Home Pure Info Les Japonais votent: nouveau mandat en vue pour Abe

Les Japonais votent: nouveau mandat en vue pour Abe

0
Les Japonais votent: nouveau mandat en vue pour Abe

Les Japonais ont commencé à voter dimanche matin pour des législatives anticipées déclenchées par le chef du gouvernement Shinzo Abe qui devrait emporter haut la main un nouveau mandat à la tête de la troisième économie du monde dans un contexte de menaces de la Corée du Nord.

Le Premier ministre nationaliste semble en passe de gagner son pari et de rester aux commandes jusqu’en 2021, au-delà des jeux Olympiques de Tokyo 2020.

La coalition de son Parti libéral démocrate (PLD, droite) avec le parti Komeito devrait remporter environ 300 des 465 sièges de l’assemblée, selon les dernières projections.

Il devancerait ainsi de loin une opposition morcelée et faible: le Parti de l’espoir (droite) de la charismatique gouverneure de Tokyo Yuriko Koike et le Parti démocrate constitutionnel (centre gauche), fraîchement créés, obtiendraient chacun une cinquantaine de sièges.

Après une brève campagne de 12 jours, les bureaux de vote ont ouvert à 07H00 (22H00 GMT samedi) sous une pluie incessante à Tokyo et dans la majeure partie du pays, où un typhon devrait entraîner vents forts et précipitations tout au long de la journée du scrutin, qui s’achèvera à 20H00 (11H00 GMT).

La participation pourrait en être affectée même si nombre des quelque 100 millions de Japonais en âge de voter ont déposé leur bulletin à l’avance, ce qui est possible au Japon plusieurs jours avant le scrutin dans des endroits prévus à cet effet. Selon les analystes, une faible participation bénéficierait au Premier ministre dont les électeurs conservateurs sont plus déterminés.

– ‘Politique flasque’ –

Dans un dernier discours enflammé dans le quartier commerçant d’Akihabara à Tokyo, M. Abe s’est engagé samedi à contrer les menaces de la Corée du Nord, qui a parlé de “couler” l’archipel, au-dessus duquel elle a déjà tiré des missiles. “Ce qu’il faut c’est une diplomatie forte”, a-t-il dit promettant de travailler tant avec le président américain Donald Trump qu’avec le dirigeant russe Vladimir Poutine. “Lorsque la Corée du Nord nous menace sciemment et avive les tensions, il ne faut pas hésiter”.

“Nous ne devons pas en rester au statu quo de la politique flasque qui n’est pas parvenue à mener des réformes drastiques et nécessaires”, a lancé pour sa part Mme Koike dans un discours de campagne.

“Des facteurs tels que l’incertitude sur la Corée du Nord devraient amener les électeurs vers le gouvernement actuel, perçu comme un choix prudent”, note Katsunori Kitakura, analyste de la société de conseil financier SuMi Trust.

Pris dans des scandales de favoritisme qui ont pesé sur sa cote de popularité, affaibli par une défaite historique de son parti à l’assemblée de la ville de Tokyo en juillet face à Mme Koike, M. Abe, 63 ans, a joué fin septembre la carte de la dissolution de la chambre basse, plus d’un an avant le scrutin prévu.

Il prenait ainsi de court une opposition désorganisée pour tenter de faire peau neuve. Mme Koike a alors créé la surprise en annonçant qu’elle prenait la tête d’un nouveau mouvement politique.

– ‘Sans capitaine’ –

Cette femme de droite de 65 ans, ex-vedette de la télévision au sens aigu de la communication, ancienne ministre de M. Abe et elle aussi nationaliste, a ainsi animé soudain une scène politique japonaise léthargique et précipité sa recomposition.

Le principal parti d’opposition, le Parti démocrate, s’est défait, partiellement absorbé par le Parti de l’espoir, tandis qu’un ex-ténor, Yukio Edano, défenseur de son aile gauche, créait le Parti démocrate constitutionnel du Japon.

Mais la gouverneure a vite perdu de son élan en ne se présentant pas au Parlement, dans un pays où la Constitution impose que le Premier ministre soit choisi parmi députés ou sénateurs.

“Tout parti, pour être crédible, doit avoir un candidat au poste de Premier ministre. Ce devait être elle. Or elle a reculé et on a soudain un navire sans capitaine”, a déclaré à l’AFP Michael Cucek, professeur à l’Université Temple de Tokyo.

Elle devait d’ailleurs participer dimanche à Paris à des réunions d’une quarantaine de maires de grandes villes du monde.

Face au vieillissement de la population, à la déflation qui mine l’économie depuis deux décennies et à une croissance poussive, M. Abe vante sa politique de relance “abenomics” faite de largesses budgétaires et d’une politique monétaire consistant à alimenter le marché en liquidités.

Yuriko Koike lui oppose ce qu’elle a appelé les “yurinomics”. Elle lui reproche de ne pas mener de réformes structurelles et promet de geler un projet de hausse de la TVA. Elle se distingue aussi par sa volonté de mettre fin au nucléaire après le traumatisme de l’accident de la centrale de Fukushima en 2011.

Elle est comme M. Abe favorable à un amendement de la Constitution pacifiste, dictée en 1947 par les États-Unis après la reddition du Japon à la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont l’article 9 consacre la renonciation “à jamais” à la guerre. Le Parti démocrate constitutionnel est contre.

© 2017 AFP. Tous droits de reproduction et de représentation réservés. Toutes les informations reproduites dans cette rubrique (dépêches, photos, logos) sont protégées par des droits de propriété intellectuelle détenus par l’AFP. Par conséquent, aucune de ces informations ne peut être reproduite, modifiée, rediffusée, traduite, exploitée commercialement ou réutilisée de quelque manière que ce soit sans l’accord préalable écrit de l’AFP.