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Le pape accueilli par 100.000 catholiques du Bangladesh

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Le pape accueilli par 100.000 catholiques du Bangladesh

Le pape François a été acclamé vendredi à Dacca dans une ambiance simple et festive par 100.000 croyants de la minuscule et désormais inquiète minorité catholique du Bangladesh, avant une rencontre très attendue en fin de journée avec des réfugiés rohingyas.

La venue du souverain pontife au Bangladesh est un événement pour la petite communauté de 375.000 catholiques (soit 0,24% des 160 millions d’habitants), même si tous ne sont pas forcément familiers avec les idées très sociales du “pape des pauvres”.

Une couronne de fleurs autour du cou agrémentant sa soutane blanche, François a tourné en “papamobile” autour du grand parc où avaient convergé les fidèles, certains venus dès le petit matin en longues files pour passer les portiques et fouilles de sécurité. Quelque 4.000 policiers avaient été déployés pour surveiller les lieux.

“Viva il papa”, ont scandé les croyants au passage du pape argentin juché sur un véhicule ouvert spécialement fabriqué pour sa visite.

La majorité des fidèles, en habits colorés et assis à même le sol sur des bâches, est venue de l’énorme agglomération embouteillée de Dacca. Certains ont cependant afflué des quatre coins du pays.

Les étapes du voyage de trois jours du pape au Bangladesh ont été grandement financées par des dons de la communauté, souvent issue des classes moyennes modestes.

“Je sais que vous êtes venus de loin, faisant parfois plus de deux jours de route. Merci pour votre générosité!”, a lancé le chef de l’Église catholique, au milieu d’une messe centrée sur l’ordination de 16 nouveaux prêtres dans un pays qui en compte moins de 400.

“Continuez à aller de l’avant!”, a-t-il encouragé sous un auvent constitué d’une simple paillote.

A la tête du 1,3 milliard de catholiques dans le monde, le pape aime encourager les petites communautés des “périphéries de la planète” qui ont souvent une foi plus fervente que dans la vieille Europe en pleine sécularisation. Cette visite papale est la première au Bangladesh depuis Jean Paul II en 1986.

“J’ai été très heureux de le voir aujourd’hui”, a commenté après la messe Pormod Barikder, un catholique de 70 ans.

“J’ai prié aujourd’hui pour que mon fils marié depuis quatre ans ait un enfant. Le pape est un personnage saint. J’espère que Dieu répondra à mes prières”, a-t-il confié à l’AFP.

– Extrémisme islamique –

Sarala Murmu, une femme de 66 ans de la tribu santal, a elle fait le déplacement depuis la ville de Panchagarh, dans l’extrême nord du Bangladesh.

“Nous espérons que le pape priera pour l’harmonie entre toutes les croyances et que nous n’ayons pas à faire face à une répression”, a-t-elle déclaré.

Des dizaines de maisons de Santals, l’une des communautés les plus pauvres du Bangladesh, ont été incendiées l’année dernière, actes pour lesquels ils suspectent leurs voisins musulmans.

Au Bangladesh majoritairement musulman, les 600.000 chrétiens du pays s’inquiètent désormais de leur avenir face à une montée de l’extrémisme islamique contre les minorités religieuses.

“Je n’aime pas cela mais nos églises sont gardées 24 heures sur 24 depuis trois ans”, rapporte l’unique cardinal du pays, Patrick D’Rozario, également archevêque de Dacca.

Pratiquante, Nirupma Howlader conseille aux jeunes de quitter le pays. “J’habite dans un quartier catholique entouré de caméras de surveillance. Dans les campagnes plus isolées, les croyants on peur, un sentiment récent”, décrit-elle.

Le christianisme est une religion relativement nouvelle dans ce sous-continent indien qui a vu naître l’hindouisme et le bouddhisme. Il n’est arrivé sur le territoire de l’actuel Bangladesh qu’au XVIe siècle, apporté par des marchands portugais.

– Exode des Rohingyas –

Autre événement très attendu de la journée, la rencontre de Jorge Bergoglio avec 16 réfugiés rohingyas – même si elle sera beaucoup plus confidentielle – en marge d’une rencontre interreligieuse et ?cuménique à 17H00 (10H00 GMT) à Dacca.

À l’AFP, qui les a rencontrés dans les camps avant leur départ pour la capitale sous escorte policière, certains de ces Rohingyas ont relaté les espoirs qu’ils placent dans cet entretien avec le leader catholique.

“Je suis sûr que lorsque nous le rencontrerons en face-à-face, il sera à même d’apaiser nos peurs et nos doutes”, estime Abul Fayaz.

Pour sa part, Mohammas Yunus compte lui dire qu'”en Birmanie, ils nous tuaient et nous torturaient. Ils nous traitent de façon inhumaine. Nous avons quitté nos biens, notre terre et nos maisons”.

L’exode de cette minorité musulmane de Birmanie constitue la toile de fond dramatique du voyage en Asie du pape.

Dès son arrivée à Dacca jeudi, en provenance de Rangoun, il a demandé à la communauté internationale des “mesures décisives” pour régler la crise des Rohingyas, sortant d’un silence très diplomatique mais très critiqué, observé en Birmanie.

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