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Kirghizstan: les forces tadjikes se retirent après des combats meurtriers

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Kirghizstan: les forces tadjikes se retirent après des combats meurtriers

Le Kirghizstan a annoncé vendredi que les tirs s’étaient arrêtés à la frontière avec le Tadjikistan après des combats meurtriers qui ont fait au moins 31 morts, ravivant les tensions dans cette région marquée par une lutte pour l’accès à l’eau.

Les combats ont éclaté jeudi autour de l’enclave tadjike de Voroukh, en territoire kirghiz, une zone montagneuse et très pauvre où les incidents sont réguliers mais n’avaient encore jamais atteint une telle intensité.

Selon la vice-ministre kirghize de la Santé, Aliza Soltonbekova, 31 Kirghiz ont été tués et environ 150 blessés, dont une majorité de civils. Plus de 11.500 habitants ont aussi été évacués de cette zone frontalière, d’après les autorités régionales kirghizes.

Pays fermé et autoritaire, le Tadjikistan n’a lui quasiment pas communiqué sur ces affrontements et n’a pas fait état de pertes.

Les deux parties ont rapidement annoncé jeudi soir un cessez-le-feu, globalement respecté malgré des incidents ponctuels, les contacts se multipliant vendredi pour apaiser la situation.

Selon les autorités de la région kirghize de Batken, des tirs étaient encore entendus “périodiquement” le long de la frontière vendredi.

Mais ces tirs “se sont arrêtés” à environ 12H00 GMT vendredi et la situation dans la région frontalière est actuellement “relativement calme”, a déclaré à l’AFP un porte-parole du Comité de sécurité nationale kirghiz.

Selon le service de presse du président kirghiz Sadyr Japarov, celui-ci et son homologue tadjik Emomali Rakhmon ont discuté au téléphone et ont convenu de se rencontrer lors de la deuxième quinzaine de mai pour résoudre la situation “de façon pacifique”.

Le chef des services de sécurité kirghiz, Kamtchibek Tachiev, a lui indiqué aux journalistes qu’il avait rencontré son homologue tadjik Saïmoumine Iatimov en “territoire neutre” sur la frontière vendredi, assurant que les problèmes seraient résolus “dans les jours à venir”.

Pour sa part, l’agence de presse publique tadjike a annoncé qu’une commission intergouvernementale sur la délimitation et la démarcation devrait tenir une réunion dans la ville kirghize de Batken samedi.

Parallèlement, l’Ouzbékistan a annoncé que son président Chavkat Mirzioïev s’était entretenu avec les dirigeants des deux pays, appelant à “résoudre toute les questions soulevées sur la base d’un dialogue”.

– Maisons incendiées –

De larges portions de frontière n’ont pas été démarquées en Asie centrale depuis la dislocation de l’URSS en 1991, provoquant de fréquentes tensions ethniques accentuées par le combat pour la gestion de l’eau, notamment autour de la fertile vallée de la Fergana également partagée avec l’Ouzbékistan.

Plus d’un tiers de la frontière kirghizo-tadjike est contesté, y compris la zone entourant l’enclave de Voroukh.

Le Kirghizstan a publié une liste détaillée de bâtiments endommagés dans la région lors des derniers affrontements. Selon les secours kirghiz, outre un poste-frontière incendié, plus de 20 habitations, une école et huit commerces ont brûlé.

Les deux pays se sont rejeté la responsabilité de ces affrontements. Les services de sécurité kirghiz ont affirmé que le Tadjikistan a “délibérément provoqué un conflit”, accusant son adversaire d’avoir construit des positions “pour effectuer des tirs de mortiers”.

De son côté, le Conseil de sécurité du Tadjikistan a déclaré que l’armée kirghize a ouvert le feu sur les troupes tadjikes “situées sur le site de distribution d’eau de Golovnaïa, sur le cours supérieur de la rivière Isfara”.

Douchanbé a aussi affirmé que des affrontements avaient eu lieu dès mercredi entre des civils, avec sept Tadjiks blessés par des jets de pierre.

Ces affrontements, les plus violents depuis des heurts meurtriers en 2019, sont récurrents dans la région.

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov a indiqué vendredi que la Russie, puissance régionale et alliée des deux pays, étaient “profondément concernée” et a salué les discussions entre les deux voisins.

Le président russe Vladimir Poutine est “toujours prêt” à jouer “un rôle de médiateur”, a-t-il ajouté.

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