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Kirghizstan: le président exclut de démissionner mais le flou persiste

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Kirghizstan: le président exclut de démissionner mais le flou persiste

Le président du Kirghizstan a exclu jeudi de démissionner malgré les pressions de ses adversaires politiques, la Russie et les forces de sécurité kirghizes pesant en parallèle sur la classe politique pour qu’elle trouve une issue à la crise.

Le Kirghizstan est secoué par un mouvement de contestation dénonçant des fraudes aux élections législatives de dimanche, remportées par deux partis proches du chef de l’Etat, Sooronbaï Jeenbekov.

Le pays semble proche de sombrer dans le chaos et Sooronbaï Jeenbekov n’est pas apparu en public depuis lundi, mais son bureau a assuré jeudi qu’une démission “n’est pas à l’ordre du jour”, précisant mener des négociations avec différents groupes politiques.

Les puissants services de sécurité (GKNB) ont eux intimé à la classe politique de remettre de l’ordre, alors que différentes factions revendiquent le contrôle de diverses institutions.

“Les forces de l’ordre, les services spéciaux, les forces armées de la République du Kirghizstan demandent à toutes les forces politiques (…) de s’asseoir à la table des négociations et de ramener le pays dans la légalité”, a dit un porte-parole du GKNB, cité par l’agence de presse russe Ria Novosti.

La Russie, puissance régionale disposant d’une base militaire au Kirghizstan, a reconnu l’autorité de l’homme qui a pris le contrôle du GKNB à la faveur du chaos des derniers jours, Omourbek Souvanaliev.

Le patron des services spéciaux russes (FSB) Alexandre Bortnikov a signifié son soutien aux “efforts du GKNB pour stabiliser la situation et éviter le chaos”, selon le Kremlin.

Une des première décision de M. Souvanaliev, annoncée à l’agence de presse russe Interfax, a été de fermer les frontières pour “raisons de sécurité”. Le service des gardes-frontières de ce pays d’Asie centrale a confirmé à l’AFP que l’ordre était entré en vigueur.

Le nouveau patron des services secrets a ajouté n’avoir aucune idée d’où était le président du pays.

Seul certitude, le président Jeenbekov a rencontré jeudi un député se présentant comme président du Parlement, Myktybek Abdylaïev.

“Le président a noté qu’il était confronté à une tâche d’envergure – faire revenir la situation dans la légalité. Il a noté qu’il était prêt à aborder tous les sujets ayant trait à la situation actuelle”, est-il précisé dans un communiqué de la présidence.

– Chaos et violences –

Les affrontements se poursuivent à Bichkek et ont déjà fait au moins un mort et des centaines de blessés en dépit de la décision d’invalider les résultats des législatives, qui n’a pas apaisé les tensions.

Le Kirghizstan est la plus pluraliste mais aussi la plus instable des ex-républiques soviétiques d’Asie centrale. Il a déjà connu deux révolutions et vu trois de ses présidents emprisonnés ou exilés depuis son indépendance.

M. Jeenbekov semblait dans une impasse, même si un vote du parlement mercredi n’a pas atteint la majorité nécessaire à sa destitution.

Koursan Assanov, qui s’est autoproclamé ministre de l’Intérieur par intérim, a lui aussi déclaré jeudi que le lieu où se trouvait M. Jeenbekov était “inconnu”.

Des personnalités de différents partis d’opposition ont pour leur part affirmé contrôler le bureau du procureur ou encore le ministère de l’Intérieur. Aucune présence policière n’était visible devant les principaux bâtiments gouvernementaux.

M. Jeenbekov, au pouvoir depuis 2017, bénéficie en soi du soutien de la Russie, allié clé qui le juge être “le président légitime”.

Ajoutant à la confusion, Sadyr Japarov, politicien nationaliste et détracteur du président Sooronbaï Jeenbekov, libéré lundi par ses partisans de prison, s’est fait désigner Premier ministre lors d’une réunion très confuse de parlementaires.

Sa nomination a été rejetée par un “Conseil de coordination” créé par les leaders de plusieurs partis d’opposition.

Seul terrain d’entente, ces deux forces adverses appellent ensemble au départ de Sooronbaï Jeenbekov, dont l’autorité est également menacée par son grand rival, l’ex-président Almazbek Atambaïev, libéré de prison lui aussi dans la nuit de lundi.

Ses partisans ont tenté de pénétrer dans le bâtiment abritant le bureau du Premier ministre mercredi soir, mais ses portes étaient gardées par des volontaires formant une chaîne humaine, a déclaré un témoin à l’AFP.

Des unités de défense volontaires politiquement neutres contrôlent également le bâtiment où se trouvent l’administration présidentielle et le parlement, qui a été investi par des manifestants à l’aube mardi.

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