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Les Catalans votent en masse pour décider de leur avenir

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Les Catalans votent en masse pour décider de leur avenir

Les Catalans votaient en nombre jeudi pour décider si les indépendantistes doivent revenir au pouvoir dans leur région, deux mois après avoir été destitués pour une tentative de sécession qui a ébranlé l’Espagne et inquiété l’Europe.

A 17H00 GMT (18H00 locales), le taux de participation a bondi de plus de cinq points par rapport à la consultation record de 2015, avec 68,32% des électeurs qui s’étaient rendus aux urnes, selon les chiffres officiels.

Mobilisés par cet enjeu crucial après des semaines d’angoisse et de tensions, les Catalans ont formé dès le matin des files d’attente devant les bureaux, sous un soleil hivernal.

Le scrutin doit être clos à 20H00 (19H00 GMT), une estimation portant sur 80% des suffrages est attendue vers 22H00 (21H00 GMT).

“Le vote d’aujourd’hui, c’est oui ou non à l’indépendantisme en Catalogne”, résumait Gloria Garcia, une standardiste de 57 ans dans la banlieue ouvrière de Santa Coloma de Gramenet, au nord de Barcelone.

Les sondages prévoyaient une forte participation des 5,5 millions d’électeurs qui doivent renouveler leur parlement après une campagne atypique, avec des candidats en prison ou en fuite en Belgique, comme l’ancien président indépendantiste destitué Carles Puigdemont.

Dans une Catalogne divisée, un million d’indécis peuvent faire basculer le scrutin d’un côté ou de l’autre, bien qu’il semble improbable qu’une formation dispose jeudi soir d’une majorité absolue.

Selon la participation à 18H00, le camp unioniste, qui a besoin d’une mobilisation des opposants à l’indépendance, semble avoir été entendu. Les sondeurs estiment qu’une forte affluence leur serait favorable.

En 2015, les séparatistes avaient pour la première fois remporté une majorité des sièges au parlement catalan (72 sur 135), avec 47,8% des suffrages.

En octobre, ils ont organisé un référendum d’autodétermination interdit, marqué par des violences policières, qu’ils affirment avoir remporté avec 90% de “oui” et un taux de participation de 43%.

Puis, le 27 octobre, 70 députés catalans sur 135 ont proclamé l’indépendance de la “République de Catalogne”.

– ‘Retour à la normalité’ –

Pour tuer dans l??uf cette tentative de sécession, le chef du gouvernement espagnol Mariano Rajoy a mis la région sous tutelle et destitué le gouvernement.

Mais il a aussi immédiatement convoqué ce scrutin, promettant qu’il permettrait ainsi un “retour à la normalité”.

La suspension de facto de l’autonomie pourrait renforcer encore le camp indépendantiste. Mais le coup de frein aux investissements et au tourisme ainsi que le déménagement de siège social de quelque 3.100 entreprises craignant l’instabilité mobilisent les partisans de l’unité.

Alex Arroyo, un enseignant de 49 ans, a confié à l’AFP, après avoir voté dans le fief indépendantiste de Vic, qu’il ne s’était jamais senti vraiment séparatiste mais qu’il avait changé d’avis “à cause des positions radicales de l?Etat” espagnol et de “la violence” dont il a fait preuve.

Pour Eduard Garrell, un retraité de 67 ans, le désir d’indépendance est tout simplement “dans l’ADN des Catalans. Nous voulons décider de notre avenir”.

Et Elena Mompó, une graphiste de 26 ans, résume ainsi l’état d’esprit des indécis: “Ces mois ont été tristes et durs. Les uns s?indignaient face à la répression du référendum, d?autres l?étaient parce que l?on avait déclaré l?indépendance sans les prendre en compte. Quant à ceux du milieu, on nous écarte du débat”.

– ‘Un peuple irréductible’ –

Les conservateurs au pouvoir en Espagne, les libéraux du parti Ciudadanos et leurs adversaires socialistes ont fait campagne en fustigeant “le cauchemar” et “la folie” indépendantistes.

“L’enjeu, pour moi, c’est plutôt qu’on soit tous espagnols et (le parti libéral) Ciudadanos peut représenter le changement parfait pour maintenir résolument l’unité de l’Espagne”, explique Gloria Garcia, un drapeau espagnol noué autour du cou.

Selon les sondages, la bataille pour la première place devrait se jouer entre le parti sécessionniste de gauche ERC du vice-président destitué Oriol Junqueras – inculpé et emprisonné pour “rébellion” – et Ciudadanos, parti fondé pour lutter contre les nationalistes.

Les deux principaux dirigeants destitués par Madrid se présentent sur des listes séparées, mais dénoncent ensemble la “répression” de Madrid.

Carles Puigdemont, conservateur et indépendantiste, entend reconquérir son poste dans les urnes, tout en sachant qu’il serait arrêté s’il rentrait en Espagne.

“Nous démontrerons de nouveau la force d’un peuple irréductible”, a-t-il tweeté.

Oriol Junqueras n’a presque pas pu faire campagne, limitée à dix appels téléphoniques par semaine depuis sa prison, en laissant la direction à Marta Rovira, secrétaire générale de son parti.

Le parti de M. Rajoy, qui se vante d’avoir “décapité” l’indépendantisme catalan, a averti mercredi soir que “les gouvernants (régionaux) sav(ai)ent désormais ce qui se passe quand ils font ce qu’on ne peut pas faire”.

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