le roi s’adresse aux Jordaniens après une crise qui a ébranlé la monarchie

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Jordanie: le roi s’adresse aux Jordaniens après une crise qui a ébranlé la monarchie

Le roi Abdallah II va s’adresser aux Jordaniens mercredi, pour la première fois depuis qu’une crise sans précédent dans cette monarchie centenaire a éclaté ce weekend, a annoncé la télévision officielle.

“Le message (royal) intervient après que le prince Hamza a signé lundi une lettre dans laquelle il affirme sa fidélité au roi et au prince héritier” Hussein, fils aîné du souverain, a précisé la chaîne.

Cette déclaration survient alors que le complot présumé, dont le principal protagoniste serait le prince Hamza –demi-frère du roi–, a totalement disparu de la presse locale, au lendemain d’une interdiction de publier des informations concernant l’enquête.

Pour tenter de mettre fin à cet épisode inédit dans les annales du royaume hachémite qui a profondément troublé les Jordaniens, le procureur d’Amman Hassan al-Abdallat a décrété mardi un black-out sur l’enquête “des services de sécurité concernant le prince Hamza et d’autres”.

Il a précisé mercredi que l’interdiction concernait “le déroulement de l’enquête, sa confidentialité, son intégrité, les preuves et les personnes accusées”.

En revanche, a-t-il ajouté, “l’interdiction exclut la liberté d’opinion et d’expression ainsi que les déclarations émises par des autorités officielles”.

L’ONG Reporters sans frontières (RSF) a dénoncé dans un communiqué “cette nouvelle entrave au droit à l’information”.

Après trois jours à la une des journaux, plus un mot sur le “complot maléfique” visant à déstabiliser le trône, pas une allusion sur “la clique” qui a tenté de saper la sécurité du royaume, rien concernant les arrestations de supposés conjurés.

Trois titres occupent mercredi la une des journaux: la visite du ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhan qui a transmis un message de soutien du roi Salmane, le black-out décrété sur cette affaire et, bien sûr, la pandémie de Covid-19.

Pour Mustafa al-Riyalat, rédacteur en chef du quotidien gouvernemental Ad-Dustour, le silence de la presse se justifie car la page est tournée.

– Jordaniens “rassurés” –

“Les choses sont revenues à la normale. (…) Tous les Jordaniens se sentent désormais rassurés comme si rien n’était arrivé”, dit-il à l’AFP pour expliquer ce brusque désintérêt de la presse.

Il reconnaît toutefois que ce n’est pas la seule raison: “Il y a la décision du procureur de bannir la publication de tout sujet concernant le prince Hamza”.

“Il y a aussi un black-out concernant les personnes détenues. Nous devons attendre une annonce officielle à ce sujet avant de publier”, ajoute le journaliste.

Une vingtaine de personnes se trouvent sous les verrous, dont Bassem Awadallah, un ancien chef du bureau royal, honni par une grande partie de la population, et Cherif Hassan ben Zaid, qui fut un temps émissaire spécial du roi en Arabie saoudite.

Le prince Hamza, qui a démenti les accusations à son encontre concernant son implication dans une tentative de sédition, a annoncé lundi sous la pression de la famille hachémite qu’il rentrait dans le rang, sans toutefois faire amende honorable pour ses critiques contre la monarchie.

Lors d’une réunion lundi soir dans la maison du prince Hassan, frère de l’ex-roi Hussein, qui a mené une médiation à la demande du roi Abdallah II, le prince Hamza a promis de “rester fidèle au roi”.

De nombreux Jordaniens interrogés par l’AFP se disent soulagés par l’issue de la crise.

Certains postaient lundi sur les réseaux sociaux des photos de Hamza, en le félicitant pour ce qu’il a fait alors que d’autres rendaient hommage au roi Abdallah II et au prince héritier Hussein.

Mais pour Ahmed Awad, qui dirige le Phenix Center for Economics & Informatics Studies, “même si une solution au sein de la famille royale a été trouvée, la véritable crise politique n’est pas finie et se poursuivra (…) tant qu’il n’y aura pas plus de réformes démocratiques”.

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