Empilées en vrac dans un hangar de l’usine chimique AZF, dans la banlieue sud de l’agglomération, quelque 300 tonnes de nitrate d’ammonium ont subitement explosé et fait souffler un vent de mort et de désolation sur la quatrième ville de France.
Partout, c’est la panique. Sonnés par la déflagration, les Toulousains ouvrent les yeux sur un spectacle dantesque. Du sud au centre de la ville, les rues sont couvertes d’un tapis crissant d’éclats de vitres. Dans les bureaux, les logements, les magasins, les faux plafonds n’ont pas résisté, les portes ont été arrachées. Le verre pique les visages et le sang coule. “C’était comme un bombardement”, rapportent plusieurs témoins.
En quelques secondes, les pompiers et la police sont submergés d’appels. Des personnes affolées rapportent des explosions au magasin Marks and Spencer’s, devant le palais de justice, au marché Victor-Hugo ou au Mirail. “La déflagration était telle que chacun a cru à une explosion à sa porte”, expliquera le chef des pompiers, le colonel Claude Donin.
“Les informations étaient folles, on voyait des bombes partout”, se souvient Pierre Tristan, alors numéro deux de la police toulousaine.
– “C’est la guerre” –
Au fur et à mesure qu’il s’approche du lieu de l’explosion, le commissaire Tristan prend la mesure de la catastrophe.
Au bas de la route, l’usine AZF n’existe plus. Bâtiments de béton éventrés, poutrelles pliées par la violence de la déflagration, le hangar désintégré a cédé la place à un cratère impressionnant: 10 m de profondeur pour 50 m de diamètre. “C’est la guerre”, répètent les rescapés.
A proximité, un magasin d’électroménager s’est écroulé, les toits du dépôt de bus se sont envolés, l’hôpital psychiatrique Gérard-Marchant a été balayé. Très vite, les secours s’organisent.
Mais une autre menace plane: un épais nuage orangé, peut-être toxique, au-dessus de l’usine, se déplace vers le centre-ville. Réunie en cellule de crise, la préfecture donne l’ordre à la population de rester confinée.
Les secouristes portent des masques à gaz, les habitants des mouchoirs. La panique gagne.
Le bilan final atteindra 31 morts et plusieurs milliers d’autres victimes. Le verdict des sismographes tombe: l’équivalent d’un séisme de 3,4 degrés sur l’échelle de Richter a frappé…