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Kaboul, sous le choc, pleure ses morts et aspire à la sécurité

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Kaboul, sous le choc, pleure ses morts et aspire à la sécurité

Kaboul enterrait ses morts jeudi, sous le choc de son pire attentat depuis 2001, tandis que la colère montait chez ses habitants face à l’incapacité du gouvernement afghan à les protéger.

Au moins 90 personnes, pour la plupart des civils, ont perdu la vie et quelque 400 autres ont été blessées dans l’attentat au camion piégé commis en plein mois de ramadan mercredi matin dans le quartier diplomatique de la capitale afghane.

Trente-six heures après, l’attentat, le plus meurtrier à Kaboul depuis la chute du régime des talibans en 2001, n’avait toujours pas été revendiqué.

La cible précise de l’attaque n’était pas claire, mais l’attaque est survenue près de l’ambassade d’Allemagne, dont un gardien afghan a été tué et deux employés blessés.

Une première conséquence politique de l’attentat a été la décision de l’Allemagne, annoncée par la chancelière Angela Merkel, de suspendre les expulsions de migrants vers l’Afghanistan.

Le ministère allemand des Affaires étrangères réévaluera la situation sécuritaire dans le pays en juillet et d’ici là l’Allemagne procèdera uniquement aux «retours volontaires» et «aux expulsions de personnes potentiellement dangereuses et de délinquants sur la base de cas examinés individuellement», a indiqué Mme Merkel à la presse.

Ressentiment des habitants

Sur le site de l’attaque, le gigantesque cratère creusé par la déflagration était toujours visible jeudi. Le quartier abrite le palais présidentiel et des ambassades et est censé être l’un des mieux protégés du pays. Une petite dizaine de missions diplomatiques ont été endommagées et plus d’une vingtaine de leurs employés figurent parmi les tués et blessés.

Les familles touchées enterraient leurs proches et d’autres se pressaient dans les hôpitaux pour prendre des nouvelles des blessés ou, pour certaines, espérer retrouver la trace de personnes manquant à l’appel.

Nombre de corps, déchiquetés ou calcinés lors de la déflagration, risquent de ne jamais être identifiés, ont prévenu les autorités.

Kaboul a subi une quinzaine d’attentats majeurs au cours des 12 derniers mois et est devenue au cours du premier trimestre 2017 le lieu le plus dangereux d’Afghanistan pour les civils selon l’ONU.

Le ressentiment des habitants contre un gouvernement et des forces de sécurité incapables de les protéger est vif et beaucoup se demandent comment les services de renseignement n’ont pu empêcher le camion piégé d’entrer dans un quartier bardé de barrages et généreusement pourvu en gardes de sécurité.

«Combien de temps devrons-nous encore tolérer ce bain de sang dans notre pays?», s’est lamenté un Kabouli en larmes, interrogé par la chaîne Tolo News.

«J’ai perdu mon frère dans l’explosion et le gouvernement échoue constamment à assurer notre sécurité», a-t-il ajouté.

Les violences, mais aussi le manque de perspectives économiques, poussent les Afghans à tenter de se rendre par milliers illégalement en Europe, notamment en Allemagne, au péril de leur vie.

Incertitude sur les auteurs 

L’incertitude reste entière sur les auteurs de l’attentat.

Le renseignement afghan a accusé le réseau Haqqani, un groupe armé allié des talibans à l’origine de nombreuses attaques contre les forces étrangères et locales en Afghanistan, et soupçonné d’entretenir des liens avec des cercles militaires au Pakistan voisin.

Le président afghan Ashraf Ghani devrait prochainement valider l’ordre d’exécution de 11 prisonniers talibans et Haqqani, a appris l’AFP de source gouvernementale. La décision interviendrait apparemment en représailles à l’attentat.

Les talibans ont, eux, nié toute implication.

Les analystes restent cependant prudents face à ces allégations, le mouvement s’étant montré réticent dans le passé à assumer la responsabilité d’attentats ayant coûté la vie à beaucoup de civils.

De son côté, l’organisation État islamique (EI), auteur de plusieurs attentats sanglants à Kaboul ces derniers mois, est restée muette.

L’attentat, intervenu dans un contexte de détérioration sécuritaire en Afghanistan, a été condamné avec émotion dans le monde entier.

Le président américain Donald Trump a dénoncé «la nature barbare des terroristes», mais n’a rien laissé deviner de ses intentions au sujet de l’Afghanistan.

Les États-Unis, engagés dans ce pays dans le plus long conflit de leur histoire, réfléchissent actuellement à l’envoi de milliers de militaires supplémentaires.

Ils comptent actuellement 8400 hommes dans le pays aux côtés des 5000 envoyés par des États alliés membres de l’OTAN, dont la principale mission est de former et de conseiller les soldats afghans.

Pour l’ONG Amnesty International, l’attentat de mercredi démontre que «le conflit en Afghanistan ne faiblit pas mais s’étend dangereusement, d’une manière qui devrait alarmer la communauté internationale».

AFP

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