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La résistance pacifique se prépare en Catalogne

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La résistance pacifique se prépare en Catalogne

Dans des réunions publiques, des ateliers ou sur les réseaux sociaux, les indépendantistes organisent la résistance pacifique à la prise de contrôle de la Catalogne par le gouvernement espagnol qui veut empêcher la sécession.

La région est sur le qui-vive : si le Sénat approuve vendredi les mesures proposées par le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy, le gouvernement régional de Carles Puigdemont sera destitué, la police autonome, l’administration et le parlement régionaux placés sous la tutelle de Madrid.

“A partir de jeudi nous devons être prêts et disponibles pour manifester dans la rue”, lançait mardi soir Antoni Castella, un député de la coalition du président du gouvernement catalan devant quelque 250 militants de l’association indépendantiste Assemblée nationale catalane (ANC).

– Bataille entre le bien et le mal –

“C’est une bataille entre la démocratie et le totalitarisme. J’oserais dire une grande bataille entre le bien et le mal”, a-t-il déclaré à une audience en majorité âgée qui l’écoutait avec ferveur dans une salle de spectacle de Barcelone.

A quelques kilomètres de là, Eulalia Reguant exhortait les participants d’une réunion publique de la CUP, petit parti d’extrême gauche allié de Carles Puigdemont, à se mobiliser comme ils l’ont fait lors du référendum d’autodétermination du 1er octobre, interdit par la justice.

M. Puigdemont affirme que les résultats de ce scrutin –90% de oui à l’indépendance et 43% de participation, selon lui — lui donnent l’autorité de proclamer unilatéralement l’indépendance de cette région de 7,5 millions d’habitants grande comme la Belgique.

“C’est notre résistance et notre organisation qui nous ont conduit jusqu’au 1er octobre, un trésor que nous devons préserver à tout prix”, a expliqué Eulalia Reguant devant une cinquantaine de militants dans le quartier ouvrier de Sant Andreu.

Des Comités de défense du référendum (CDR), souvent liés à la CUP, s’étaient mobilisés pour barrer aux policiers l’accès au bureaux de vote en formant des chaines humaines ou avec des sit-in.

A plusieurs reprises, les policiers ont forcé le passage à coups de matraque et même de balles de caoutchouc et ces images violentes ont fait le tour du monde.

“Nous devons être prêts à résister sur les lieux de travail, dans les administrations”, a poursuivi Eulalia Reguant. “Nous devons être conscients qu’il y aura répression”.

Antoni Castella insiste pour que les manifestations restent pacifiques. “S’ils nous font basculer dans la violence, le combat est perdu”, a-t-il prévenu.

Ce sont les mêmes consignes que distribue sur les réseaux sociaux, dans des réunions et dans des “ateliers” de résistance pacifique une nouvelle organisation, “En peu de pau” (“debout pour la paix” en Catalan).

Elle fait circuler un “décalogue” du manifestant pacifiste, qui explique comment former des chaînes humaines, en se tenant par les coudes. Comment, dans un sit-in, placer “en première ligne les personnes les plus lourdes, les jambes croisées”, pour que la police ait du mal à les déloger.

Sous les coups de matraque, “protégez les organes vitaux”. “Quand il est nécessaire de prendre des coups, tournez-vous, et protégez votre visage”, prévient le texte qui donne les numéros de téléphone des associations à appeler pour dénoncer des violences policières ou en cas d’arrestation.

– Une photo vaut 1.000 manifestants –

“Une photo vaut plus que 1.000 manifestants”, rappelle le décalogue qui conseille aux militants de prendre des photos et des vidéos des violences dont il seraient témoins.

“Des millions de personnes sont prêtes à aller devant l’assemblée catalane pour empêcher que le président soit arrêté”, a assuré à l’AFP Ruben Wagensberg, fondateur de “En peu de pau”, qui rassemble des collectifs d’étudiants, des associations de parents d’élèves, des syndicats de paysans, de dockers, de pompiers.

Le jeune homme table sur des affrontements avec les forces de l’ordre, même si le ministre espagnol des Affaires étrangères Alfonso Dastis a assuré dimanche à la BBC: “nous n’allons arrêter personne”.

“Parce que certains cherchent le grabuge”, les pompiers font office de service d’ordre, a expliqué Marc Ferran, employé à la protection civile et pompier volontaire, après une réunion de groupe dans un local de Barcelone tenu secret.

“Difficile de contrôler la rage et la colère (…) nous contenons les gens, les éventuels provocateurs ou les agents infiltrés pour briser ces manifestations”, a-t-il déclaré.

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