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Les détenus radicalisés désormais regroupés dans des quartiers spécifiques

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Les détenus radicalisés désormais regroupés dans des quartiers spécifiques

Les détenus radicalisés, condamnés pour faits de terrorisme ou pour du droit commun, seront désormais regroupés dans des “quartiers étanches” à l’écart des autres prisonniers, et répartis dans des établissements pénitentiaires partout en France, a annoncé vendredi le Premier ministre Edouard Philippe.

Sur près de 70.000 détenus en France en février, 512 personnes sont incarcérées pour des faits de terrorisme et 1.139 prisonniers de droit commun ont été identifiés comme “radicalisés”.

M. Philippe a annoncé la création de 1.500 places “dans des quartiers étanches” pour les détenus radicalisés et les plus dangereux seront placés dans des quartiers encore plus encadrés. Objectif: prévenir la contagion entre les détenus.

La gestion de ces détenus radicalisés a été au coeur des revendications des surveillants lors de leur mouvement de protestation en janvier déclenché par l’agression d’un gardien de Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) par un détenu jihadiste.

– Une meilleure détection –

De nouveaux quartiers d’évaluation de la radicalisation (QER) vont être créés. Il en existe actuellement trois, tous en Ile-de-France, dans les prisons d’Osny, Fresnes et Fleury-Mérogis. Deux seront créés à Vendin-le-Vieil (60 places), un autre à Condé-sur-Sarthe dans l’Orne (30 places environ). L’un d’eux sera réservé aux détenus de droit commun.

L’objectif est d’évaluer 250 détenus par an. Jusqu’ici 160 sont passés par ces QER, et vingt sont en cours d’évaluation.

Dans ces QER, où interviennent notamment psychologues, référents religieux, conseillers pénitentiaires d’insertion et de probation (CPIP), les détenus sont évalués pendant environ 4 mois par groupe de douze.

Ils étaient jusqu’ici ensuite placés, selon leur dangerosité, soit à l’isolement, soit dans le quartier pour détenus violents de la prison de Lille-Annoeullin qui compte 28 places (QDV rebaptisé Quartier de prise en charge de la radicalisation, QPR), soit en détention ordinaire.

– Des “quartiers étanches” –

Les radicalisés ne seront plus emprisonnés avec les autres détenus, mais seront placés dans des quartiers spécifiques, comptant entre 15 et 20 détenus.

“Les stratégies de prosélytisme” observées par le renseignement pénitentiaire “légitiment” ces quartiers étanches, selon une source pénitentiaire. Les radicalisés représentent une population pénale très organisée dans la prison, qui communique beaucoup avec l’extérieur.

L’objectif est d’avoir 450 places d’ici à fin 2018 dans ces quartiers étanches et, à terme, 1.500 places à travers la France. Objectif: alléger “les tensions” en Ile-de-France où les maisons d’arrêt accueillent 60% des détenus terroristes, dans un contexte de surpopulation carcérale, explique une source pénitentiaire.

Les détenus pour terrorisme et les radicalisés de droit commun seront répartis dans 78 établissements (sur un total de 188 prisons en France), encadrés par des personnels spécifiquement formés.

Ils suivront un programme de prévention de la radicalisation violente (PPRV), par groupes de dix, pendant 3 à 5 mois, animés notamment par des éducateurs et des psychologues.

– Des quartiers spécifiques pour les plus dangereux –

Deux QPR vont être créés, à Vendin-le-Vieil et Condé-sur-Sarthe, sur le modèle de celui de Lille-Annoeullin, qui compte actuellement 19 détenus. Ces quartiers sont réservés aux “gros profils”, des cadres jihadistes, des prosélytes dont “on ne veut pas qu’ils déteignent sur le reste de la détention”, explique une source pénitentiaire. L’objectif est de placer 25 détenus par QPR.

“C’est une prison dans la prison”, avec un très fort niveau d’encadrement, décrit cette source. Dans ces QPR, il y a un suivi individuel pour lutter contre la radicalisation violente.

Par ailleurs, il y a 100 places pour les détenus terroristes et radicalisés les plus dangereux et violents en quartiers d’isolement (QI).

– En milieu ouvert –

635 personnes suivies au titre de la radicalisation par les SPIP se trouvent en milieu ouvert, non détenues.

Pour elles, le dispositif Rive (Recherche et intervention sur les violences extrémistes), qui a démarré fin 2016 à Paris, va être étendu, d’abord à Marseille puis à Lille et Lyon. Dans ce cadre, une personne est suivie individuellement par cinq intervenants (éducateur, psychiatre et aumônier notamment) pendant un an. Quinze personnes, suivies par exemple pour apologie du terrorisme ou consultation de sites jihadistes, sont actuellement suivies à Paris.

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