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La communauté internationale donne un bol d’air financier au Soudan

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La communauté internationale donne un bol d’air financier au Soudan

Cinq milliards de dollars de dette effacés par la France, 360 millions d’euros par l’Allemagne : la communauté internationale s’est engagée lundi à Paris à soutenir la transition au Soudan, notamment en donnant un bol d’air financier à ce pays d’Afrique.

Pour “permettre le retour du Soudan dans le concert des nations”, le président français Emmanuel Macron s’est déclaré en faveur “d’une annulation pure et simple de notre créance envers le Soudan”, soit “près de 5 milliards de dollars”.

“Le peuple soudanais n’oubliera pas” ce geste de la France, qui “ouvrira la voie à tous les autres créanciers du Soudan”, l’a remercié le président soudanais Abdel Fattah Al-Burhan.

Le chef de la diplomatie allemande Heiko Maas a annoncé que la République fédérale effacerait 360 millions d’euros de créances bilatérales avec le pays d’Afrique.

Les deux pays vont également aider le Soudan à solder son passif avec le Fonds monétaire international – Berlin apportera jusqu’à 90 millions d’euros dans ce but, et Paris prêtera 1,5 milliard de dollars.

Une quinzaine de dirigeants d’Etats africains, européens et du Golfe ainsi que des organisations internationales avaient répondu à l’appel du président français à venir au chevet du Soudan, deux ans après la révolution qui a chassé du pouvoir Omar al-Bachir en avril 2019.

Emmanuel Macron a ainsi accueilli, outre Abdel Fattah Al-Burhan, ses homologues d’Egypte, d’Ethiopie et du Rwanda. Autres invités présents, des dirigeants du FMI, de la Banque Mondiale et de l’Union africaine, des chefs de la diplomatie européens (Italie, Allemagne) et du Golfe (Arabie Saoudite, Koweit), sans oublier des représentants de l’ONU, de l’UE.

“Hourriya, Salam, Adalah”, Liberté, Paix, justice. “Trois mots qu’ont scandés les acteurs de la révolution soudanaise”, a déclaré le président français en ouvrant le sommet.

“Votre révolution est aussi singulière parce qu’elle est post-islamiste, parce qu’elle a mis fin pour la première fois dans toute la région à un régime utilisant l’arme de l’islam politique pour couvrir ses errements et pour diviser son peuple”, a-t-il ainsi estimé.

“Il importe, pour tendre vers cet horizon, que les accords de paix soient mis en œuvre au plus vite par toutes les parties”, et que les dirigeants poursuivent leurs “réformes économiques courageuses”.

“C’est au Soudan maintenant et à la communauté internationale de montrer que le nouveau Soudan est une opportunité pour les investisseurs, et non plus un cas désespéré. L’ONU est prête à apporter son soutien”, a tweeté Volker Perthes, l’envoyé spécial pour le Soudan.

– “perdre notre avenir”

Riche en ressources pétrolières et minières, Khartoum croule sous une dette extérieure de 60 milliards de dollars (plus de 49 milliards d’euros). La pandémie de Covid-19 a frappé une économie en récession depuis trois ans, à l’inflation galopante et qui souffre de pénuries de biens de première nécessité.

Le Premier ministre Abdallah Hamdok a érigé en priorité l’emploi des jeunes, “pour qu’ils restent dans le pays au lieu d’entamer ce voyage si périlleux pour traverser la Mediterranée”. Car “perdre nos jeunes talents, c’est perdre notre avenir”, a-t-il ajouté.

Economiste chevronné, M. Hamdok a déjà réussi à apurer la dette contractée auprès de la Banque africaine de développement (BAD) et de la Banque mondiale, ce grâce à une aide de 1,15 milliard des Etats-Unis.

En décembre, Washington avait retiré le Soudan de la liste des Etats finançant le terrorisme,levant les sanctions économiques qui le maintenaient au ban de la communauté internationale.

“Dès lors que les conditions de la réduction de la dette soudanaises sont remplies, la France appelle tous les créanciers bilatéraux du Soudan (….), qu’ils soient ou non membres du Club de Paris, à participer à partir du mois de juin (…) au processus permettant à terme d’alléger le Soudan du fardeau de sa dette”, selon la déclaration finale de l’Elysée.

Un processus qui devrait ouvrir la voie à des investissements étrangers dans les infrastructures, l’agriculture, l’énergie, les minéraux ou encore les communications.

“Nous nous occupons de la dette. Vous pouvez investir dans ce pays. Il n’y a pas de raison de ne pas investir au Soudan désormais”, a déclaré lundi matin le ministre français de l’Economie Bruno Le Maire.

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