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Le Mexique au pic de la pandémie

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Le Mexique au pic de la pandémie

Le Mexique atteint ces jours-ci le pic de la pandémie de coronavirus sans pour autant, à ce stade, avoir amené l’hécatombe pressentie dans un pays où l’infrastructure sanitaire reste faible.

Le pays se situe au deuxième rang en Amérique latine en nombre de décès après le Brésil, avec 2.704 décès mercredi, et plus de 27634 personnes contaminées.

Et même si le gouvernement mexicain reconnaît lui-même que ces nombres ne sont pas exhaustifs, il estime que le virus va faire environ 6.000 morts au Mexique, soit beaucoup moins qu’aux Etats-Unis limitrophes ou certains pays d’Europe.

Il y a certes plusieurs hôpitaux saturés dans les régions les plus touchées, mais rien n’indique à ce stade que le taux de mortalité général au Mexique a augmenté particulièrement depuis le début de l’urgence sanitaire.

Avec une population de plus de 120 millions d’habitants, le taux de mortalité dû au Covid-19 est de 1,8 pour 100 000 habitants, selon les calculs de l’Université américaine Johns Hopkins, en dessous des 9,18 en Equateur, 4,2 au Pérou ou 3,52 du Brésil.

La grande majorité des cas se concentre dans cinq villes: Tijuana, Culiacán (nord), Cancún, Villahermosa (sud-est) et surtout dans l’immense zone métropolitaine de la vallée du Mexique qui abrite la capitale.

“Les unités de soins intensifs sont saturées et notre capacité à fournir des respirateurs limitée”, explique à l’AFP Justino Regalado, directeur adjoint du service de pneumologie à l’Institut national des maladies respiratoires (INER), l’un des plus prestigieux du pays.

Sur les 56 hôpitaux en fonctionnement dans la région métropolitaine, la plus densément peuplée du pays avec 22 millions d’habitants, 25 n’ont plus de lits d’urgence ni de respirateurs disponibles, selon les médias locaux.

L’État de Mexico, où se trouve la zone métropolitaine de la capitale, totalise 11.352 personnes contaminées et 771 décédées. Une région telle que Durango (nord), le quatrième plus grand État du pays, compte 80 cas confirmés et huit décès.

– “L’émpidémie ralentit” –

Dans ce contexte, le sous-secrétaire à la Santé, Hugo López-Gatell, a désigné le 8 mai comme date de pointe du nombre de personnes infectées, selon les villes comptant le plus de cas.

Le responsable a assuré mardi que les mesures d’isolement et de suspension des activités non essentielles, en vigueur depuis le 23 mars, avaient réduit le taux de contamination. Les cas doublent désormais tous les six jours et non plus tous les deux jours comme au début de l’épidémie.

“L’épidémie ralentit. Nous avons aplati la courbe”, a assuré López-Gatell.

L’Organisation panaméricaine de la Santé a cependant mis en garde sur le fait que plusieurs pays de la région, dont le Mexique, voient leur nombre de contamination doubler tous les quatre jours.

Le Dr Regalado prévient que la phase “plateau” arrivera plus tard, avec un nombre élevé et constant de nouveaux patients.

“Cela pourrait prendre quelques semaines, peut-être un peu plus longtemps, pour commencer à baisser lentement”, prévoit le médecin.

– Deux semaines de plus –

Des responsables médicaux estiment que le confinement ne prendra pas fin le 30 mai comme l’a fait entendre le gouvernement, mais pourrait durer deux semaines de plus.

Le président Andrés Manuel López Obrador a pourtant déjà prévu de réactiver des secteurs économiques clés tels que la construction, les mines et l’industrie automobile, à partir de la mi-mai, “si les autorités sanitaires nous le permettent”.

“Bien qu’il y ait moins de cas, il y aura toujours un nombre considérable de personnes malades et il sera impossible de relancer l’économie”, a prévenu le Dr Rodrigo Jácome, chercheur à la faculté des Sciences de l’Université nationale autonome de Mexico.

Les perspectives économiques du Mexique restent sombre avec un PIB chutant de 7,1% cette année, selon une récente enquête de la banque centrale. Ce qui expliquerait l’empressement apparent d’AMLO.

Le président de gauche a déçu les marchés pour son refus d’appliquer des mesures appropriées à la situation d’urgence sanitaire. Bien qu’il ait annoncé des prêts bon marché et une aide financière directe, ces encouragements sont légers par rapport à ce qui a été proposé aux États-Unis, au Chili ou au Pérou.

La violence criminelle, autre problème majeur au Mexique, n’a pas non plus connu de trêve.

Même durant le confinement,le mois de mars a été le plus violent à ce jour durant le mandat du gouvernement de López Obrador, avec 3.000 meurtres et 78 féminicides.

Malgré ces signaux alarmants, la popularité de López Obrador est d’environ 50%, selon plusieurs enquêtes.

Un sondage du journal local El Financiero a même indiqué un regain de popularité en avril par rapport à mars, en raison de sa gestion de la crise sanitaire.

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