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L’affaire Polanski : un feuilleton judiciaire qui chamboule Hollywood depuis 40 ans

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L’affaire Polanski : un feuilleton judiciaire qui chamboule Hollywood depuis 40 ans

En 1977, Roman Polanski reconnaissait avoir eu une relation sexuelle avec une adolescente de 13 ans. Les parents de la jeune femme ont porté plainte pour viol. 40 ans plus tard, l’affaire Polanski demeure.

Il est aujourd’hui “le paria” d’Hollywood, et son épouse Emmanuelle Seigner le condamne fermement. Le grand metteur en scène Roman Polanski, exclu de l’Académie des Oscars en mai dernier, fait trembler le monde du cinéma depuis plus de quarante ans, en raison d’une affaire médiatico-judiciaire gravée dans le marbre. Intangible, ladite affaire demeure depuis plus de 40 ans.

Dans une tribune publiée dans le JDD, Emmanuelle Seigner annonce refuser de rejoindre l’Académie des Oscars, préférant rester solidaire de son époux : “On le décrit depuis son emprisonnement en Suisse comme le pervers qu’il n’a jamais été. Je suis la seule à pouvoir témoigner à quel point il regrette ce qui s’est passé il y a quarante ans (…) Samantha Geimer, sa seule et unique victime, demande depuis des années le classement de l’affaire, mais les juges et médias refusent obstinément de l’écouter (…) Depuis les nazis de son enfance jusqu’à ces dernières années, on condamne Roman à fuir perpétuellement, sans la moindre volonté d’une partie des médias de regarder le dossier de sa vie avec les yeux clairs”.

1977 : début de l’affaire et emprisonnement

En 1977, Roman Polanski, 43 ans, a une relation sexuelle avec une adolescente mineure âgée de 13 ans, dans la maison de Jack Nicholson. Les parents de Samantha Geimer portent plainte pour viol. Le metteur en scène hollywoodien, à qui l’on doit déjà de nombreuses pépites cinématographiques comme Chinatown et Le Bal des vampires, plaide dans un premier temps non coupable. Six mois plus tard, Roman Polanski change sa stratégie et reconnaît le détournement de mineure. Il est condamné à trois mois de prison pour subir des examens mentaux.

Incarcéré dans l’hôpital-prison de Chino en décembre 1977, Roman Polanski ressort après 47 jours pour bonne conduite. Quelques jours seulement après sa libération, le réalisateur décide de fuir Hollywood et rejoint la France. Un choix motivé par la peine maximale de 50 ans que risque le metteur en scène aux Etats-Unis. S’il ne remet alors plus les pieds aux USA, Roman Polanski continue toutefois de pouvoir se déplacer en toute liberté dans tous les autres pays du globe.

En 1994, le procureur Roger Gunson ordonne à Roman Polanski de se présenter devant la Cour, envisageant d’éviter au metteur en scène la prison. Quelques mois auparavant, Roman Polanski avait payé 225 000 dollars à Samantha Geimer en vue de mettre un terme au procès civil. En 2003, la plaignante “pardonne” publiquement à Roman Polanski, mais confirme le viol : “Il m’a fait boire du champagne et avaler du Quaalude, et a abusé de moi”. La même année, le réalisateur du Pianiste reçoit un Oscar, mais est absent de la cérémonie.

2009 : prison et assignation à résidence suisse

En septembre 2009, l’affaire Polanski rebondit. Le metteur en scène est arrêté à Zurich où il s’était rendu pour participer à un festival. Un accord américano-suisse envoie directement Roman Polanski “en détention provisoire en vue d’extradition”. Une extradition que les USA avaient réclamée il y a plusieurs années déjà. En novembre, Roman Polanski est libérable sous caution d’extradition, mais le metteur en scène refuse catégoriquement. Il est alors assigné à résidence dans son chalet familial à Gstaad. La justice américaine, elle, est inflexible.

Soutenu par Samantha Geimer en personne, Roman Polanski espère être absout, mais l’actrice britannique Charlotte Lewis sort de son silence, et accuse le metteur en scène de l’avoir sexuellement abusée au début des années 1980. Les avocats de Roman Polanski menacent l’actrice de poursuites judiciaires. Quelques années plus tard, les Etats-Unis tentent de faire arrêter Roman Polanski en Pologne, mais le metteur en scène est rapidement remis en liberté.

2018 : exclusion de l’Académie des Oscars

En 2015, toujours considéré comme un fugitif par la justice américaine, Roman Polanski refuse de se rendre aux autorités. Le tribunal de Los Angeles refuse d’abandonner les poursuites. Une demande d’extradition émise par les USA à destination de la Pologne est faite, mais le tribunal de Cracovie la rejette. En décembre 2016, la justice polonaise refuse définitivement de faire extrader Roman Polanski : “Je me réjouis surtout que cette affaire soit définitivement close” commente alors publiquement l’époux d’Emmanuelle Seigner.

En 2017, l’Académie des Césars demande à Roman Polanski de présider leur 42ème cérémonie, mais la nomination provoque un tollé. Une pétition féministe est lancée sur le web et recueille 60 000 signatures. Roman Polanski annonce finalement renoncer à présider les Césars. En mai 2018, quelques mois après la libération de la parole des femmes victimes de violences sexuelles, Roman Polanski est exclu définitivement de l’Académie des Oscars, au même titre que Bill Cosby.