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La crise afghane et la “menace” de l’EI lors d’un sommet régional à Bagdad

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La crise afghane et la “menace” de l’EI lors d’un sommet régional à Bagdad
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La lutte antiterroriste et la crise afghane se sont invitées samedi au sommet de Bagdad, où les dirigeants régionaux et Emmanuel Macron ont aussi dit leur attachement à la “souveraineté” de l’Irak, qui ambitionne de jouer un rôle de médiateur entre ses voisins.

“En fonction des événements géopolitiques, cette conférence prend un tour particulier”, a remarqué le président français en ouverture de ce sommet, dont l’Irak entendait profiter pour se relancer à l’international, après 40 ans de conflits sur son sol.

Mais la prise du pouvoir par les talibans il y a près de deux semaines en Afghanistan et l’attentat perpétré par l’Etat islamique au Khorasan (EI-K) qui a tué plusieurs dizaines de personnes jeudi à Kaboul ont quelque peu bousculé les échanges.

– “Partenaires clés” –

Pour preuve. Emmanuel Macron a profité d’un aparté avec l’émir du Qatar Tamim ben Hamad Al-Thani pour évoquer la manière dont Doha pourrait aider la France, qui a mis fin aux évacuations depuis Kaboul, à exfiltrer des réfugiés afghans au-delà du 31 août. Cela pourrait se faire via les avions de ligne sa compagnie Qatar Airways depuis l’aéroport civil de Kaboul, a indiqué son entourage.

“Le Qatar a de bons contacts avec le nouveau régime (des talibans, ndlr)”, a souligné un diplomate français. “Nous jouerons toutes les cartes”.

L’attentat de Kaboul a aussi mis en relief la “menace” que représente l’EI, a prévenu M. Macron en prélude à la conférence, tout en appelant à “ne pas baisser la garde” face aux jihadistes.

L’Irak, où des cellules de l’EI continuent de mener des attentats quatre ans après sa défaite militaire, et la France “sont des partenaires clés dans la guerre contre le terrorisme”, lui a répondu le Premier ministre irakien Moustafa al-Kazimi.

“Nous refusons que l’Irak soit utilisé comme terrain de conflits régionaux et internationaux”, a-t-il ensuite martelé lors de son intervention à la conférence.

Paris fournit à l’Irak un appui militaire, notamment aérien, avec en moyenne 800 hommes dans le cadre de la coalition internationale qui continue de livrer bataille contre l’EI. Et la France est là “pour rester dans la durée, tant qu’il le faudra”, a-t-on assuré dans l’entourage de M. Macron.

Côté américain, quelque 2.500 soldats sont toujours déployés en Irak. Ils se cantonneront officiellement à un rôle de “conseillers” des forces de sécurité irakiennes dès 2022.

Dimanche, le président français se rendra au Kurdistan irakien, où il saluera la lutte des Kurdes contre l’EI, puis à Mossoul, symbole de la victoire contre le groupe radical qui l’a occupée de 2014 à 2017.

Par cette conférence régionale, l’Irak souhaitait “désamorcer” les tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite, selon un conseiller de M. Kazimi. L’Irak, qui a déjà accueilli deux rounds de pourparlers à huis clos entre ses deux voisins depuis le début de l’année, veut devenir un hôte incontournable de la région.

– “Réussite” –

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Téhéran, Ryad et Ankara étaient représentés par leurs ministres des Affaires étrangères à Bagdad. Outre l’émir du Qatar, étaient également présents le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi et le roi Abdallah II de Jordanie, entre autres responsables régionaux.

La seule présence des chefs de la diplomatie iranien et saoudien a déjà été une “réussite”, à en croire un conseiller du Premier ministre irakien. L’Iran et l’Arabie saoudite n’ont plus de relations diplomatiques depuis 2016 et ils s’opposent sur les conflits yéménite et syrien.

Lors de son intervention, le ministre saoudien des Affaires étrangères Fayçal ben Farhan a souligné les “efforts du gouvernement irakien pour lutter contre l’Etat islamique et contrôler les armes” entre les mains des “milices armées”, une allusion à peine voilée au Hachd al-Chaabi, une organisation composée de dizaines de groupes paramilitaires chiites dont la plupart sont pro-Téhéran.

Désormais intégrés à l’Etat irakien, ces groupes sont accusés par les militants antipouvoir d’être la main de l’Iran en Irak et un instrument de répression des voix les plus critiques.

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Sans évoquer les accusations portées contre son pays par les militants irakiens, ni désigner nommément l’Arabie saoudite, le nouveau chef de la diplomatie iranienne Hossein Amir-Abdollahian a dit, lui, son attachement à la “stabilité et à l’intégrité territoriale de l’Irak”.