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Juliette Greco “enfant trouvée”, “enfant d’un viol”… Sa mère ne l’aimait pas

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Juliette Greco “enfant trouvée”, “enfant d’un viol”… Sa mère ne l’aimait pas

Entourée des siens, dans sa maison de Ramatuelle, Juliette Greco est morte le 23 septembre 2020, à l’âge de 93 ans. Depuis l’annonce de son décès, les hommages pleuvent pour honorer la personnalité affirmée et la carrière de la chanteuse et comédienne. Refont alors surface les hauts et les bas de sa riche vie, qui a pourtant commencé dans la douleur, avec une mère qui ne l’aimait pas.

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Comme l’artiste l’avait expliqué à son amie et biographe Françoise Piazza, pour l’ouvrage Juliette Greco, entrer dans la lumière (éd. L’Archipel, janvier 2020), sa mère aurait préféré avoir un garçon après avoir déjà eu une fille prénommée Charlotte. “On m’a retournée. Ce n’était que moi“, avait confié la chanteuse à propos de sa naissance à Montpellier, en 1927. Plus tard, cette mère peu aimante, Juliette Lafeychine, lui a donné différentes versions sur sa venue au monde, toutes plus traumatisantes les unes que les autres : “Tu es l’enfant d’un viol“, “Tu es une enfant trouvée“, “Je t’ai achetée à des Romanichels“…

Leurs parents séparés, Juliette Gréco et sa soeur Charlotte grandissent d’abord dans la maison de leurs grands-parents maternels à Bordeaux, avant de suivre leur mère à Paris. Dans la capitale, la cadette commence une formation de danseuse classique en devenant petit rat à l’Opéra Garnier en 1939. Mère et filles fuient ensuite Paris lorsque la guerre éclate pour partir s’installer dans le Sud-Ouest. Juliette Lafeychine entre dans la Résistance et, avec ses filles, elles sont arrêtées par la Gestapo en 1943.

Un amour à sens unique

La cadette de la famille est libérée à Paris, tandis que sa mère et sa soeur sont déportées : “Je n’avais pas d’argent. Ma mère avait été envoyée, sans que je le sache, en camp à Ravensbrück. Je me suis retrouvée seule avec un père divorcé de ma mère [Gérard Gréco, un commissaire de police d’origine corse, NDLR]. Depuis que j’avais 3 ans, je l’avais vu deux fois… Donc, il a fallu que je me mette à travailler et que je m’habille, je me promenais déjà pieds nus… J’ai vécu dans une pension de famille“, avait raconté Juliette Greco à Libération en 2003. Juliette Lafeychine et Charlotte sortent finalement du camp en 1945. De son côté, Juliette est hébergée par son ancienne professeure de français dans la capitale. Elle commence à fréquenter les intellectuels et les artistes du quartier de Saint-Germain-des-Prés, où elle se fait remarquer et démarre sa carrière de chanteuse.

Mais cette relation toxique avec sa mère a profondément marqué l’interprète de La Javanaise. “Toute mon enfance, j’ai cherché son attention ; elle ne m’a jamais vue, expliquait l’artiste dans ses mémoires, Je suis faite comme ça (éditions Flammarion), en 2012. C’était un amour à sens unique.” Juliette Gréco est à son tour devenue mère après l’arrivée de sa fille Laurence-Marie Lemaire, née en 1954 de son mariage avec le comédien Philippe Lemaire. Est ensuite arrivée sa petite-fille Julie-Amour vingt ans plus tard. Un bonheur familial chamboulé par la mort de Philippe Lemaire en 2004, puis celle de Laurence-Marie, emportée par un cancer en 2016, à 62 ans.