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Lacrymogènes et cocktails Molotov: Hong Kong plonge dans de nouvelles violences

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Lacrymogènes et cocktails Molotov: Hong Kong plonge dans de nouvelles violences

Hong Kong a plongé dimanche soir dans de nouvelles violences, la police ayant recours aux lacrymogènes et canons à eau contre des militants pro-démocratie qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov lors d’une manifestation interdite.

Des dizaines de milliers de personnes avaient bravé cet interdit pour descendre à nouveau dans les rues et se répandre dans les artères allant de Causeway Bay à Central, les quartiers du centre de l’île de Hong Kong.

Et, dans un spectacle devenu très courant en plus de trois mois de contestation, le rassemblement a dégénéré en violences entre policiers et groupuscules radicaux qui tentaient de s’en prendre au complexe abritant le siège de l’exécutif.

Les forces de l’ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et les canons à eau ont projeté leur liquide coloré en bleu sur les manifestants qui avaient lancé des pierres et des cocktail Molotov par-dessus les barrières érigées autour du complexe gouvernemental.

L’ex-colonie britannique traverse depuis précisément 99 jours sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions et manifestations quasi-quotidiennes pour demander des réformes démocratiques ou dénoncer une riposte policière jugée brutale par les contestataires.

– “Déçu par la Grande-Bretagne” –

Cette mobilisation est un défi sans précédent pour le gouvernement central chinois et pour l’exécutif hongkongais.

Conformément à la Déclaration sino-britannique de 1984 qui avait présidé à la rétrocession, Hong Kong est une région semi-autonome dirigée sous le principe “Un pays, deux systèmes”, et jouit à ce titre de libertés inconnues dans le reste de la Chine, et ce jusqu’en 2047.

Mais les militants pro-démocratie accusent Pékin de s’asseoir sur ses promesses en augmentant son emprise politique sur le petit territoire et en refusant de lui accorder un véritable suffrage universel.

Avant que le centre-ville ne replonge en fin de journée dans le chaos, des manifestants s’étaient rassemblés aux abords du consulat de Grande-Bretagne pour demander à Londres d’en faire davantage pour protéger les habitants de son ancienne colonie.

Des centaines de personnes ont chanté l’hymne britannique en brandissant l'”Union Jack” ainsi que la bannière de l’ancienne colonie hongkongaise.

“Je suis plutôt déçu du fait que la Grande-Bretagne n’ait rien fait pour nous soutenir”, confiait à l’AFP Alex Leung, un manifestant.

“La Déclaration commune sino-britannique est NULLE”, pouvait-on lire sur une pancarte.

– Nationalité britannique –

Plusieurs manifestants demandaient la possibilité d’obtenir la nationalité britannique ou d’un autre pays du Commonwealth.

Des centaines de milliers de Hongkongais ont obtenu avant ou après la rétrocession un passeport particulier émis par Londres et réservé aux “citoyens britanniques de l’étranger” (“British National Overseas”, BNO), un titre qui facilite les entrées en Grande-Bretagne mais ne donne aucun droit de travail ou de résidence.

“Au moins, avec la citoyenneté pleine et entière, ils pourraient protéger les Hongkongais face au gouvernement chinois”, a déclaré Anthony Chau, un manifestant titulaire d’un passeport BNO.

Environ 130 parlementaires britanniques ont signé cette semaine une lettre ouverte appelant la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth à accueillir les Hongkongais qui souhaiteraient émigrer.

La crise est née en juin du rejet d’un projet de loi hongkongais, désormais enterré, qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.

Pékin a plusieurs fois accusé cette mobilisation d’être en fait financée par des capitaux étrangers, en montrant du doigt la Grande-Bretagne et les Etats-Unis, mais sans étayer ses dires.

– Sensibiliser l’étranger –

La Grande-Bretagne est de son côté sur la corde raide. Elle a à coeur de préserver sa relation avec la puissance économique qu’est la Chine, en particulier dans le contexte très incertain du Brexit.

Mais elle a également fait part de ses préoccupations quant à l’évolution récente de son ex-colonie, en expliquant avoir l’obligation de veiller au respect de la Déclaration sino-britannique.

“La Déclaration conjointe est un traité légalement contraignant entre la Grande-Bretagne et la Chine qui est aussi contraignant aujourd’hui que quand il a été signé et ratifié il y a plus de 30 ans”, avait observé en juin une porte-parole du Foreign Office.

Les manifestants hongkongais ont ces derniers temps intensifié leurs efforts pour sensibiliser la communauté internationale.

Figure du “Mouvement des parapluies” de 2014, Joshua Wong est actuellement aux Etats-Unis, où il a appelé le président Donald Trump à inclure une clause sur les droits humains dans ses négociations commerciales avec la Chine. Il a rencontré il y a quelques jours le ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas.

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