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Les Farc disent adieu aux armes, la Colombie en quête de paix

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Les Farc disent adieu aux armes, la Colombie en quête de paix

«La meilleure nouvelle en 50 ans» pour la Colombie: c’est avec ces mots que le président Juan Manuel Santos a salué mardi la fin du désarmement des Farc, principale guérilla du pays, qui a signé un accord de paix après un conflit d’un demi-siècle.

Une cérémonie officielle devait avoir lieu à 10h00 (11h00 HE) à Mesetas, dans le centre du pays, en présence notamment du président Juan Manuel Santos et du chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc, marxiste), Rodrigo Londoño, alias «Timochenko», arrivé le premier lundi soir en hélicoptère.

«Je ressens une grande émotion et de grandes attentes», a-t-il tweeté peu après son arrivée. Timochenko portait un t-shirt bleu floqué du drapeau de la Norvège, saluant ainsi le pays nordique qui, avec Cuba, ont été garants de l’accord de paix signé en novembre.

«Aujourd’hui la Colombie reçoit la meilleure nouvelle en 50 ans : les Farc laissent les armes et la parole sera leur unique forme d’expression», s’est félicité le président Santos sur Twitter, accompagnant son message du mot-clé VivaLaVida (vive la vie).

Lundi, la Mission des Nations unies en Colombie, chargée de superviser le désarmement et de détruire les armes, a annoncé que les quelque 7000 combattants des Farc avaient remis l’ensemble de leur arsenal, soit 7132 armes.

L’ensemble du processus, qui a valu à M. Santos le prix Nobel de la Paix, doit permettre de tourner la page du plus ancien conflit armé d’Amérique latine qui a fait au moins 260 000 morts, plus de 60 000 disparus et 7,1 millions de déplacés.

Le désarmement «signifie la fin de la principale guérilla armée du continent américain. Cela signifie le début du post-conflit (…) et d’un processus difficile de réconciliation dans le pays», explique à l’AFP l’analyste Jorge Restrepo.

La dernière phase du désarmement, visant à remettre à l’ONU les 40 % restants, avait été assombrie par un attentat à la bombe, le 17 juin dans un centre de commercial de Bogota, qui a tué trois personnes, dont une Française.

L’attaque, attribuée au groupuscule extrémiste Mouvement révolutionnaire du Peuple (MRP) dont neuf membres présumés ont été arrêtés, a révélé une Colombie encore troublée par la violence malgré ses désirs de paix.

L’accord avec les Farc, qui inclut aussi un dédommagement pour les victimes, une réforme agraire et la lutte contre le narcotrafic, avait d’ailleurs été initialement rejeté de peu (50,2 %) par les Colombiens lors d’un referendum en octobre, obligeant à une renégociation de l’accord. Cette dernière mouture avait finalement été approuvée par le Parlement.

Un parti politique

En rendant son arme, chaque guérillero s’est vu remettre un certificat et a signé un acte l’engageant à ne plus les reprendre.

Avec l’armement récupéré, puis fondu, trois monuments symbolisant la fin du conflit seront érigés : à New York, à Cuba – siège des négociations de paix – et en Colombie.

La prochaine étape sera ensuite le retour à la vie civile de ces désormais ex-guérilleros, jusque-là regroupés dans 26 zones du pays et qui bénéficieront d’une justice spéciale garantissant l’amnistie pour la majorité d’entre eux.

Les Farc, nées d’une rébellion paysanne en 1964, devraient connaître une seconde vie sous forme de parti politique.

En ligne de mire : les élections générales de 2018, pour lesquelles les Farc pourraient présenter un candidat présidentiel. Un congrès du parti est prévu en août.

«Quels seront ses mots d’ordre politiques, quelle idéologie va-t-elle adopter? C’est une question qui définira son succès politique», souligne M. Restrepo, directeur du centre d’analyse du conflit Ceralc.

«L’un des points critiques est que de nombreux membres des Farc feront de la politique sans avoir été en prison», observe aussi l’analyste du cabinet Crisis Group en Colombie, Kyle Johnson.

Restera alors une étape pour parvenir à la «paix complète» tant souhaitée par le président Santos : négocier un accord similaire avec la dernière guérilla active du pays, l’Armée de libération nationale (ELN, guévariste), qui compte encore 1500 combattants.

Des pourparlers ont débuté en février à Quito, mais sont entachés par les enlèvements que continue de mener l’ELN, le dernier en date étant celui, la semaine dernière, de deux journalistes néerlandais, finalement relâchés cinq jours plus tard en bonne santé.

AFP

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