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L’émotion reste vive après l’assassinat d’une élue noire au Brésil

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L’émotion reste vive après l’assassinat d’une élue noire au Brésil

L’émotion restait très forte vendredi au Brésil, deux jours après l’assassinat de la conseillère municipale de Rio Marielle Franco, pour lequel plusieurs pistes étaient évoquées, dans un pays où l’écrasante majorité des homicides reste impunie.

Une deuxième journée de manifestations était prévue ce vendredi, alors que l’indignation ne faiblit pas après l’assassinat de cette femme noire charismatique de 38 ans fortement engagée contre le racisme et la violence policière, criblée de balles à l’arrière de sa voiture.

Jeudi, 50.000 personnes ont manifesté leur colère et leur chagrin dans les rues de Rio de Janeiro, quelque 30.000 à Sao Paulo et des milliers d’autres dans d’autres grandes villes du pays.

Vendredi dans le centre de Rio, des affichettes à l’effigie de Marielle Franco étaient placardées sur des lampadaires.

Les murs blancs du siège du Conseil Municipal, place Cinelandia, d’où sont parties les manifestations de jeudi, étaient tagués avec de nombreux slogans contre la police et le gouvernement du président conservateur Michel Temer.

Devant l’entrée, un portrait de la conseillère municipale et une grande banderole avec le message “Marielle géante”.

– ‘Exécution’ –

En ce qui concerne l’enquête, d’après de premières informations de la police ayant fuité dans les médias, la voiture dans laquelle Marielle Franco se trouvait a été prise en chasse sur quatre kilomètres par un autre véhicule qui l’attendait à la sortie d’un rassemblement pour la promotion des femmes noires.

Les assaillants ont ensuite ouvert le feu et la conseillère a été atteinte par plusieurs balles à la tête. Son chauffeur a aussi été abattu.

Son assistante a également été touchée et son témoignage pourrait permettre de faire avancer l’enquête.

La principale nouveauté vendredi, selon le site G1, était l’hypothèse d’une autre voiture qui aurait pris celle de Marielle Franco en chasse et dont la plaque d’immatriculation aurait été identifiée grâce à des caméras de sécurité.

De nombreux observateurs estiment que son fort engagement contre, notamment, les milices paramilitaires formées de policiers ou d’ex-policiers corrumpus ou l’intervention actuelle de l’armée dans les favelas pourrait être à l’origine de ce que beaucoup présentent comme une “exécution”.

“Il existe à Rio une culture aux racines mafieuses, de l’élimination de personnes qui s’opposent ou résistent à des organisations criminelles”, a expliqué à l’AFP Walter Maierovitch, ex-secrétaire national de la lutte contre le trafic de drogues.

Pour Chico Alencar, député du Parti Socialisme et Liberté (PSOL), formation de gauche avec laquelle Marielle Franco avait été élue, “si l’enquête est faite sérieusement, sans craindre de secouer les poches de corruption, de violence et de crime dans l’Etat, on peut élucider ce crime en deux semaines”.

– ‘Géant endormi’ –

Tous les grands journaux brésiliens ont publié en une vendredi des photos de la foule massée la veille pour lui rendre un dernier hommage.

Les deux quotidiens de Rio, O Globo et O Dia, ont cité la phrase “combien d’autres vont devoir mourir?”, publiée par Marielle Franco mardi sur les réseaux sociaux, à la veille de sa propre mort.

Elle avait écrit ce message en réaction au décès d’un jeune tué par balles alors qu’il sortait d’une église, une possible bavure policière.

Pour le journal Estado de Sao Paulo, l’assassinat de Marielle Franco “a réveillé un géant endormi”, avec une forte mobilisation de gauche qui tranche avec le succès relativement faible des manifestations convoquées ces derniers mois contre les mesures d’austérité du président Temer.

“Ils ont tué ma mère et plus de 46.000 électeurs”, a écrit jeudi soir sa fille, Luyara Santos, âgée de 19 ans, sur Twitter, une allusion au nombre de voix recueilli par Marielle Franco lors des municipales de 2016.

Le PSOL devait organiser une réunion publique sur une autre place du centre à la mi-journée.

Un autre rassemblement était prévue en fin d’après-midi à Maré, une des favelas les plus dangereuses de Rio, où Marielle Franco a grandi — sa plus grande fierté.

Les hommages à ce symbole de la lutte des femmes noires brésiliennes contre tout type de discrimination étaient également prévus en dehors du Brésil, dans plusieurs villes d’Europe.

À Londres, les ONG The London Latinxs et Democracy Brazil-UK ont convoqué en fin d’après-midi un rassemblement devant l’ambassade du Brésil, et demandé aux participants d’amener des fleurs et des pancartes.

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