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Le président philippin accusé d’avoir tué un homme à l’aide d’un «Uzi»

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Le président philippin accusé d’avoir tué un homme à l’aide d’un «Uzi»

Rodrigo Duterte a abattu un fonctionnaire à l’aide d’un pistolet-mitrailleur Uzi et ordonné le meurtre d’opposants quand il était maire, a affirmé jeudi devant le Sénat philippin un homme se présentant comme un « tueur » repenti, dans un témoignage explosif contre le président.

Edgar Matobato, 57 ans, a lancé ces accusations devant la commission sénatoriale enquêtant sur la recrudescence d’homicides depuis l’investiture du président le 30 juin.

Il a affirmé qu’il avait appartenu à un « escadron de la mort » composé de policiers et d’anciens rebelles communistes qui, sur ordres de Rodrigo Duterte, avait en 25 ans tué un millier de personnes, dont une jetée vivante aux crocodiles.

Beaucoup d’autres furent étranglées, leur dépouille brûlée, coupée en morceau et enterrée dans une carrière appartenant à un policier du sinistre groupe. Des cadavres furent abandonnés en mer.

« Notre boulot était de tuer des criminels, des violeurs, des revendeurs et des voleurs. C’est ce que nous faisions », a-t-il dit.

La sénatrice Leila de Lima, une ancienne ministre de la Justice, a affirmé qu’Edgar Matobato s’était rendu en 2009 à la Commission philippine sur les droits de l’homme qu’elle présidait alors. Elle a précisé qu’il avait ensuite été pris en charge par un programme de protection de témoins.

Interrogé sur ces graves accusations, un porte-parole du président a affirmé qu’elles avaient déjà fait l’objet d’une enquête. Le fils du chef de l’État, Paolo Duterte, a balayé ces affirmations comme de « simples ouï-dire » proférés par un « fou ».

«Le maire l’a achevé»

Edgar Matobato a raconté ce jour de 1993 où son escadron de la mort était tombé nez à nez sur une route avec le véhicule d’un certain Jamisola, un agent du Bureau national d’investigation, un service du ministère de la Justice.

L’affrontement verbal avait dégénéré en fusillade, a-t-il dit. Alors maire de la grande ville méridionale de Davao, Rodrigo Duterte, était ensuite arrivé sur les lieux.

« C’est le maire Duterte qui l’a achevé. Jamisola était toujours en vie quand il est arrivé. Il a vidé deux chargeurs d’Uzi sur lui. »

Rodrigo Duterte est de longue date accusé par les organisations de défense des droits de l’homme, d’avoir financé des escadrons de la mort à Davao, dont il a été maire pendant l’essentiel des trois dernières décennies.

Mais c’est la première fois qu’un témoignage aussi précis vient soutenir ces allégations.

Edgar Matobato a raconté que les victimes étaient essentiellement des criminels et des ennemis personnels de la famille Duterte.

Le porte-parole du président, Martin Andanar, s’est dit sceptique quant au fait que l’avocat de 71 ans ait pu ordonner la mort d’un millier de personnes.

« Je ne crois pas qu’il soit capable de donner une telle directive. La Commission des droits de l’homme a enquêté sur ce sujet il y a longtemps et n’a donné aucune suite judiciaire », a-t-il dit.

Un autre porte-parole, Ernesto Abella, a estimé que ces accusations devaient être étudiées avec soin.

Source : AFP

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