Les Lettons, qui fêtent cette année le centenaire de leur indépendance, élisent samedi leurs députés et pourraient offrir le pouvoir à un parti pro-Kremlin, Harmonie, allié à des populistes.

La coalition sortante de centre-droit a réussi de redresser l’économie nationale après la crise de 2009, mais l’électorat, fatigué par les efforts consentis, est à la recherche de nouveaux visages.

“J’espère que le parti “Nouvelle Unité” et d’autres partis pro-occidentaux rassembleront assez de voix pour avoir la majorité”, a dit à l’AFP Janis Parstrauts, un ouvrier métallurgiste et père de jumeaux.

“Sinon, nous avons une coalition pro-Kremlin et populiste, et les carottes sont cuites”, ajoute-t-il.

Cette perspective fait peur à plus d’un dans ce pays balte de 1,9 million d’habitants, dont l’histoire est marquée par des relations difficiles avec le grand voisin russe.

La Lettonie, comme la Lituanie et l’Estonie voisines, a obtenu l’indépendance en 1918, après la chute de l’empire des tsars.

Mais les trois pays baltes ont ensuite été occupés par l’Allemagne nazie et, pendant un demi-siècle, par l’Union soviétique.

Harmonie, le parti pro-Kremlin de centre-gauche, “promet de réduire les dépenses pour la défense à 1% du PIB”, relève l’analyste politique Marcis Bendiks.

“C’est en rupture avec notre entente avec l’Otan” dont la Lettonie est membre depuis 2004, ajoute-t-il.

Le pays, membre de l’UE et de la zone euro, atteint actuellement le seuil de 2% du PIB, souhaité par l’Alliance atlantique.

– “Visages frais” –

Lié dans le passé par un accord avec le parti Russie unie de Vladimir Poutine, Harmonie est populaire dans la minorité russophone qui représente un quart de la population du pays.

Lors des législatives de 2014, il est arrivé premier, mais n’a pu prendre le pouvoir, tous les autres partis refusant d’entrer en coalition avec lui.

Par conséquent, un gouvernement tripartite a été créé par l’Union des Verts et Paysans (centre-droit), l’Alliance Nationale (droite) et l’Unité (centre-droit).

Cette équipe a remis l’économie du pays sur les rails et la Lettonie a renoué avec la croissance. Mais dans les sondages elle est en perte de vitesse.

Les électeurs “veulent des visages frais. Les ministres actuels n’ont rien d’attrayant à leur proposer. C’est là que le populisme trouve son créneau”, explique le politologue Filips Rajevskis.

D’après les derniers sondages, les Verts et Paysans, à la tête du gouvernement sortant, n’obtiendraient samedi qu’une quinzaine de sièges dans un parlement qui en compte cent. L’Alliance Nationale en aurait treize et l’Unité, rebaptisée Nouvelle Unité, pourrait ne pas franchir le seuil d’éligibilité de 5%.

Harmonie, qui a recruté quelques personnalités d’origine lettone comme têtes de liste, devrait rééditer son succès et avoir au moins 28 députés.

Après une décennie d’échecs, ce parti de centre-gauche pourrait finalement former un gouvernement, en s’alliant avec les populistes de KPV LV.

– Ecoles maternelles –

Ce partenaire potentiel, le parti KPV LV, conduit par l’ancien acteur Artuss Kaimins, arriverait deuxième selon certains sondages qui le créditent d’une quinzaine de sièges.

Cette formation n’a pas de programme précis, mais promet par exemple de multiplier les écoles maternelles et renforcer le financement des services de santé, tout en réduisant le nombre de fonctionnaires.

Le candidat de ce parti pour le poste de Premier ministre, le juriste Aldis Gobzems, a laissé entendre qu’il n’excluait pas une alliance avec Harmonie.

“KPV LV peut travailler avec tous, nous n’avons aucune ligne rouge concernant une autre force politique”, a dit M. Gobzems lors d’un débat politique sur la chaîne TV24.

Seize partis participent aux élections. Les bureaux de vote ouvrent à 5H00 GMT et ferment à 17H00 GMT. Des sondages sortie des urnes doivent être publiés peu après, tandis que les résultats officiels viendront dimanche.

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