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La crise en Catalogne menace la croissance, préviennent Madrid et le FMI

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La crise en Catalogne menace la croissance, préviennent Madrid et le FMI

Madrid et le FMI ont averti vendredi que la crise en Catalogne pourrait menacer la croissance en 2018, au moment même où le leader séparatiste catalan était pressé par son aile dure de proclamer la sécession.

Le gouvernement espagnol a donné jusqu’à jeudi prochain au président catalan Carles Puigdemont pour faire machine arrière. Dans le cas contraire, Madrid annoncera les mesures nécessaires pour suspendre l’autonomie de la Catalogne, un acte inédit depuis le rétablissement de la démocratie et susceptible de provoquer des manifestations de masse.

Les alliés les plus radicaux de M. Puigdemont le pressent de franchir le pas après que celui-ci a suspendu mardi sa déclaration unilatérale d?indépendance afin de laisser une chance au “dialogue” avec Madrid.

Mais la pression économique monte, alors que 540 entreprises ont, selon le registre officiel, déjà initié une procédure pour transférer leur siège social hors de Catalogne entre le 2 et le 11 octobre.

“Une période prolongée d’incertitude pourrait peser sur la croissance, ce que nous voulons évidemment éviter”, a commenté Poul Thomsen, le directeur du département Europe du Fonds monétaire international (FMI) vendredi depuis Washington.

A Madrid, la vice-présidente du gouvernement conservateur, Mme Soraya Saenz de Santamaria, a averti que “les événements en Catalogne mettent en péril la reprise économique” de la région, une des plus riches mais aussi une des plus endettées d’Espagne.

-’98 Etats dans 15 ans’-

“S’il n’y avait pas une solution rapide à cette affaire, nous serions obligés de revoir à la baisse les prévisions de croissance pour l’année 2018” pour l’Espagne, a déclaré Mme Santamaria. Le gouvernement tablait jusqu’à présent sur une croissance de 2,6% en 2018.

L’Europe continue à suivre la crise d’un oeil inquiet. “Je ne veux pas d’une Union européenne qui comprendrait 98 Etats dans 15 ans”, a déclaré le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker devant des étudiants au Luxembourg, disant craindre un effet domino d’un sécession catalane.

Carles Puigdemont avait déclaré mardi que la fuite des entreprises n’aurait “pas de véritable impact” sur l’économie catalane.

Mais dans les milieux d’affaires, le ton est tout autre.

Ils sont nombreux à craindre une répétition du scénario au Québec lorsque, après l’arrivée au pouvoir des indépendantistes en 1976, plus de 200 entreprises avaient déménagé leurs sièges sociaux en quelques mois, pour ne jamais revenir. Jeudi, l’agence de notation Standard and Poors (SP) a même pointé le risque d’une récession en Catalogne.

L’impact sur le tourisme commence à se faire sentir dans la région, qui accueille un visiteur sur quatre en Espagne. La vice-présidente du gouvernement a fait état d’une “chute spectaculaire” de “20 à 30% sur les réservations à Barcelone”.

– Double pression –

Selon le journal économique en ligne El Confidencial, l’ouverture fin février dans cette ville du Congrès mondial de la téléphonie mobile (MWC), le plus grand salon du genre dans le monde et source majeure de revenus pour Barcelone, est susceptible d’être retardée.

“L’édition 2018 du MWC aura lieu à Barcelone du 26 février au 1er mars 2018. Nous continuons à surveiller les événements en Espagne et en Catalogne et à évaluer tout impact potentiel”, a réagi une porte-parole du Congrès, dans un communiqué vendredi après-midi.

Sous pression des milieux économiques, de l’Europe et de Madrid, le président séparatiste l’est tout autant dans son propre camp où la frange la plus dure l’appelle à déclarer l’indépendance sans ambiguïté.

“Nous ne serons capables de respecter ce que la majorité a exprimé dans les urnes qu’à travers une proclamation de la République”, a averti vendredi dans une lettre ouverte la CUP, allié d’extrême gauche de l’exécutif catalan, dont certains membres s’étaient sentis “trahis” par M. Puigdemont mardi.

Les séparatistes affirment avoir gagné le référendum d’autodétermination interdit du 1er octobre avec 90% des voix et 43% de participation.

L’influente association indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC) a également pressé M. Puigdemont d’aller de l’avant “face au rejet par l’Etat espagnol de toute proposition de dialogue”.

Carles Puigdemont, qui hormis quelques tweets s’est fait discret depuis mardi, n’a pas réagi jusque-là aux différentes injonctions le poussant soit à renoncer soit à poursuivre sa fuite en avant.

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