Home Pure Info La crise avec la Russie s’invite au Salon Livre Paris

La crise avec la Russie s’invite au Salon Livre Paris

0
La crise avec la Russie s’invite au Salon Livre Paris

Mettre la Russie à l’honneur au moment où le torchon brûle entre les capitales occidentales et Moscou relève de la gageure pour le Salon Livre Paris, la plus grande manifestation littéraire de France, inauguré jeudi soir par le président Emmanuel Macron.

Suite à l’empoisonnement sur le sol britannique d’un ex-agent double russe, le chef de l?État a condamné “une attaque inacceptable” sans cependant commenter les accusations de Londres qui juge Moscou “coupable” de cet empoisonnement.

Mercredi, la situation s’est envenimée avec la décision de Londres d’expulser 23 diplomates russes et de geler des contacts bilatéraux.

Les organisateurs du Salon Livre Paris marchent sur des ?ufs. Préparé depuis des mois, le Salon (ouvert au public de vendredi à lundi) devait mettre en avant le renouveau des lettres russes. 38 auteurs russes y ont été invités dont Zakhar Prilepine, 42 ans, politicien controversé proche d’Edouard Limonov, mais aussi écrivain parmi les plus doués de sa génération ou encore Ludmila Oulistkaïa, lauréate du prix Médicis étranger en 1996.

“Certes, la Russie est le pays invité d’honneur du Salon mais il y a beaucoup d’autres choses”, a indiqué à l’AFP, sous couvert de l’anonymat, un des organisateurs de la manifestation.

Ce responsable a mis notamment en avant la présence “de plus d’une dizaine de pays africains”. Pour sa deuxième participation au Salon, le pavillon des Lettres d’Afrique s’est ouvert aux pays des Caraïbes et du Pacifique. Quelque 130 auteurs y sont attendus dont l’écrivaine sénégalaise Aminata Sow Fall, 76 ans, une des plus grandes plumes de la littérature africaine francophone.

Le Québec sera également en force au Salon avec une quarantaine d’auteurs dont le romancier Christian Guay-Poliquin, lauréat du Prix France-Québec 2017 pour “Le poids de la neige” (La Peuplade/L?Observatoire).

Le pavillon québécois proposera notamment une expérience de réalité “augmentée” pour découvrir la poésie contemporaine de la province francophone canadienne.

Au total, près d’une cinquantaine de pays seront représentés Porte de Versailles dont, pour la première fois, la Chine, la Hongrie et l’Ukraine.

Élue “capitale mondiale du livre” pour 2019 par l’Unesco, Sharjah, troisième plus grand émirat des Émirats Arabes Unis (EAU), est la ville “invitée spéciale” du Salon.

– Salon parallèle –

Plus de 3.000 auteurs disposés à la rencontre, aux échanges et aux dédicaces sont attendus.

Après s’être mobilisés sur les réseaux sociaux avec le hashtag +PayeTonAuteur+, les écrivains ont obtenu que leurs prestations lors des conférences soient rémunérées.

La question de la rémunération des auteurs est une question lancinante alors que selon une étude du ministère de la Culture, 41% des auteurs professionnels gagnent moins que le Smic.

D’une manière générale, l’année 2017 a été médiocre pour le monde de l’édition avec un marché en recul de 1,1% en valeur, selon une récente étude du magazine spécialisé Livres Hebdo.

Alors que plusieurs rapports ont constaté une baisse sensible du nombre de “grands lecteurs” (lisant au moins 20 livres par an), neuf scènes thématiques dont, pour la première fois, une scène Polar et une consacrée au genre “Young Adult”, tenteront d’attirer de nouveaux lecteurs.

Parmi les nouveautés il y aura également deux faux procès (avec de vrais avocats) pour déterminer si Anna Karénine (magnifique figure de l’émancipation) était coupable ou s’il faut licencier Gaston Lagaffe!

Inventées par la libraire des Abbesses, Marie-Rose Guarniéri, des flâneries littéraires permettront de se balader dans les allées du Salon (et hors les murs) en compagnie d’écrivains, d’éditeurs ou de traducteurs comme André Markowicz.

Contrairement aux autres salons, généralement financés par des collectivités territoriales, Livre Paris est une entreprise commerciale qui finance en partie le Syndicat national de l’édition (SNE) et participe aux bénéfices de la société privée Reed, ses co-organisateurs.

Si le Salon annonce la présence de 800 éditeurs, certaines maisons comme Grasset, Stock ou Fayard, trois éditeurs du groupe Hachette, ont préféré s’abstenir en dénonçant le coût de cette manifestation.

C’est aussi pour protester contre les “loyers” des stands que des petits éditeurs indépendants tiendront un salon parallèle (et gratuit) baptisé “L’autre salon” au Palais de la femme à Paris.

Le programme complet est disponible sur le site www.livreparis.com

© 2018 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.