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Législatives russes : l’opposition crie à la fraude, le Kremlin se targue d’une super-majorité

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Législatives russes : l’opposition crie à la fraude, le Kremlin se targue d’une super-majorité
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L’opposition russe a dénoncé lundi des fraudes massives aux législatives qui ont vu le parti du Kremlin rafler une super-majorité des deux tiers, point final d’un scrutin sur-mesure dont avaient été exclus les détracteurs de Vladimir Poutine.

La formation Russie unie était créditée de 49,85% des voix, selon des résultats portant sur 99,69% des bureaux de vote.

La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a confirmé que Russie Unie avait remporté plus des deux tiers des sièges à la chambre basse du Parlement, la Douma, comme à l’issue des précédentes législatives il y a cinq ans.

Conséquence d’élections au cours desquelles la moitié des sièges sont attribués à la proportionnelle et l’autre au scrutin majoritaire uninominal à un tour, ce parti disposera de plus de 300 mandats sur 450, ce qui est suffisant pour réviser la Constitution.

“Pour le président (Poutine), le plus important est bien sûr que les élections aient été concurrentielles, dans la transparence et la probité”, a estimé le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, se félicitant que Russie unie ait “rempli sa mission”.

“J’aimerais particulièrement remercier les citoyens russes, vous remercier de votre confiance chers amis”, a quant à lui déclaré M. Poutine à l’occasion d’une réunion avec Mme Pamfilova diffusée à la télévision.

Le parti au pouvoir devance les communistes du KPRF (18,96%), mais est en recul par rapport aux 54,2% et 334 sièges de 2016. La participation était en hausse, atteignant 51,68%, signe selon M. Poutine d’une approche “responsable” des électeurs.

L’opposition au Kremlin, pour l’essentiel interdite de scrutin à l’instar d’Alexeï Navalny, emprisonné, a dénoncé des fraudes massives : bourrages d’urnes, falsification du vote en ligne, observateurs exclus du comptage des bulletins…

Des soupçons de violations que Berlin a demandé à “tirer au clair”, tandis que l’Union européenne a dénoncé un climat d'”intimidation”.

– “Opération spéciale” –

A Moscou, le bastion des détracteurs du Kremlin, ces derniers ont affirmé que les résultats du vote en ligne avaient été falsifiés, permettant d’inverser la tendance défavorable à Russie unie observée au moment du comptage des votes papiers.

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Dans un message de son équipe sur Instagram, Alexeï Navalny a ironisé sur les “petites mains agiles” de Russie unie qui ont permis de “complètement inverser” les résultats des votes électroniques.

La popularité de Russie unie était en berne avant le vote, avec une cote de confiance inférieure à 30% selon l’institut étatique d’étude de l’opinion Vtsiom. Ce parti est miné par les affaires de corruption et la chute du niveau de vie ces dernières années.

“Cette Douma +élue+ est évidemment illégitime et nous ne la reconnaissons pas. Quand une opération spéciale permet à un parti avec une cote de 30% de dépasser 75% des sièges dans un Parlement, cela revient à insulter les citoyens”, a lâché sur Twitter Léonid Volkov, un allié de M. Navalny.

“Les gens sains d’esprit (…) n’ont pas pu voter pour ce parti”, a renchéri auprès de l’AFP Dmitri Gavrilov, un électeur moscovite.

L’ONG spécialisée Golos a qualifié d'”évidence” la baisse du “niveau de transparence” et “de clarté du système électoral”.

Même le dirigeant du Parti communiste, Guennadi Ziouganov, généralement mesuré, a dénoncé des falsifications et appelé M. Poutine à faire cesser “cette sale cuisine”.

– “Vote intelligent” –

La présidente de la Commission électorale, Ella Pamfilova, a balayé ces accusations dimanche, louant “la transparence” du scrutin.

Etant donné le résultat en hausse obtenu par les communistes, le mouvement d’Alexeï Navalny a revendiqué le succès de sa stratégie du “vote intelligent”, consistant à appeler à voter pour les candidats les mieux placés pour gêner ceux de Russie Unie, faute d’avoir pu participer aux élections.

Sur Instagram, l’opposant a remercié avec des coeurs ceux ayant suivi ses consignes de vote.

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Les partisans de M. Navalny, emprisonné depuis son retour en janvier en Russie après un empoisonnement qu’il attribue au Kremlin, étaient bannis du scrutin du fait de l’interdiction de leur organisation pour “extrémisme”.

Ces élections avaient été précédées par des mois de répression et par l’élimination de la quasi-totalité des opposants à Vladimir Poutine.

Les autorités ont également forcé Apple et Google à supprimer l’application de l’équipe de M. Navalny donnant des consignes de vote.

Outre Russie Unie et les communistes, trois partis sont en position de siéger à la Douma : les nationalistes de LDPR (7,50%), les centristes de Russie Juste (7,44%) et un nouveau venu, le parti des “Nouvelles personnes” (5,33%). Ces formations sont considérées comme étant dans la ligne du pouvoir.

Le parti du Kremlin arrive aussi en tête dans des dizaines de scrutins régionaux, comme en Tchétchénie, où Ramzan Kadyrov a récolté 99,6% des votes.