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Le township de Soweto, symbole de la lutte contre l’apartheid, pleure “Winnie”

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Le township de Soweto, symbole de la lutte contre l’apartheid, pleure “Winnie”

Jusqu’au bout, Winnie Mandela est restée fidèle au township noir de Soweto, le coeur de la lutte antiapartheid. Elle a continué à y vivre quand ses frères de combat l’avaient quitté. A l’annonce de son décès lundi, ses admirateurs se sont pressés à son domicile.

“J’ai été l’amie de sa mère. Je viens de voir à la télévision” qu’elle était morte “et je suis venue ici pour vérifier. Je suis sous le choc”, témoigne Constance Mokolobat, 89 ans, une de ses voisines de la rue Maseli.

Contrairement à de nombreux responsables de la lutte anti-apartheid qui avaient quitté les townships après l’avènement de la démocratie en Afrique du Sud en 1994, Winnie Mandela était restée là où elle avait rencontré Nelson Mandela en 1957.

Un an plus tard, le jeune couple se mariait, avant d’incarner pendant des décennies le combat contre le régime blanc raciste.

“C’était une personne bonne. Quand on avait des anniversaires, elle nous appelait. Quand il y avait des enterrements, elle venait toujours. Quand on avait des problèmes, elle aidait toujours”, se rappelle une autre voisine, Elise Tsikhovi, 60 ans.

Devant le mur en briques rouges de l’enceinte de la maison de “Winnie”, des dizaines de personnes entonnent spontanément des chants de lutte contre l’apartheid.

“Dans la culture africaine, on chante quand on a mal”, explique Winnie Ngwenya, une responsable de la Ligue des femmes du Congrès national africain (ANC, au pouvoir), dont Winnie Mandela était l’une des figures les plus respectées.

“Elle connaissait tout le monde à Soweto, ainsi qu’en Afrique et ailleurs dans le monde. On se rappellera d’elle pour son rôle dans la lutte ici à Soweto”, ajoute-t-elle.

– ‘Mama Winnie’ –

“Elle arrivait en pyjama en plein milieu de la nuit quand on l’appelait et elle combattait” les forces de sécurité.

Le soleil se couche sur Soweto, banlieue tentaculaire de Johannesburg où vivent quelque 2 millions de personnes. La pluie commence à tomber, signe de prospérité dans la culture africaine.

Elise Tsikhovi raconte comment Winnie Mandela – appelée par beaucoup dans le quartier “Mama Winnie” – est restée active jusqu’à la fin.

“Elle aimait jardiner (…) Je l’ai vue pour la dernière fois en mars lors de l’inscription sur les listes électorales”, explique-t-elle, à deux pas des pelouses impeccables de la maison de “la Mère de la nation” et d’un drapeau de l’ANC flottant fièrement.

“Elle n’était plus si costaud. Mais elle restait forte. Même quand elle était malade, elle prétendait qu’elle allait bien.”

Des responsables de l’ANC se succèdent rue Maseli. En début de soirée, le président sud-africain Cyril Ramaphosa vient rendre un hommage à “la championne de la justice et de l’égalité”, celle qui “symbolisait le désir de liberté de notre peuple”.

Une admiratrice, Matiriso Infisa, ne peut cacher son chagrin.

“C’est une perte pour nous, spécialement pour moi en tant que jeune femme. Je la voyais comme une femme forte qui se levait contre les hommes qui pensaient qu’elle ne pouvait pas réussir parce qu’elle était une femme. Elle a combattu pour ce en quoi elle croyait, alors pour moi c’est très triste”.

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