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La gauche revient au pouvoir en Norvège

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La gauche revient au pouvoir en Norvège
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L’opposition de gauche emmenée par le travailliste Jonas Gahr Støre a remporté lundi en Norvège des législatives dominées par le sort des activités pétrolières du pays, mettant fin à huit ans de règne de la droite.

“Nous avons attendu, nous avons espéré et nous avons travaillé si dur, et maintenant nous pouvons enfin le dire: nous l’avons fait!”, a déclaré M. Støre, probable prochain Premier ministre, sous les acclamations de militants.

Les cinq partis d’opposition devraient décrocher 100 des 169 sièges que compte le Storting, le Parlement monocaméral norvégien, suffisamment pour déloger la coalition de droite de la conservatrice Erna Solberg, selon des projections.

Avec 89 mandats pour le moment, les travaillistes semblent même en passe de décrocher une majorité absolue avec leurs alliés de prédilection, le parti du Centre et la Gauche socialiste.

Le trio pourrait ainsi se passer des deux autres forces d’opposition, les écologistes de MDG et les communistes de Rødt, avec lesquelles M. Støre s’est tout de même dit déterminé à discuter.

“La Norvège a envoyé un message clair: les élections montrent que le peuple norvégien souhaite une société plus équitable”, a dit ce milionnaire de 61 ans qui a fait campagne contre les inégalités sociales.

– Cap à gauche dans le Nord –

Les cinq pays nordiques, bastions de la social-démocratie, devraient ainsi bientôt tous être dirigés par la gauche.

“Le travail du parti conservateur au gouvernement est fini pour cette fois-ci”, a admis Mme Solberg aux manettes depuis 2013, un record pour la droite.

“Je tiens à féliciter Jonas Gahr Støre qui, à cette heure, semble avoir une nette majorité pour changer le gouvernement”, a ajouté la dirigeante de 60 ans, victime d’une usure du pouvoir après avoir conduit le pays à travers de multiples crises (migrants, chute du cours du baril, Covid-19…).

Si elle se confirme, cette majorité absolue à trois facilitera les négociations en vue de former un gouvernement de coalition, lesquelles promettent tout de même d’être longues et délicates.

MDG avait conditionné son soutien à l’arrêt immédiat de l’exploration pétrolière dans le pays, plus gros exportateur d’hydrocarbures d’Europe de l’Ouest, un ultimatum rejeté par M. Støre.

Ce dernier préconise –comme ses adversaires conservateurs– une sortie douce et progressive de l’économie pétrolière.

– Tractations difficiles –

L'”alerte rouge pour l’humanité” lancée début août par les experts de l’ONU sur le climat (Giec) a placé la question du réchauffement au cœur de la campagne électorale et forcé le royaume à une réflexion sur le sort des activités pétrolières qui l’ont rendu immensément riche.

Le rapport a galvanisé ceux qui, à gauche et, dans une moindre mesure, à droite, veulent en finir avec le pétrole.

Le secteur pétrolier représente 14% du Produit intérieur brut norvégien, plus de 40% des exportations et 160.000 emplois directs.

L’or noir a aussi permis au royaume de 5,4 millions d’habitants d’amasser le plus gros fonds souverain au monde avec près de 12.000 milliards de couronnes d’actifs (1.166 milliards d’euros).

Diplômé de Sciences Po Paris et ministre de Jens Stoltenberg entre 2005 et 2013, M. Støre va maintenant devoir se livrer à d’épineuses tractations avec, en premier lieu, le parti du Centre, qui défend principalement les intérêts du monde rural, et la Gauche socialiste, plus soucieuse des questions environnementales.

Ces alliés, qui ont déjà gouverné ensemble sous M. Stoltenberg, ont des positions souvent opposées, notamment sur l’urgence à sortir de l’âge pétrolier, et les centristes de Trygve Slagsvold Vedum ont dit pendant la campagne ne pas vouloir siéger avec la Gauche socialiste d’Audun Lysbakken.