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Les hôpitaux du Bangladesh débordés par les réfugiés rohingyas

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Les hôpitaux du Bangladesh débordés par les réfugiés rohingyas

Ali Hossain n’a même pas assez d’argent pour enterrer sa fille de huit ans, petite réfugiée rohingya morte d’une infection dans un hôpital du Bangladesh où une catastrophe sanitaire menace d’aggraver la crise humanitaire.

L’enfant et son père se trouvaient dans la marée humaine de plus de 430.000 musulmans rohingyas qui ont trouvé refuge au Bangladesh depuis fin août pour fuir les violences en Birmanie voisine.

Mais une fois arrivée dans les camps de réfugiés insalubres et surpeuplés, la petite fille a contracté une infection intestinale dans cet environnement antihygiénique, où la nourriture et l’eau potable manquent cruellement. La maladie a été rapide et brutale.

“Elle n’avait presque rien mangé depuis deux jours et a avalé un pickle (légume en saumure, ndlr) à un étal en bord de route dimanche soir”, raconte Ali à l’AFP, en essuyant ses larmes de la main.

L’enfant a commencé à vomir. Terrifié, son père l’a emmenée à toute allure dans une clinique locale, puis à l’hôpital public Sadar de Cox’s Bazar. Elle y est morte lundi.

“Les docteurs nous ont dit que nous arrivions trop tard”, confie son père, en état de choc. À côté de lui, le corps de sa fille est recouvert d’un drap.

L’homme est en proie à un dilemme: il a à peine assez d’argent pour retourner enterrer sa fille dans la zone des camps, mais cela voudrait dire qu’il n’aurait plus les moyens de revenir à l’hôpital au chevet de sa mère octogénaire, soignée dans le même établissement.

“Je ne sais pas quoi faire”, souffle-t-il.

L’établissement croule sous les patients: par manque de lits, les nouveaux patients placés sur des matelas à même le sol dans les chambres ou les couloirs. Plus de 200 Rohingyas sont traités ici.

“Cette charge supplémentaire est un énorme fardeau pour nos ressources”, explique Abdur Rahman, porte-parole de l’hôpital.

“Nous avons des ressources limitées, des médicaments limités, de la main-d’?uvre limitée, de la nourriture limitée”, égrène-t-il.

– Contamination –

Selon des infirmiers, au moins 20 patients rohingyas, en majorité des enfants, sont décédés entre ces murs en un mois. Les chiffres du gouvernement ne font état que de 10 Rohingyas morts au Bangladesh depuis fin août.

La crise humanitaire dans le sud du Bangladesh est une bombe sanitaire à retardement. Autorités et ONG s’alarment de ce terreau fertile pour l’apparition d’épidémies de choléra, dysenterie ou diarrhées.

En l’absence de toilettes, les réfugiés sont obligés de déféquer en plein air, contaminant parfois des points d’eau auxquels d’autres personnes sont susceptibles de s’abreuver.

En l’absence de solution politique en vue pour un éventuel retour des Rohingyas en Birmanie, les équipes humanitaires planifient d’ores et déjà pour le long terme.

Des préservatifs et des pilules contraceptives ont été distribués dans l’espoir d’éviter un boom des naissances dans quelques mois, qui entraînerait des avortements dangereux et une hausse de la mortalité maternelle.

Quelque 4.500 personnes ont été traitées pour des diarrhées en un mois et 80.000 enfants vaccinés contre la rougeole et la polio.

Avant même ce nouvel exode des Rohingyas, minorité persécutée dans l’ouest de la Birmanie, au moins 300.000 réfugiés se trouvaient déjà au Bangladesh, legs de vagues de violence précédentes.

Les forces de l’ordre ont bouclé la région des camps pour éviter que les Rohingyas ne s’éparpillent dans le reste du Bangladesh.

“On nous a demandé de bloquer les Rohingyas allant dans les autres régions du pays. Mais nous n’arrêtons pas les réfugiés malades et blessés qui vont dans les hôpitaux”, confie un policier gardant un barrage.

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