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La fin d’Autolib’ à l’ordre du jour

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La fin d’Autolib’ à l’ordre du jour

Les petites voitures électriques grises d’Autolib’ pourraient cesser de rouler dès ce jeudi soir à Paris et sa banlieue : la résiliation anticipée du contrat avec le groupe Bolloré sera probablement actée dans la journée, sur fond de déficit, querelles de chiffres et contentieux à venir assurés.

Dans l’après-midi, le Syndicat mixte Autolib’ Vélib’ Métropole (SAVM) soumettra aux voix des 103 communes partenaires une délibération actant la résiliation de ce service de libre partage, lancé en fanfare en 2011 sous Bertrand Delanoë et qui devait courir jusqu’à 2023.

Mais le syndicat mixte, où la Ville de Paris est majoritaire, et le groupe Bolloré se renvoient depuis des jours, par presse interposée, la responsabilité d’un déficit dont souffre le service, estimé par Bolloré à un total de 293,6 millions.

Le conflit a été porté sur la place publique après la publication d’un courrier du groupe, en date du 25 mai, réclamant le versement de 46 millions d’euros par an pour éponger cette dette.

“Abracadabrantesque”, avait alors réagi la maire PS de Paris Anne Hidalgo.

– “Pas dans le sens de l’Histoire” –

Depuis, groupe et syndicat mixte ne sont toujours d’accord sur rien. Chacun se renvoie la responsabilité de la résiliation du contrat et au-delà, celle de l’avenir des 254 salariés que chacun veut voir pris en charge par l’autre.

Quant au coût d’une résiliation anticipée, elle est chiffrée côté Bolloré à 300 millions d’euros mais pour la présidente du syndicat Catherine Baratti-Elbaz, à “plusieurs dizaines de millions d’euros”, un désaccord laissant augurer là aussi d’une belle bataille judiciaire à venir.

Sauf surprise, la résiliation devrait donc être actée, entraînant la fin du service à un délai encore flou.

Pour Marie Bolloré, mercredi sur franceinfo, le service pourrait s’arrêter “dans les tout prochains jours” mais pourrait fonctionner encore quelque temps “en régie”, à la demande du syndicat et contre rémunération, a précisé la directrice générale de Blue Solutions (batteries électriques), fille de l’industriel Vincent Bolloré.

“Première mondiale” alors symbole de modernité, le dispositif a dû faire face à un changement des façons de se déplacer, avec le vélo électrique, le VTC, la location de véhicules privés. Sans compter son image dégradée et ses voitures souvent sales.

Il devait pourtant au départ dégager un bénéfice d’au moins 56 millions d’euros par an mais Bolloré avait rapidement annoncé un léger, puis un lourd déficit, déclenchant un audit et une procédure de conciliation rompue fin mai.

Sans attendre la rupture effective, Mme Hidalgo a reçu à la mi-juin des constructeurs désireux de reprendre le marché parisien, sous d’autres formes, qui pourraient démarrer avant la fin de l’année.

Autolib’, fort de 150.000 abonnés, a été en son temps “une belle invention, avec une vision révolutionnaire qui a offert et offre un service apprécié aux Parisiens et métropolitains”, avait-elle néanmoins salué.

Le ministre de l’Environnement Nicolas Hulot a estimé jeudi sur franceinfo que la fin d’Autolib’ était “dommage parce que ça ne va pas dans le sens de l’Histoire”, qui est de “mettre des véhicules à disposition pour tout le monde”.

Il y a quatre jours, une pétition a été lancée sur change.org pour demander le “maintien du service public Autolib'”, signée de plus de 19.000 personnes jeudi matin.

Avant Autolib’, la Ville de Paris et le syndicat mixte ont été confrontés à un autre “fiasco” à ce jour non résolu, celui du service de vélos Vélib’ en berne, compliqué d’un conflit salarial aigu depuis le changement de fournisseur de cet équipement.

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