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Les Sud-Coréens sur le sommet: entre doutes, espoirs et désintérêt

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Les Sud-Coréens sur le sommet: entre doutes, espoirs et désintérêt

Les lignes de fracture qui divisent les Sud-Coréens au sujet du sommet imminent entre le dirigeant nord-coréen Kim Jong Un et le président américain Donald Trump sont d’ordre générationnel et politique.

Certains espèrent la fin de la confrontation héritée de la Guerre froide, que le Nord renoncera au bout du compte à son arsenal nucléaire. D’autres se montrent sceptiques quant aux intentions de Pyongyang. D’autres encore sont trop préoccupés par leur situation économique pour se soucier vraiment de la réunion.

– Le scepticisme des anciens –

Pour Lee Eun-ho, un ouvrier de 70 ans, le Nord ne se débarrassera jamais de ses armes atomiques car M. Kim les a “en fait développés pour s’accrocher au pouvoir”.

“Je n’attends pas grand chose de ce sommet”, dit-il. De même, à ses yeux, une réunification de la péninsule divisée serait impossible car quatre puissances, en l’espèce les Etats-Unis, la Chine, la Russie et le Japon, n’en veulent pas.

Choi Ho-Chul, un ancien employé de banque de 73 ans, doute aussi que le Nord abandonne son arsenal nucléaire car c’est un moyen “de contrôler sa population”.

“Je parie que le Nord ne renoncera pas à ses armes nucléaires”, dit-il, estimant néanmoins que les Etats-Unis et leurs alliés doivent user à la fois “de la carotte et du bâton” pour contraindre Pyongyang à le faire.

– Les optimistes –

Lee Hye-ji, femme au foyer de 31 ans, a elle de “l’espoir”. Elle se soucie moins d’une dénucléarisation que d’une déclaration pour officialiser la fin de la guerre de Corée (1950-53). Le conflit s’est achevé sur un cessez-le-feu plutôt qu’un traité de paix et les deux pays sont techniquement en guerre.

“Cela nous ferait avancer d’un pas vers la réunification”, juge-t-elle.

“Cela serait une bonne chose que nous cessions de nous battre”, renchérit Cho Sung-kwon, retraité de 62 ans.

Il explique que sa perception de Kim Jong Un, “un méchant avec des armes atomiques”, s’était considérablement améliorée à la suite de ses deux sommets avec le président sud-coréen Moon Jae-in dans le village de Panmunjom, où fut signée la trêve.

“Malgré son jeune âge, il a l’air malin”, ajoute-t-il. De son avis, M. Kim se rend bien compte que la croisade du régime pour se doter d’un arsenal nucléaire afin d’assurer sa survie se “heurte à une impasse” du fait de sanctions sans cesse plus dures.

“Je crois que le Nord va se dénucléariser (…) car il sait qu’il n’a pas d’autre choix”.

Le Sud devra fournir au Nord son aide économique car les Corées ne forment qu’un seul peuple, juge-t-il encore.

“Cela serait grandiose de nous réunifier comme les Allemands!”

– L’indifférence des plus jeunes –

Kim Hee-hyun, 30 ans, pense que M. Kim est parvenu à la conclusion qu’une dénucléarisation serait bénéfique pour ses propres objectifs mais se méfie du coût d’une réunification potentielle.

“Le Sud ne peut tout simplement pas se permettre de s’occuper du Nord économiquement”, explique-t-elle. “Mais des échanges transfrontaliers et des voyages seraient à souhaiter”.

D’autres Sud-Coréens de la même génération racontent qu’ils sont trop occupés à chercher un emploi pour se pencher sur la diplomatie.

Le taux de chômage des jeunes atteignait 10,7 % en avril. Kim Tae-yong, 27 ans, titulaire d’un diplôme en ingénierie et à la recherche d’un emploi, déclare: “Franchement, je ne ressens rien de spécial concernant le sujet, j’espère juste que cela va lever les incertitudes. C’est dur de déterminer si la réunification serait une bonne chose, vu l’énorme fardeau économique et le vaste fossé culturel entre les deux parties”.

Lee Do-Kyu, 27 ans, au chômage également, raconte que les récents sommets intercoréens ont réveillé son intérêt pour la politique. Mais cela n’a pas duré.

“A cause des difficultés ces jours ci à trouver du boulot, je me suis désintéressé de ce genre de choses”.

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