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Le Royaume-Uni dévoile un budget à risque avant le Brexit

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Le Royaume-Uni dévoile un budget à risque avant le Brexit

Le gouvernement britannique va annoncer lundi un budget avec des dépenses sociales en hausse, mais sans tourner le dos à l’austérité face aux incertitudes des négociations sur le Brexit.

Le ministre des Finances, Philip Hammond, s’apprête à réaliser un savant numéro d’équilibriste quand il quittera le 11 Downing Street, sa traditionnelle mallette rouge en main, pour rejoindre le Parlement, où il prendra la parole vers 15h30 GMT.

“Phil le comptable” va déployer tout son talent pour fixer les prévisions économiques et les orientations budgétaires du gouvernement, sans connaître le résultat des négociations sur le Brexit prévu fin mars, qui sont enlisées entre Londres et Bruxelles.

“J’ai choisi une approche équilibrée”, a-t-il prudemment déclaré dimanche, avant la présentation d’un budget réalisé en partant de l’hypothèse d’une “sortie négociée” de l’UE.

“Une fois que nous aurons un bon accord avec l’Union européenne et une sortie en douceur de l’UE, nous serons capables de montrer aux Britanniques que les fruits de leur dur labeur seront bientôt récoltés”, a souligné le ministre.

La présentation du budget a été avancée de quelques semaines pour ne pas interférer avec les ultimes tractations pour trouver un accord et éviter un “no-deal” sur le Brexit, qui effraie les milieux d’affaires et pourrait fortement entraver la croissance britannique.

Dans le cas d’un “no deal”, il faudra “un nouveau budget”, a prévenu dimanche le ministre, et des “mesures fiscales appropriées pour protéger l’économie”.

A l’inverse, M. Hammond s’est dit convaincu qu’un accord assurerait à son pays un “dividende du Brexit”, propre à donner un coup de pouce bienvenu à une croissance qui bat de l’aile depuis le référendum de 2016.

Le budget va prendre un tour d’autant plus politique que son vote au Parlement jeudi constituera un nouveau prétexte pour des députés remuants de s’opposer à la cheffe de l’exécutif conservateur. La stratégie de Theresa May sur le Brexit a divisé son camp, en particulier sur l’épineux dossier de la frontière irlandaise.

La pression est donc forte sur les épaules du mesuré Philip Hammond, qui défend depuis des mois un Brexit “doux”.

– Discipline ou largesses ? –

Sur le plan comptable, son budget se présente sous de bons augures puisque les finances publiques sont en meilleure santé.

Le déficit public pour l’exercice 2018-2019 pourrait être bien inférieur au 1,8% du PIB prévu jusqu’à présent, ce qui permettrait de dégager une cagnotte précieuse pour financer les dépenses supplémentaires promises par les conservateurs.

Cette bonne nouvelle ne sera toutefois pas suffisante pour tirer d’affaire M. Hammond, qui doit trouver 20 milliards de livres par an pour couvrir des investissements dans le service public de santé (NHS). Il devra également compenser le coût de la poursuite du gel de la taxe sur les carburants et des mesures pour encourager la construction de logements sociaux.

Il a déjà prévu des baisses d’impôts de 900 millions de livres pour soutenir les commerces de centre-ville, en pleine déconfiture.

M. Hammond a toutefois laissé entendre que d’autres impôts devraient augmenter, sans préciser lesquels jusqu’à présent.

Le ministre est partagé entre deux engagements contradictoires de son gouvernement, à savoir retrouver l’équilibre budgétaire d’ici au milieu des années 2020 tout en desserrant progressivement les cordons de la bourse, comme le souhaite Theresa May.

Lors de son discours au congrès de son parti début octobre, la Première ministre a martelé que l’austérité touchait à sa fin dans le pays, défendant une vision plus sociale afin de couper l’herbe sous les pieds de l’opposition travailliste.

Pour le respecté organisme indépendant Institute for fiscal studies (IFS), retrouver l’équilibre budgétaire et en finir avec l’austérité sont des promesses “très difficilement compatibles” sauf à augmenter les taxes ou à espérer une croissance dynamique.