Home Pure Info La Russie organise des élections régionales en pleine affaire Navalny

La Russie organise des élections régionales en pleine affaire Navalny

0
La Russie organise des élections régionales en pleine affaire Navalny

Les Russes se rendent aux urnes dimanche pour des élections régionales en pleine affaire d’empoisonnement de l’opposant numéro un, Alexeï Navalny, dont les partisans appellent à un “vote intelligent” pour faire chuter les candidats du pouvoir.

Dans 41 régions du plus vaste pays au monde, les électeurs sont appelés à élire leurs gouverneurs, assemblées régionales ou municipales, ainsi que quatre députés du Parlement national. Les autorités ont autorisé un scrutin sur trois jours et des bureaux de vote en plein air, officiellement pour limiter les risques liés au coronavirus.

Cette année, la campagne a été dynamisée par la présence d’opposants, notamment à Novossibirsk (Sibérie), la troisième ville du pays, où une alliance inédite d’une trentaine de candidats indépendants, dont des soutiens de M. Navalny, défie le parti de Vladimir Poutine, Russie Unie.

La campagne y a été particulièrement active, avec par exemple de grands panneaux publicitaires en ville montrant les visages des candidats, en particulier ceux des nouveaux partis. “Dis-leur +Non+!” et “Vote pour changer le système” font notamment partie des slogans les plus visibles.

“Cette année, il y a plus de candidats qui veulent faire des choses concrètes et pas seulement des gens uniquement intéressés par le pouvoir. Il y a plus de jeunes”, a déclaré à l’AFP Maxime Ivanov, juriste de 47 ans venu voter samedi à Novossibirsk.

Sergueï Boïko, candidat de 37 ans bien connu qui a uni l’opposition, se targue d’avoir réussi à “perturber les plans” de Russie Unie et du Parti communiste, qui avaient déjà “divisé les quartiers de la ville entre eux, espérant une campagne facile”.

Désormais, les candidats pro-Kremlin à Novossibirsk “doivent faire campagne activement, rencontrer les électeurs tous les jours, dépenser énormément d’argent”, se félicite-t-il, relevant qu’au sein de sa coalition, “beaucoup de gens participent à la politique pour la première fois”.

– “Vote intelligent” –

Les élections régionales sont aussi une occasion pour l’opposition de mettre une nouvelle fois à l’épreuve sa tactique de “vote intelligent”, qui consiste à appeler à voter pour le candidat le mieux placé pour faire perdre celui du pouvoir.

Cette tactique avait déjà fait ses preuves l’été dernier à Moscou, lors d’élections municipales contestées à l’issue desquelles Russie Unie a perdu de nombreux sièges, au profit principalement des communistes.

Elle a été élaborée par Alexeï Navalny, le principal adversaire du Kremlin dont le spectre plane sur la campagne. Tombé gravement malade en août alors qu’il menait une tournée en Sibérie pour soutenir les candidats d’opposition et enquêter sur la corruption des élites locales, il est actuellement hospitalisé à Berlin.

Selon ses médecins allemands, M. Navalny a été empoisonné en Russie par un agent innervant de type Novitchok, substance conçue par des spécialistes soviétiques à des fins militaires. L’opposant de 44 ans n’est sorti du coma que lundi.

L’Allemagne et les Occidentaux ont sommé les autorités russes à s’expliquer et à traduire les responsables en justice, tandis que le Kremlin continue de mettre en doute la version de l’empoisonnement et à dénoncer des accusations infondées, malgré les menaces de nouvelles sanctions.

Les soutiens de l’opposition ont également fait l’objet d’attaques, de pressions et de menaces tout au long de la campagne.

Hormis Russie Unie et les traditionnels Parti communiste et LDPR (nationalistes), le scrutin compte également des candidats de quatre nouvelles formations — axées respectivement vers le conservatisme, les entrepreneurs, l’écologie ou les nouvelles technologies — mais soupçonnées d’avoir été encouragées par le pouvoir pour diviser l’électorat que vise l’opposition et donner un vernis pluraliste aux scrutins.

Dans un contexte économique et social difficile, d’accusations de corruption et d’une impopulaire réforme des retraites en 2018, la popularité du parti de Vladimir Poutine s’érode avec seulement 30% d’opinions favorables, selon les derniers sondages.

Ces scrutins locaux et régionaux interviennent à un an des élections législatives de septembre 2021.

© 2020 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.