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Les séparatistes catalans plus que jamais décidés

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Les séparatistes catalans plus que jamais décidés

L’été politique s’annonce chaud en Espagne où les séparatistes qui dirigent la Catalogne multiplient les gestes de défiance, déterminés à organiser dans deux mois un référendum d’autodétermination interdit, en dépit de menaces de Madrid.

Cette semaine, dans un entretien avec le quotidien français Le Figaro, Carles Puigdemont, dirigeant de la Catalogne, deuxième région la plus peuplée d’Espagne, a promis d’aller de l’avant, même s’il risque des poursuites.

«Aucune suspension, aucune menace ne pourra empêcher les Catalans de décider de leur avenir de façon démocratique», a-t-il déclaré.

Un peu plus tôt, son «ministre» de l’Intérieur avait déclaré que la police régionale faciliterait l’organisation du référendum.

Mercredi, les séparatistes, majoritaires au Parlement catalan, ont aussi voté une réforme qui permettra de faire adopter une loi convoquant le référendum après un seul débat, faisant sauter les verrous qui peuvent retarder l’adoption des textes.

L’opposition considère qu’elle bafouera ainsi la démocratie en adoptant en urgence une loi cruciale, sans examen approfondi.

Les séparatistes rétorquent que lorsqu’ils ont voulu programmer des débats parlementaires sur leurs desseins, leurs opposants ont saisi la Cour constitutionelle pour les interdire…

L’enjeu est lourd: le gouvernement de Carles Puigdemont, au pouvoir depuis janvier 2016, annonce qu’en cas de victoire du «oui», et si le taux de participation n’est pas «ridicule», sa région de 7,5 millions d’habitants, représentant près de 20% du PIB, fera sécession dans les 48 heures.

Yoko Ono

Les conservateurs au pouvoir à Madrid font mine d’en rire.

Et ironisent même sur les soutiens internationaux affichés par les indépendantistes, dont l’artiste japonaise Yoko Ono, accusée par les admirateurs des Beatles d’avoir détruit le groupe.

Mais dans les faits, l’inquiétude grandit.

La presse évoque un «cabinet de crise» autour de la vice-présidente Soraya Saenz de Santamaria pour réagir avec efficacité au «défi sécessionniste».

«Ce n’est pas un cabinet de crise, mais un cabinet de surveillance continue des questions légales», répond une source gouvernementale sous couvert de l’anonymat.

L’attitude des indépendantistes catalans «est sans précédent dans notre démocratie», déclare pour sa part à l’AFP Carlos Carrizosa, porte-parole au parlement régional du principal parti d’opposition aux séparatistes, Ciudadanos.

Aucun président régional n’avait défié aussi ouvertement l’État central, du moins en paroles, depuis le retour de l’Espagne à la démocratie, même si l’amertume d’une partie des Catalans, qui se sentent maltraités par le pouvoir central, ne date pas d’hier.

La Cour constitutionnelle a fait savoir que l’organisation du référendum entraînerait poursuites et sanctions, y compris pour les entreprises impliquées. Et la justice menace de saisir les biens des personnes responsables en cas de responsabilité pécuniaire.

Mercredi et jeudi, trois hauts responsables du gouvernement catalan ont aussi été convoqués par la Garde civile qui les a interrogés sur un site faisant la promotion du référendum et leur a fait savoir qu’ils étaient poursuivis, alors que seul un juge peut notifier une mise en examen.

«Ils cherchent à nous faire peur», avait dit, au sujet de cette convocation, un porte-parole du gouvernement. «C’est une atteinte à leurs droits».

Pour faire face à ces «pressions», ils serrent donc les rangs.

Début juillet, Carles Puigdemont a destitué un «ministre» qui avait manifesté des doutes sur la viabilité du référendum et laissé partir les plus timorés, dont ceux des postes stratégiques de l’Intérieur et de l’Éducation. Le chef de la police a été remplacé.

Le gouvernement de Mariano Rajoy a décrit ces événements comme le signe d’une «radicalisation».

«Le gouvernement catalan cherche à provoquer le gouvernement central, pour qu’il agisse de manière démesurée», et pouvoir ensuite se poser en victime, estime pour sa part Gabriel Colomé, un enseignant en sciences politiques proche des socialistes.

«Nous faisons exactement ce que nous avions annoncé», répond une source proche de M. Puigdemont, assurant qu’il n’y a que la volonté d’organiser un «référendum normal».

Beaucoup critiquent l’absence d’initiative politique de Mariano Rajoy alors que le fossé se creuse.

Son gouvernement «est composé d’inspecteurs des impôts et d’avocats et manque de politiques», critique l’élu de Ciudadanos.

«Il fallait chercher à convaincre les gens, les séduire, réparer au lieu de casser», dit-il: «Il n’y a pas si longtemps, il y avait 17% d’indépendantistes».

Selon un récent sondage, 49,4% des Catalans sont contre la sécession, et 41,06% pour. Mais plus de 70% souhaitent un référendum.

AFP

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