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Le Gendarme – “Soeur Clotilde” : Qu’est devenue France Rumilly ?

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Le Gendarme – “Soeur Clotilde” : Qu’est devenue France Rumilly ?

Chef d’oeuvre de la comédie résistant à l’épreuve du temps, la saga du Gendarme de Saint-Tropez peut compter sur sa galerie de personnages irrésistibles pour garder toute sa vigueur et assurer sa longévité. Derrière l’électrique Cruchot (Louis de Funès) et le bien brave Gerber (Michel Galabru), il y a bien sûr la brigade des victimes expiatoires – Fougasse (Jean Lefebvre), Merlot (Christian Marin), Tricard et Berlicot (Guy Grosso et Michel Modo) -, mais aussi des figures féminines qui ne manquent pas de piquant : Nicole Cruchot (Geneviève Grad), ravissante fille du héros qui n’en fait qu’à sa tête, Josépha (Claude Gensac), son épouse d’une allure folle, ou encore… Soeur Clotilde, qui a le don pour devenir la sainte patronne des causes désespérées, surgissant à point nommé au cours des aventures rocambolesques de notre bon gendarme pour lui prêter assistance… et lui causer quelques frayeurs.

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Personnage voulu par Louis de Funès et incarné par l’actrice France Rumilly, qu’il imposa à Jean Girault, Soeur Clotilde, sémillante folle du volant, débarque ainsi providentiellement – et sur les chapeaux de roues – dans chacun des épisodes de la série réalisée par Jean Girault : Le Gendarme de Saint-Tropez (1964), Le Gendarme à New York (1965), Le Gendarme se marie (1968), Le Gendarme en balade (1970), Le Gendarme et les Extra-terrestres (1979) et Le Gendarme et les Gendarmettes (1982). “Les spectateurs attendaient “la” scène avec la religieuse – comme ils guettaient “la” scène avec Q dans James Bond. C’est devenu une figure imposée“, se souviendra l’actrice bien longtemps après, observant en 2019 dans un entretien avec Var-Matin que la soeur n’est à proprement parler devenu un personnage récurrent qu’à partir du troisième volet. Sa conduite… sportive et ses embardées redoutées par Cruchot – la plupart du temps en “dodoche” (2CV), mais aussi occasionnellement en side-car, autant de cascades dont le doublage était assuré par la star du genre Rémy Julienne -, son rire tonitruant, son style déjanté et sa bonne humeur à toute épreuve l’ont inscrite au panthéon des seconds rôles les plus populaires et semblaient pouvoir augurer d’une belle carrière pour son interprète. Mais l’étiquette et la cornette ont été bien difficiles à enlever pour celle qui avait fait ses débuts au cinéma en jouant… la fille de Louis de Funès !

Le duo s’était en effet formé en 1962 devant la caméra de Jack Pinoteau pour l’un des segments du film à sketchs Les Veinards (coréalisé avec… Jean Girault et Philippe de Broca). Jack Pinoteau avait dans la foulée confié à France Rumilly, qu’il avait repérée lors de son concours au Conservatoire de Paris, un second rôle au sein d’un casting fameux (Jean Poiret, Roger Pierre, Michel Serrault, Mireille Darc, Stéphane Audran, Claude Chabrol) dans Les Durs à cuire (1964) et un autre, mineur, dans Moi et les hommes de quarante ans (1965), porté par Dany Saval (qui n’était alors pas encore l’épouse de Michel Drucker). D’un personnage anecdotique à l’autre (secrétaire, comptable, marraine, etc.), elle croise souvent au long de cette décennie les mêmes têtes d’affiche – les Jean Poiret, Michel Serrault, Jean-Pierre Marielle, Jean Lefebvre, Claude Rich, Michel Galabru -, notamment chez Michel Drach (La Bonne Occase, 1964), Darry Cowl (Jaloux comme un tigre, 1964), Georges Lautner (Ne nous fâchons pas), Jean Girault (Monsieur le Président-directeur général, 1966)…

Itinéraire bis

En 1966, soit juste après les deux premiers volets de la saga Le Gendarme, France Rumilly joue l’une des clientes (une baronne) de Louis de Funès dans Le Grand Restaurant de Jacques Besnard, avant de tenir l’année suivante le rôle de la vendeuse de lunettes pour Jacques Tati (Playtime, 1967) et d’apparaître en 1969 dans A tout casser de John Berry, avec un certain Johnny Hallyday dans un rôle de loulou, et dans deux films de Guy Lefranc la même année (L’Auvergnat et l’Autobus, et Salut Berthe).

En 1970, dans Le Gendarme en balade, Soeur Clotilde prend du galon et devient mère supérieure du couvent de Saint-Vincent de Paul, la fiction rejoignant savoureusement la réalité puisque France Rumilly a étudié dans un couvent et à l’Institut… Saint-Vincent de Paul. Sa carrière, en revanche, ne passera pas la vitesse supérieure, se limitant à des rôles de figuration – comme dans Je ne sais rien, mais je dirai tout (1973) de et avec Pierre Richard, en parallèle d’une certaine activité au théâtre. En 1985, elle resurgit en religieuse dans Le Facteur de Saint-Tropez de Richard Balducci, avec Paul Préboist et Michel Galabru, et dans Sac de noeuds de Josiane Balasko, avant de faire l’année suivante son ultime apparition au cinéma, dans Twist again à Moscou (1986) de Jean-Marie Poiré. Point final, à 47 ans seulement, d’une carrière qui, à défaut d’avoir été bénie des dieux, est consacrée par le public.

Plus de “cinoche”, mais une mamie “ravie”

En 2018, à l’occasion d’une visite au Musée de la gendarmerie et du cinéma à Saint-Tropez, France Rumilly avait revisité ses souvenirs en compagnie de Global TV Saint-Tropez. “Ce qui était merveilleux chez Louis : il aimait le travail parfait. Il cherchait toujours ce qu’il y avait de mieux pour une scène, non seulement il cherchait mais il acceptait aussi vos idées. C’est un travail à deux, on n’a même plus besoin de se parler. Le plus important, c’est qu’on était au même rythme“, se remémorait-elle ainsi à propos de ses années de complicité professionnelle avec de Funès.

Et c’est sans la moindre amertume qu’elle évoquait l’autre vie qui s’est offerte à elle après la fin de sa carrière au cinéma : “J’adore la vie, tous les aspects de la vie. Tout m’intéresse, clamait-elle. Ben si je ne fais plus de cinoche, je ne fais plus de cinoche, et puis je fais autre chose. Je suis une grand-mère. J’ai une petite-fille, je suis ravie, je m’en occupe, c’est passionnant, on revit des tas de choses à travers eux.