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Les Libériens votent en masse pour tourner la page Sirleaf

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Les Libériens votent en masse pour tourner la page Sirleaf

Plus de deux millions de Libériens votaient mardi en nombre pour désigner le successeur d’Ellen Johnson Sirleaf, première femme élue chef d’Etat en Afrique, au cours d’une présidentielle très ouverte devant enraciner la démocratie dans un pays encore meurtri par la guerre civile.

De longues files d’électeurs se sont constituées devant les bureaux de vote de ce petit pays anglophone d’Afrique de l’Ouest, l’un des plus pauvres du monde, à l’issue d’une campagne animée mais exempte d’incidents graves.

Les bureaux doivent fermer à 18H00 GMT, les premiers résultats étant attendus dans les 48 heures.

“C’est la première fois que je vois les Libériens voter en aussi grand nombre depuis 1997. Les Libériens veulent un changement cette année”, a déclaré à l’AFP Alexander Pewee, un professeur de 46 ans.

Parmi les favoris figurent le sénateur George Weah, légende du football africain –battu au second tour par Mme Sirleaf en 2005, puis comme candidat à la vice-présidence en 2011– le vice-président Joseph Boakai, l’avocat et vétéran de la politique Charles Brumskine et les puissants hommes d’affaires Benoni Urey et Alexander Cummings.

Après avoir déposé son bulletin dans l’urne, Ellen Johnson Sirleaf, 78 ans, prix Nobel de la Paix 2011, qui ne pouvait plus se représenter après avoir effectué deux mandats, a exprimé sa satisfaction de pouvoir “une fois de plus exercer (ses) droits civiques”.

La présidente sortante s’est réjouie de “voir tant de monde dans les files d’attente”, preuve selon elle que le pays est “prêt pour la transition”. Elle a appelé ses concitoyens à ne pas voter “pour des raisons tribales ou religieuses mais pour celui qui selon vous aura les capacités de bâtir sur mon héritage et rendre le Liberia encore meilleur”.

Si elle est parvenue à maintenir la paix, Mme Sirleaf a échoué à améliorer les conditions de vie, souvent très difficiles, de la grande majorité des Libériens.

– ‘Faire la différence’ –

Elle avait déjà appelé lundi les Libériens à mesurer “le chemin parcouru (…), entre une société détruite par le conflit et la guerre, et l’une des démocraties les plus vivaces d’Afrique de l’Ouest”, en référence aux guerres civiles atroces qui ont meurtri le pays entre 1989 et 2003, faisant quelque 250.000 morts.

Après avoir voté, George Weah s’est engagé en cas de victoire à commencer par “réconcilier les Libériens”, avant de “former un gouvernement d’inclusion, auquel tous puissent participer”.

“Je suis satisfait qu’autant de Libériens soient venus élire leur dirigeant”, a déclaré de son côté M. Boakai, s’engageant à respecter le verdict des urnes.

Outre leur nouveau président, le premier à succéder à un autre dirigeant élu depuis plus de 70 ans, les Libériens votent pour renouveler les 73 sièges de la Chambre des représentants.

Le scrutin présidentiel se déroule en deux tours, à moins qu’un candidat n’obtienne la majorité absolue dès le premier. Les législatives ne comportent qu’un seul tour.

Arrivé dès 05H00 devant un bureau de vote de Westpoint, le plus grand bidonville de Monrovia, Otis Wallace, qui malgré ses deux diplômes universitaires travaille comme vigile, estime que le Ballon d’Or 1995 “peut faire la différence”.

Une commerçante, Christmas Kamara, explique quant à elle s’être sentie “trahie” pendant l’épidémie d’Ebola (2014-2016). “Les gens meurent à cause du manque d’hôpitaux”, a-t-elle expliqué.

La victoire devrait être déterminée en grande partie par les quelque 21% d’électeurs âgés de 18 à 22 ans, qui choisissent leur président pour la première fois.

– ‘Faiseur de rois’ –

Le “plus probable” est qu’un second tour oppose George Weah à Joseph Boakai, estime Ibrahim Al-Bakri Nyei, un politologue libérien de la School of Oriental and African Studies (SOAS) de Londres, soulignant l’importance de la troisième place.

Cette position de “faiseur de rois” devrait revenir à Alexander Cummings, ancien dirigeant de Coca-Cola pour l’Afrique, selon l’analyste.

L’Union européenne (UE), l’Union africaine, la Communauté économique des Etats d’Afrique de l’Ouest (Cédéao) et les Etats-Unis ont déployé des observateurs pour garantir un scrutin libre et transparent.

Pour redresser économiquement un pays ravagé par l’épidémie d’Ebola, chacun des candidats a insisté sur une recette simple: le développement des routes pour M. Boakai, de l’agriculture pour M. Urey, de l’éducation et de la formation professionnelle pour MM. Weah ou Cummings.

Martin Saylee, un étudiant en sociologie de 28 ans, estime que le vice-président sortant est “le plus qualifié” pour créer des emplois et “porter le pays à un nouveau niveau”.

A 60 ans, l’ancien dirigeant séduit également une partie de la jeunesse. “Nous avons besoin d’une nouvelle sorte de dirigeants. Cummings a un haut niveau d’éducation et c’est ce dont les Libériens ont le plus besoin”, estime le pasteur Fred Slocum.

Les fantômes de la guerre civile n’ont pas disparu, puisque figure notamment parmi les candidats l’ex-chef de milice Prince Johnson, 65 ans, aujourd’hui sénateur et tristement célèbre pour une vidéo le montrant en train de siroter une bière pendant que ses hommes torturaient à mort le président Samuel Doe en 1990.

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