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Le pape au Bangladesh: bain de foule pour la minorité catholique, rencontre avec des Rohingyas

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Le pape au Bangladesh: bain de foule pour la minorité catholique, rencontre avec des Rohingyas

Le pape François ira vendredi au Bangladesh au contact d’une minorité catholique inquiète, à l’occasion d’une messe en plein air qui pourrait rassembler 100.000 fidèles, avant une rencontre très attendue avec des réfugiés rohingyas.

L’exode de cette minorité musulmane de Birmanie constitue la toile de fond dramatique de sa tournée asiatique. Dès son arrivée à Dacca, en provenance de Rangoun, le pape jésuite argentin a demandé jeudi des “mesures décisives” en faveur des Rohingyas, pour lesquels il s’était ému avant même le nouvel exode depuis août de 620.000 d’entre eux vers le sud du Bangladesh.

Abraham Dorez, 75 ans, père d’un prêtre jésuite et d’une nonne a fait le déplacement avec 400 personnes de son village proche de la capitale pour assister à la messe prévue à 10H00 (04H00 GMT): “Toute ma vie, j’ai espéré voir le pape moi-même et me joindre à ses prières. Dieu a entendu mes prières”, se réjouit-il auprès de l’AFP.

“J’ai entendu dire qu’il est comme un saint”, glisse-t-il à propos du pape François.

A la tête du 1,3 milliard de catholiques dans le monde, le pape aime encourager les petites Eglises des “périphéries de la planète”. Une démarche dans laquelle s’inscrit sa tournée asiatique, passée par la Birmanie et le Bangladesh.

Au Bangladesh majoritairement musulman, il vient au devant d’un minuscule communauté de 375.000 catholiques (soit 0,24% des 160 millions d?habitants), qui s’inquiètent désormais de leur avenir face à une montée de l’extrémisme islamique.

Les attaques contre les minorités religieuses se sont multipliées ces dernières années. Trois extrémistes islamistes présumés ont péri mardi au Bangladesh, où la sécurité a été renforcée à l’approche de la visite du pape.

“Je n’aime pas cela mais nos églises sont gardées 24 heures sur 24 depuis trois ans”, rapporte l’unique cardinal du pays, Patrick D’Rozario, également archevêque de Dacca.

La messe sera célébrée sous haute sécurité dans un parc colonial de la capitale, où sont attendus entre 80.000 et 100.000 fidèles.

Ils assisteront à l’ordination de 16 nouveaux prêtres pour un pays qui en compte moins de 400.

Si la plupart viendront de la métropole de Dacca, ils convergent aussi des quatre coins du Bangladesh pour voir le Saint-Père passer dans sa “papamobile” et les saluer.

Le christianisme est une religion relativement nouvelle dans ce sous-continent indien qui a vu naître l’hindouisme et le bouddhisme. Il n’est arrivé sur le territoire de l’actuel Bangladesh qu’au XVIe siècle, amené par des marchands portugais.

– Exode des Rohingyas –

Autre événement très attendu de la journée, sa rencontre avec des réfugiés rohingyas, même si elle sera beaucoup plus confidentielle.

À l’occasion d’une rencontre interreligieuse à 17H00 (10H00 GMT) à Dacca, le souverain pontife sera présenté à une délégation de 16 réfugiés rohingyas, parmi lesquels une femme et deux enfants.

À l’AFP, qui les a rencontrés dans les camps avant leur départ pour la capitale sous escorte policière, certains de ces Rohingyas ont relaté les espoirs qu’ils placent dans cet entretien avec le leader catholique.

“Je suis sûr que lorsque nous le rencontrerons en face-à-face, il sera à même d’apaiser nos peurs et nos doutes”, estime Abul Fayaz.

Pour sa part, Mohammas Yunus compte lui dire qu'”en Birmanie, ils nous tuaient et nous torturaient. Ils nous traitent de façon inhumaine. Nous avons quitté nos biens, notre terre et nos maisons”.

Le Bangladesh est désormais confronté à l’une des plus graves crises humanitaires de ce début de XXIe siècle. Les Rohingyas fuient ce que l’ONU considère comme une épuration ethnique par l’armée birmane.

Pour accueillir ces populations ayant tout perdu, d’immenses camps de réfugiés sont sortis de terre en l’espace de quelques semaines, cités de tentes où règne une misère noir.

Après une certaine retenue diplomatique sur la question des Rohingyas lors de son passage en Birmanie, le pape a lancé dès son arrivée au Bangladesh jeudi un vibrant appel à la communauté internationale pour résoudre cette crise humanitaire.

Cela doit s’effectuer, a-t-il indiqué, “en travaillant pour résoudre les questions politiques qui ont conduit à ce déplacement massif de personnes, mais aussi en offrant une assistance matérielle immédiate au Bangladesh”.

Il a par ailleurs rendu un hommage appuyé aux “sacrifices” du Bangladesh qui accueille ces foules désespérées, louant “l’esprit de générosité et de solidarité” de son peuple.

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