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L’avenir de l’UE s’invite au sommet “numérique” de Tallinn

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L’avenir de l’UE s’invite au sommet “numérique” de Tallinn

L’Estonie réunit vendredi à Tallinn les dirigeants européens pour un sommet “numérique”, un dossier qui lui tient à coeur mais qui risque d’être en partie éclipsé par les débats encore brûlants sur l’avenir de l’Europe lancés par le président français Emmanuel Macron.

La discussion devrait notamment porter dans l’après-midi sur une proposition de M. Macron visant à mieux taxer en Europe les géants du numérique, comme Apple ou Google, accusés de pratiquer l’optimisation fiscale.

“Ce thème sera le plus controversé” du sommet, bien qu’il ne soit pas officiellement inscrit à l’agenda, a prévenu une source européenne.

Au-delà de la question numérique, le débat sur l’avenir de l’UE devrait aussi occuper la journée de vendredi, à un moment où l’Europe cherche une nouvelle voie, notamment après le traumatisme du vote britannique en faveur du Brexit.

Le sujet était au menu jeudi soir d’un dîner informel entre les dirigeants européens, qui ont discuté du discours d’Emmanuel Macron mardi à La Sorbonne en faveur d’une Europe “à plusieurs vitesses” autour d’un couple franco-allemande consolidé.

“Je vois (…) dans le discours du président une bonne base afin de continuer à travailler de façon intensive entre l?Allemagne et la France”, a affirmé jeudi la chancelière allemande Angela Merkel, estimant qu’il existait “un large consensus” entre les deux pays sur les réformes à mener dans l’UE.

– ‘Maintenir l’unité’ –

“Nous devons naturellement parler encore des détails, mais je suis fermement convaincue que l’Europe ne peut pas en rester là” et “qu’elle doit encore se développer à l’avenir”, a-t-elle souligné.

Les deux dirigeants se sont entretenus en tête-à-tête pendant une demi-heure jeudi soir, en anglais, sans entrer dans les détails des propositions françaises, selon l’Elysée, notamment celles sur la zone euro, les plus sensibles pour Berlin.

Le Français aimerait créer un gouvernement économique de la zone euro, avec un ministre et un budget propres, contrôlés par un parlement.

Mais après une victoire étriquée aux législatives dimanche, Mme Merkel n’a d’autre choix que de trouver un accord pour gouverner avec les Libéraux du FDP, opposés aux idées de Paris sur la question.

“Je vois de façon positive les initiatives en direction d’une Europe de la Défense et aussi d’une Europe dans laquelle nous gérons ensemble la question de la politique migratoire”, a préféré insister la chancelière allemande.

A l’issue du repas, les Européens ont réaffirmé leur “volonté forte et partagée de maintenir l’unité” de l’UE, se disant par ailleurs “ouverts” aux “nouvelles idées” sur l’Europe, a rapporté une source européenne.

La Première ministre britannique Theresa May a elle aussi participé au dîner, alors que le Royaume-Uni –sur la voie du divorce avec l’Union– n’avait pas été convié aux précédentes rencontres informelles sur l’avenir de l’UE. Selon une source européenne, une rencontre entre Mme May et Mme Merkel est prévue vendredi matin.

– Optimisation fiscale –

Parmi les sujets au programme du sommet vendredi, la cybersécurité ou la libre-circulation des données, que l’Estonie, petit pays balte à l’avant-garde sur le numérique, considère comme une priorité pour l’UE.

La proposition française visant à mieux taxer les grands groupes du numérique doit permettre de lutter contre l’optimisation fiscale de ces sociétés, qui transfèrent artificiellement les bénéfices réalisés dans toute l’UE dans un seul Etat membre –comme l’Irlande ou le Luxembourg– où elles bénéficient d’un taux d’imposition avantageux.

La France aimerait appliquer une taxe sur le chiffre d’affaires généré dans chaque pays européen et non pas sur les bénéfices.

L’idée a reçu le soutien d’une dizaine de pays, dont l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne, mais l’Irlande y est farouchement opposée.

Les Européens ambitionnent de s’entendre sur une approche commune en décembre, à la suite de quoi la Commission européenne serait chargée de concocter une proposition législative en 2018.

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