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L’armistice de 1918, un document unique en son genre

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L’armistice de 1918, un document unique en son genre

Le Service historique de la Défense expose au château de Vincennes la convention originale d’armistice signée le 11 novembre 1918. Le contenu de document qui a marqué l’Histoire de France est finalement peu connu.

De la signature de l’armistice, le 11 novembre 1918, nous avons tous une seule image en tête : celle du wagon, dans la clairière de Rethondes, là où se sont retrouvés les représentants des Alliés et de l’Allemagne pour mettre fin à un conflit de plus de quatre ans. De cette date historique, il reste aussi une trace écrite : la convention d’armistice.

Pour la première fois, le Service historique de la Défense (SHD) a décidé de l’exposer au public dans ses locaux au château de Vincennes. “C’est un document d’une très grande valeur, le document du centenaire ! Il est unique. Personne d’autre ne l’a”, souligne Sylvie Yeomans, chef du bureau communication et valorisation du SHD. “C’était le moment de le montrer à tous. La Grande Guerre a touché tout le monde et reste ancrée dans toutes les familles”.

Imposer des conditions très strictes

Un grand registre ouvert, des feuilles de papier un peu jaunies et six signatures en bas de page qui ont mis fin à une hécatombe. De cette convention, seule la 13e et dernière page est présentée. L’exposition qui l’entoure raconte comment cet armistice a été négocié.

En cette fin d’année 1918, l’Allemagne est dans une situation intenable. Affaiblie militairement, elle voit ses alliés se retirer peu à peu du conflit et connait une situation politique intérieure explosive. “Le 4 octobre 1918, elle demande officiellement l’armistice aux Alliés par l’entremise du président américain Wilson”, explique Pierre Chancerel, conservateur du patrimoine et commissaire de l’exposition”. “Du 4 au 24 octobre 1918, des négociations sont menées dans le camp allié. L’Allemagne demande l’armistice, mais qu’est-ce que cela implique ? Les Alliés ont peur qu’elle ne cherche à bénéficier d’une trêve pour reprendre les armes au printemps. Il faut donc imposer des conditions très strictes”.

À l’issue de toutes ces négociations, début novembre, les Alliés sont finalement d’accord pour présenter un texte. Une délégation allemande présidée par Matthias Erzberger, un ministre d’État, traverse la ligne de front pour parvenir jusqu’à Rethondes. “Ce lieu a été choisi car il fallait qu’ils puissent négocier dans le calme, loin de toute pression. Il ne fallait surtout pas ébruiter la nouvelle de l’Armistice. L’armée avait peur que cela casse le moral des soldats et il fallait qu’ils tiennent jusqu’au bout”, décrit Pierre Chancerel. “Rethondes avait aussi l’avantage de ne pas être très loin du quartier général du Maréchal Foch à Senlis”.

La rencontre dans le wagon, à Rethondes, reprise en dessin dans “Le Miroir”, le 24 novembre 1918

© SHD

À l’arrivée de la délégation allemande, l’ambiance est glaciale. En cette nuit du 11 novembre, les ultimes discussions durent entre 2h et 5h du matin. Alors que le général Weygand, major général des armées alliées et plus proche collaborateur du maréchal Foch, donne lecture de chaque article, les Allemands ont peu de marge de manœuvre et n’arrivent à obtenir que de rares concessions. Les deux parties se mettent finalement d’accord sur un texte de 13 pages comportant 34 clauses, allant de l’évacuation des territoires, au remboursement des dommages de guerre, en passant par des livraisons de matériel militaire, jusqu’à la gestion du retour des prisonniers. “Ce sont toutes les exigences qui sont imposées par les Alliés aux Allemands”, résume Pierre Chancerel. “La volonté était vraiment de mettre l’Allemagne hors de combat”.

Devant le wagon où a été signé l’armistice, le maréchal Foch prêt à partir pour Paris avec l’original de la convention

© Collection La Contemporaine

L’armistice met fin aux hostilités sans mettre fin à la guerre

La convention d’armistice est signée à 5h15 du matin. “Elle correspond à une cessation des hostilités. Le document qui met fin à la guerre, c’est vraiment le traité de Versailles signé en juin 1919. À partir de l’armistice, on est toujours en guerre, mais on ne se bat plus. On prépare la paix”, précise le commissaire de l’exposition. “La durée de l’armistice est d’ailleurs fixée à 36 jours. Le document a été prolongé à trois reprises, en décembre, en janvier et en février”.

À 11h, le 11e jour du 11e mois, le temps que les informations parviennent jusqu’aux soldats, le texte entre en vigueur. Les tirs cessent enfin. Du côté allemand, un autre exemplaire quitte Rethondes pour rejoindre le Grand quartier général à Spa, en Belgique. Il a depuis été perdu. Celui de Vincennes est donc l’unique exemplaire restant.

La 13e et dernière page de la convention d’armistice

© SHD

“Ce n’est pas forcément le plus beau document du service. La mise en page est sobre, mais il a une énorme valeur”, note Pierre Chancerel. “Il fait partie de ces rares documents, dont on connaît l’existence sans les avoir vus”. Une fois l’exposition terminée, le 22 janvier 2019, il retrouvera son coffre-fort, protégé dans une mallette en bois. Dans un bureau du SHD, il y côtoie d’autres archives remarquables comme des documents signés par Napoléon ou le dossier personnelle militaire de Charles de Gaulle. Malgré ces mesures de sécurité, l’armistice est désormais accessible à tous. Il a en effet été numérisé et est consultable sur le site Internet du SHD.

Première publication : 08/11/2018

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