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Les Syriens de l’étranger votent pour leur présidentielle, incidents au Liban

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Les Syriens de l’étranger votent pour leur présidentielle, incidents au Liban

Des milliers de Syriens se sont pressés jeudi devant leur ambassade au Liban pour élire leur président, une journée de vote pour les ressortissants vivant à l’étranger émaillée d’incidents, avant le scrutin en Syrie qui devrait offrir un quatrième mandat à Bachar al-Assad.

Deuxième élection présidentielle depuis le début de la guerre en 2011, le scrutin se tiendra le 26 mai en Syrie dans les zones contrôlées par le régime mais a lieu jeudi dans plusieurs ambassades à travers le monde, notamment au Koweït, à Moscou et à Amman.

Dès cinq heures du matin, des Syriens venus de tout le Liban se sont retrouvés devant leur ambassade à Baabda, au sud de Beyrouth, encadrés par un dispositif de sécurité renforcé, a constaté un photographe de l’AFP.

Des incidents ont émaillé la matinée, notamment dans la plaine de la Bekaa (est), où des Libanais ont caillassé des bus transportant des Syriens. L’agence nationale d’information ANI a rapporté la mort d’une personne, victime d’une “crise cardiaque” à bord d’un des véhicules, sans que les circonstances du décès ne soient élucidées.

Au nord de Beyrouth, des jeunes, certains armés de bâtons, ont attaqué une voiture arborant des portraits du président Assad, brisant les vitres et frappant les passagers, selon des images relayées sur les réseaux sociaux.

Autrefois sous tutelle syrienne, le Liban dit accueillir 1,5 millions de Syriens, dont près d’un million ont le statut de réfugiés auprès de l’ONU, vivant dans des conditions précaires et victimes de discriminations.

Près de l’ambassade, des électeurs brandissaient le drapeau officiel syrien et des portraits de Bachar al-Assad ou de son père Hafez, qui a dirigé la Syrie trois décennies durant avant lui.

“J’ai voté pour Bachar al-Assad, j’ai foi en son projet”, a déclaré à l’AFP Mohamed al-Doumani, réfugié syrien originaire des environs de Damas. “J’ai totalement confiance en sa capacité à sortir la Syrie de la crise”, a-t-il ajouté.

– “Qu’il rentre” –

Deux concurrents considérés comme des faire-valoir font face à M. Assad, 55 ans. Au pouvoir depuis deux décennies, le chef de l’Etat avait remporté la présidentielle de 2014 avec plus de 88% des voix face à deux inconnus.

Pour voter, les électeurs à l’étranger doivent disposer d’un passeport valide, frappé d’un tampon de sortie officiel du territoire syrien. De quoi exclure les millions de réfugiés ayant fui leur pays dans des conditions chaotiques. Le conflit en Syrie a fait plus de 388.000 morts et déplacé plus de la moitié de la population.

“J’ai voté pour Assad, parce que je l’aime, il a tout fait pour nous, des hôpitaux, des écoles, tout gratuit”, affirme Abdel Rahmane, 21 ans, réfugié originaire d’Alep (nord).

“Regardez la situation au Liban et la situation en Syrie, ce que le président (Assad) a fait pour nous et ce qui se passe ici”, a-t-il ajouté, en allusion à son pays d’accueil, plongé dans une grave crise économique.

Mais l’économie syrienne, déjà à terre après 10 ans de conflit et de sanctions occidentales, s’est encore plus effondrée dans le sillage de la crise chez son voisin. La monnaie nationale a dégringolé et l’écrasante majorité de la population vit dans la pauvreté, selon l’ONU.

Sur les réseaux sociaux, des internautes Libanais ont fustigé la mobilisation des électeurs pro-Assad, certains affirmant que ce dernier était “responsable de leur déplacement”.

“Le Syrien au Liban qui vote pour Bachar al-Assad, ça veut dire qu’il soutient le régime. Qu’il ramasse ses affaires et qu’il rentre sur ses terres”, écrit l’un d’eux.

La Turquie et l’Allemagne, qui accueillent une importante communauté de réfugiés mais restent hostiles à Damas, ont interdit l’organisation du scrutin sur leur territoire.

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