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Le climat, l’autre enjeu des élections britanniques

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Le climat, l’autre enjeu des élections britanniques

Dans la ville balnéaire de Brighton and Hove (sud de l’Angleterre), seule circonscription du Royaume-Uni à compter une députée écologiste, l’environnement compte autant que le Brexit pour les élections législatives de la semaine prochaine.

“C’est le seul véritable enjeu… Tout le reste n’est que théorie !”, martèle Mike Pelton, 60 ans, partisan des Verts, en discutant avec le candidat local du parti. “C’est ce que je gueule dans les pubs à qui veut bien m’entendre”, ajoute-t-il.

La ville balnéaire est depuis longtemps un bastion acquis à la cause écologique: c’est la première, et la seule circonscription, à avoir choisi une députée écologiste lors des trois dernières élections législatives.

Depuis peu, ces préoccupations environnementales ont gagné du terrain au niveau national, permettant aux Verts de multiplier par trois leur nombre d’élus lors des élections locales de mai dernier puis de coiffer au poteau le Parti conservateur au pouvoir lors des européennes organisées le même mois, en remportant sept sièges.

Devant l’intérêt croissant des électeurs, les autres partis ont promis un éventail de mesures écologiques lors de la campagne des législatives du 12 décembre, s’engageant à planter des dizaines de millions d’arbres chaque année ou à atteindre la neutralité carbone au plus vite.

L’environnement “n’a jamais constitué un tel enjeu électoral”, a jugé David Timms, de l’ONG Les amis de la Terre. Mais pour lui, “tous les politiciens ne répondent pas de la même manière” à cette “crise” écologique.

– “Convertie” –

Alors que la chaine de télévision Channel 4 a diffusé la semaine dernière le tout premier débat entre les chefs de partis uniquement dédié à l’urgence climatique, certains, comme le Premier ministre conservateur Boris Johnson, ont surtout brillé par leur absence.

D’autres se sont vus reprocher la faiblesse de leur programme face à l’ampleur de la tâche.

“Le climat est un enjeu majeur mais je n’ai pas l’impression que ce soit vraiment leur priorité”, s’est désolé un électeur de 38 ans de la circonscription de Hove voulant rester anonyme, “On ne veut plus de belles paroles, on veut des actes”.

Avec une ligne politique bien identifiée, les Verts espèrent attirer ces électeurs soucieux de l’état de la planète.

Ollie Sykes, le candidat du parti à Hove, raconte qu’un habitant a récemment comparé les Verts à l’entreprise Apple: bizarre et intéressant un public restreint il y a trente ans, mais désormais essentielle et grand public.

“Nous apprécions évidemment de voir fleurir des politiques +vertes+, d’où qu’elles viennent”, a déclaré M. Sykes à l’AFP, “mais je m’interroge sur la sincérité de certains partis”.

Parmi les trois circonscriptions de la ville, celle de Hove est depuis longtemps un bastion travailliste et M. Sykes et sa petite équipe de militants se démènent pour convaincre les électeurs, parfois avec succès.

“Je ne vote pas habituellement pour les Verts (…) mais là je me suis convertie”, confesse Nicole Mamane, 51 ans, qui vit dans la circonscription depuis plus de seize ans.

Du côté de l’équipe de campagne, Celia Godsall, retraitée, explique avoir pendant longtemps été fidèle aux travaillistes, avant de soutenir les Verts, encouragée par sa petite-fille de huit ans. “Et maintenant me voilà à toquer aux portes !”, plaisante-t-elle.

– Brexit –

Au niveau national, les Verts ont conclu une alliance anti-Brexit avec les Libéraux-démocrates et les nationalistes gallois du Plaid Cymru dans 59 circonscriptions.

Le parti représentera le camp du maintien dans l’Union européenne au sein de dix de ces circonscriptions, dont celle de Brighton Pavilion, remportée trois fois depuis 2010 par sa cheffe Caroline Lucas, donnée gagnante à cette élection.

Même si l’urgence climatique a pris du poids, le Brexit reste le grand sujet de ces élections, voulues par le Premier ministre conservateur Boris Johnson pour sortir de l’impasse au Parlement, divisé sur le sujet.

“L’environnement attire davantage l’attention mais le Brexit continue de prendre toute la place”, regrette Sue Sanks, 64 ans, conseillère verte à Brighton.

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