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Le Bangladesh craint un boom des naissances dans les camps rohingyas

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Le Bangladesh craint un boom des naissances dans les camps rohingyas

Par crainte d’un boom des naissances dans les camps déjà surpeuplés et insalubres de réfugiés rohingyas, le Bangladesh a débuté des distributions de kits contraceptifs aux membres de cette communauté musulmane qui a fui les violences en Birmanie.

Au vu des gigantesques déplacements de populations provoqués par le conflit dans l’ouest birman, Dacca redoute que les réfugiés ne s’installent sur son territoire pour un bon moment et se prépare à gérer cette crise humanitaire dans la durée.

Les autorités sanitaires du Bangladesh espèrent limiter les grossesses non désirées parmi les réfugiés, qui pourraient entraîner des avortements dangereux et une hausse de la mortalité maternelle.

Des volontaires et employés du planning familial ont commencé cette semaine à distribuer des préservatifs aux hommes et des pilules contraceptives aux femmes, et à sensibiliser des centaines de familles rohingyas au contrôle des naissances.

Plus de 420.000 réfugiés de cette communauté persécutée en Birmanie sont arrivés au Bangladesh depuis le 25 août, submergeant ce pays à majorité musulmane parmi les plus pauvres du monde.

“Nous sommes très inquiets. S’ils sont là pour encore six mois à un an, 20.000 enfants naîtront”, explique à l’AFP Pintu Kanti Bhattacharjee, directeur du planning familial de Cox’s Bazar (sud).

Marginalisés depuis des décennies en Birmanie, les Rohingyas étaient interdits d’accès aux hôpitaux et aux écoles. Les autorités bangladaises ont constaté qu’ils ne semblent pas au courant des méthodes contraceptives.

“Chacun d’entre eux a six-sept-huit-neuf-dix-enfants”, s’alarme M. Bhattacharjee.

Le Bangladesh, qui comptait avant même le 25 août au moins 300.000 réfugiés rohingyas, poussés par des vagues de violences précédentes, a vu débarquer dans la marée humaine actuelle près de 70.000 femmes enceintes ou ayant tout juste donné naissance.

– “Devoir religieux” –

Mujibur Rahman, un Rohingya de 25 ans qui a trouvé abri à proximité du grand camp de Kutupalong, a reçu des préservatifs et des pilules contraceptives. Mais le jeune homme ne paraît pas être au fait de leur usage.

“Le gouvernement bangladais fait preuve d’une grande compassion envers nous. Quoi qu’ils fassent, ils sont très bienfaisants. Ces préservatifs et pilules nous aideront sans aucun doute”, a-t-il dit à l’AFP.

Ces distributions n’étaient cependant pas vues d’un bon ?il par tous dans la communauté rohingya, notamment parmi les musulmans les plus religieux.

“Ils m’ont donné un paquet. Je croyais que c’était une ration de nourriture”, déclare Mohammad Mostafiz, un Rohingya de 40 ans aux deux épouses et quatorze enfants.

“C’est notre devoir religieux que d’avoir des enfants. Prendre des médicaments pour ne pas avoir d’enfants est un péché. Je ne pense pas que ma famille utilisera cela”, ajoute-t-il.

La communauté internationale a salué la décision de la Première ministre Sheikh Hasina d’ouvrir les frontières de son pays aux cohortes de Rohingyas.

Cette dernière a promis de construire de nouveaux camps de réfugiés suffisamment grands pour accueillir 400.000 personnes.

Mais elle a aussi remis au goût du jour un projet controversé de déménager les Rohingyas sur une île déserte du golfe du Bengale, sujette aux inondations et qui nécessite d’énormes investissements et travaux d’infrastructures.

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