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L’Afghanistan et la “menace” de l’EI dans tous les esprits au sommet régional de Bagdad

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L’Afghanistan et la “menace” de l’EI dans tous les esprits au sommet régional de Bagdad
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L’arrivée des talibans au pouvoir en Afghanistan et la “menace” que continue de représenter le groupe Etat islamique (EI), auteur du sanglant attentat de Kaboul, seront l’objet de toutes les préoccupations à la conférence régionale qui s’ouvre samedi à Bagdad, en présence notamment d’Emmanuel Macron.

“Nous savons tous qu’il ne faut pas baisser la garde, car Daech (acronyme arabe de l’EI) demeure une menace”, a déclaré le président français à l’issue d’une rencontre avec le Premier ministre irakien, Moustafa al-Kazimi, en prélude à cette conférence où sont aussi attendus les ministres iranien et saoudien des Affaires étrangères et le roi de Jordanie Abdallah II.

“Je sais que le combat contre ces groupes terroristes est une priorité de votre gouvernement”, a-t-il ajouté à l’adresse de M. Kazimi.

L’Irak, où des cellules de l’EI continuent de mener des attentats quatre ans après sa défaite militaire, et la France “sont des partenaires clés dans la guerre contre le terrorisme”, a répondu le chef du gouvernement irakien.

Paris fournit en effet à l’Irak un appui militaire, notamment aérien, avec en moyenne 600 hommes sur place dans le cadre de la coalition internationale qui continue de livrer bataille contre l’EI.

Par cette conférence régionale, l’Irak entend “désamorcer” les tensions entre l’Iran et l’Arabie saoudite qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 2016, selon un conseiller de M. Kazimi.

Les déclarations de M. Macron et du Premier ministre irakien sur l’EI ont déjà donné le ton de cette conférence. Après la prise du pouvoir par les talibans en Afghanistan et l’attentat jeudi à l’aéroport de Kaboul mené par une branche de l’EI, qui a fait des dizaines de morts parmi lesquels 13 soldats américains, la lutte contre les jihadistes devraient dominer les débats.

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M. Macron se rendra dimanche au Kurdistan irakien, où il saluera la lutte des Kurdes contre l’EI, puis à Mossoul, symbole de la victoire contre le groupe radical qui l’a occupée de 2014 à 2017.

La situation en Irak est cependant différente de celle en Afghanistan. L’armée se battait il y a quatre ans encore avec la coalition internationale contre l’EI, avant de déclarer “victoire” fin 2017.

Quatre ans plus tard, des cellules jihadistes continuent de mener ponctuellement des attaques. Le dernier attentat suicide d’envergure revendiqué par l’EI a fait plus de 30 morts dans le quartier chiite de Sadr City à Bagdad en juillet.

L’EI “dispose toujours de dizaines de millions de dollars et il va sans doute continuer à rétablir ses réseaux en Irak et en Syrie”, note Colin Clarke, directeur de recherche du Soufan Center, un groupe de réflexion en géopolitique basé à New York.

Les jihadistes sont aussi actifs en Afrique. La zone “des trois frontières” entre Burkina-Faso, Niger et Mali est ainsi régulièrement frappée par les actions meurtrières de groupes liés à Al-Qaïda et à l’EI.

– L’EI galvanisé ? –

En Afghanistan, l’EI est “l’ennemi juré” des talibans, explique Rasha al-Aqeedi, chercheuse au Newlines Institute aux Etats-Unis, mais leur “victoire” en Afghanistan pourrait “galvaniser” l’EI, le poussant à “montrer qu’il est toujours bien présent” en Irak.

Quelque 2.500 soldats américains sont toujours déployés en Irak. Ils se cantonneront officiellement à un rôle de “conseillers” des forces de sécurité irakiennes dès 2022.

Et pour Rasha al-Aqeedi, si le niveau de l’armée irakienne “n’est pas idéal”, “les Américains pensent que cela suffit pour qu’ils puissent à terme quitter l’Irak sans craindre que le pays ne revive ce qu’il s’est passé en 2014”, lors de la débandade des soldats irakiens face aux jihadistes.

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Ensuite, l’Irak compte de nombreuses et très controversées factions paramilitaires pro-Iran regroupées au sein du Hachd al-Chaabi, une organisation créée pour épauler l’armée dans sa lutte contre l’EI. Depuis, le Hachd al-Chaabi a été intégré à l’Etat, mais ses détracteurs l’accusent de ne répondre qu’à Téhéran et d’assassiner et d’enlever des militants antipouvoir.

Les relations de l’Irak avec son grand voisin iranien devraient également être évoquées lors de la conférence de samedi, autant que les tensions entre Téhéran et Ryad.