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Les Nigérians élisent leur prochain président, les premiers bureaux de vote ferment

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Les Nigérians élisent leur prochain président, les premiers bureaux de vote ferment

Les premiers bureaux de vote ont commencé à fermer à travers le Nigeria, qui élisait samedi son nouveau président et ses députés dans un calme relatif, malgré seize personnes tuées dans des violences et des bureaux de vote saccagés dans quelques Etats du pays.

Dans ce pays de 190 millions d’habitants, où les violences sont quotidiennes et où de nombreuses régions sont en proie aux groupes criminels, notamment en période électorale, un bilan de seize tués reste assez bas.

Dans l’Etat de Rivers (sud-est), réputé pour son taux élevé de violence et de criminalité, des hommes armés ont abattu un homme politique local, membre du Congrès des progressistes (APC, au pouvoir) ainsi que son frère.

72 millions d’électeurs enregistrés étaient attendus dans près de 120.000 bureaux de vote pour élire un président, 360 députés et 109 sénateurs, après le report in extremis des élections, qui devaient se tenir la semaine dernière, pour des raisons logistiques.

“Jusqu’ici tout va bien”, a déclaré le président sortant Muhammadu Buhari, en lice pour un deuxième mandat, après avoir voté dans sa ville natale de Daura (Etat de Katsina), dans l’extrême nord musulman du pays.

“Bientôt je me féliciterai de ma victoire. Je serai le vainqueur”, a déclaré, confiant, le chef de l’Etat, 76 ans, après avoir surveillé d’un oeil indiscret pour qui avait voté son épouse Aisha Buhari.

Son principal adversaire, l’opposant Atiku Abubakar, 72 ans, est arrivé peu de temps après dans un bureau de vote de Yola, dans l’Etat d’Adamawa (nord-est).

A un journaliste qui lui demandait s’il accepterait les résultats du vote en cas d’échec, Abubakar a répondu: “Je suis un démocrate”.

– ‘Calme’ –

A Yola, la capitale de l’Etat de l’Adamawa, d’où est originaire cet ancien gouverneur et ancien vice-président, le vote s’est déroulé sans incident et certains bureaux avaient pu commencer le décompte des bulletins dès 16H00 (tous les électeurs inscrits dans la matinée avaient fini de voter).

“On ne s’attendait pas à ce que cette élection soit calme comme ça”, confiait à l’AFP Idriss Abdullahi, un commerçant de la ville.

Les violences électorales ont fait 233 morts depuis octobre, selon le cabinet de surveillance SBM Intelligence.

Le Centre de communication et de crise nigérian (composé de représentants des agences de sécurité) a listé 12 des 36 Etats comme des foyers de violences potentiels.

Après cette éprouvante semaine qui a suivi le report du scrutin, la tension était montée d’un cran dans le pays le plus peuplé d’Afrique, qui est également sa première économie et un des plus importants producteurs de pétrole au monde.

Pourtant, malgré les 2 millions de barils de pétrole produits chaque jour, 87 millions de Nigérians vivent dans l’extrême pauvreté.

Le vainqueur de ce scrutin devra redynamiser l’économie en berne depuis la récession de 2016-2017, lutter contre la corruption endémique et sécuriser de nombreuses régions du pays, en proie aux groupes armés ou gangs criminels.

– Dévasté –

Le nord-est du Nigeria est dévasté par près de 10 ans de conflit contre Boko Haram, qui a d’ailleurs lancé une douzaine de roquettes avant l’ouverture des bureaux de vote sur Maiduguri, la capitale de l’Etat du Borno, faisant un mort et 20 blessés parmi l’armée nigériane.

L’ancien général Buhari, 76 ans, candidat du Congrès des Progressistes (APC), avait été élu en 2015 sur la promesse d’éradiquer le groupe jihadiste.

Mais bien que son bilan sécuritaire soit très mitigé et que plus de 1,8 million de personnes ne puissent toujours pas regagner leur foyer à cause des violences, il garde un très fort soutien, quasi-fanatique, dans le nord du pays.

Il pourrait bénéficier de l’explosion démographique dans cette région où l’extrême pauvreté est endémique et le taux d’alphabétisation très faible.

L’ex vice-président Atiku Abubakar, 72 ans, également originaire du Nord (Etat de l’Adamawa), a fait carrière dans le Sud chrétien, particulièrement à Lagos, et reste le candidat des classes moyennes et supérieures qui votent traditionnellement peu.

C’est aussi un homme d’affaires millionnaire, ce qui lui vaut de lourdes suspicions sur l’origine de sa fortune, mais une plus grande confiance sur les questions économiques.

Pour être élu dès le premier tour, le vainqueur devra obtenir, outre la majorité des suffrages exprimés, au moins 25% des voix dans les deux tiers des 36 Etats de la fédération auxquels s’ajoute le territoire de la capitale fédérale, Abuja. Sinon un second tour aura lieu dans une semaine.

Aucune date n’a été donnée pour les résultats, mais ils sont annoncés en général dans les 48 heures suivant le scrutin.