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Le Soudan écarte une normalisation prochaine avec Israël

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Le Soudan écarte une normalisation prochaine avec Israël

Le Soudan a douché mardi les espoirs des Israéliens et des Américains d’une reconnaissance rapide d’Israël, en écartant toute éventuelle normalisation avec l’Etat hébreu avant la fin de la transition politique en 2022, lors d’une visite à Khartoum du secrétaire d’Etat Mike Pompeo.

La visite de M. Pompeo, la première d’un chef de la diplomatie américaine au Soudan depuis celle de Condoleezza Rice en 2005, est la deuxième étape d’une tournée au Moyen-Orient destinée à convaincre des pays arabes de suivre l’exemple des Emirats arabes unis et de normaliser les liens avec Israël.

Le secrétaire d’Etat, dont le pays est un grand allié d’Israël, est arrivé au Soudan à bord du premier vol officiel direct entre Tel-Aviv et Khartoum. Il doit ensuite se rendre à Bahreïn et aux Emirats.

Le Soudan et Israël n’ont jamais entretenu de relations diplomatiques. Ils sont même techniquement en guerre et, durant les 30 ans de pouvoir d’Omar el-Béchir, le Soudan a accueilli des islamistes radicaux, dont le chef d’Al-Qaïda Oussama ben Laden. C’est d’ailleurs pour punir le Soudan de ses mauvaises fréquentations que les Etats-Unis lui ont imposé des sanctions à partir des années 1990 et l’ont placé sur leur liste des pays soutenant le terrorisme.

Après le départ de M. Béchir en avril 2019 sous la pression d’une contestation populaire, de nouvelles autorités de transition sont en place à Khartoum avec l’objectif de préparer des élections générales.

“La phase de transition au Soudan est dirigée par une large coalition avec un agenda spécifique visant à achever le processus de transition et à instaurer paix et stabilité, jusqu’aux élections libres (en 2022). Le gouvernement de transition n’a pas de mandat au-delà de ces tâches pour décider de la normalisation avec Israël”, a déclaré le Premier ministre Abdallah Hamdok, cité par le porte-parole du gouvernement.

– “D’autres chats à fouetter” –

M. Hamdok a également tenu à souligner à M. Pompeo “la nécessité de dissocier la sortie du Soudan de la liste des pays soutenant le terrorisme de la question de la normalisation avec Israël”.

“C’est un échec pour les Américains qui pensaient pouvoir contraindre un pays pauvre et fragile comme le Soudan à normaliser ses relations avec Israël, mais le gouvernement soudanais a réagi avec sagesse”, a estimé Marc Lavergne, directeur de recherches au Centre national de la recherche scientifique (CNRS).

Le Soudan “est déjà assez divisé pour ne pas en rajouter encore avec la normalisation avec Israël qui ne fait pas consensus. Le Soudan a d’autres chats à fouetter avec tous les problèmes qu’il as sur le dos”, a-t-il dit, en allusion à la grave crise économique, les conflits avec différents groupes rebelles et les conflits tribaux.

Outre M. Hamdok, M. Pompeo a rencontré le général Abdel Fattah al-Burhane, chef du Conseil souverain, qui supervise la transition vers un pouvoir civil.

Déjà la veille, la coalition des partis et de la société civile, qui avait dirigé la contestation anti-Béchir, avait jugé que le gouvernement actuel n’avait “pas de mandat” sur la question de la normalisation.

Les Etats-Unis ont soutenu les autorités de transition qui elles tentent de retirer leur pays de la liste noire américaine afin de remettre sur les rails une économie en crise.

Les sanctions bloquent tout investissement dans le pays. L’inflation atteint 143% en glissement annuel et la monnaie ne cesse de se déprécier face au dollar, dans un contexte économique mondial fortement déprimé du fait de la pandémie de nouveau coronavirus.

– Nouveau signe –

A l’issue d’un entretien en février avec le général Burhane en Ouganda, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait affirmé avoir convenu “d’entamer une coopération qui normalisera les relations” bilatérales. Mais le gouvernement soudanais avait ensuite nié que la question de la “normalisation” ait été abordée.

Depuis l’accord de normalisation annoncé le 13 août entre les Emirats et Israël et conclu sous l’égide des Etats-Unis, les spéculations vont bon train sur les autres candidats arabes possibles à une normalisation avec l’Etat hébreu.

Dans un nouveau signe concret de rapprochement, le secrétaire d’Etat aux Affaires de défense des Emirats, Mohammed al-Bawardi, et le ministre israélien de la Défense Benny Gantz ont exprimé lors d’une conversation téléphonique le désir “d’établir des relations solides qui seront bénéfiques aux deux pays et à la région”.

Les Palestiniens ont eux dénoncé l’accord Israël/Emirats et tentent de mobiliser des puissances étrangères pour y faire obstacle.

L’Egypte a été le premier pays arabe à conclure un traité de paix avec Israël, en 1979, suivie par la Jordanie en 1994.

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